Établissement d’élite, l’Académie Hachimitsu est un lycée privé dont l’internat est obligatoire, accueillant des jeunes filles issues des milieux aisés. Depuis cette année, elle devient mixte, mais l’entrée des garçon s’est faite au compte-goutte : seulement cinq élèves pour plus de mille filles.
Cela ne va évidemment pas sans poser immédiatement des problèmes à l’ensemble de ces jeunes gens, d’autant qu’une sorte de milice, en charge des bonnes mœurs, se positionne contre cette réforme et entend bien surveiller les possibles écarts de nos adolescents, timides mais particulièrement excités par cette promiscuité établie avec le beau sexe.
Une tentative de voyeurisme plus tard et nos cinq malheureux découvrent l’envers de leur nouvel établissement : un châtiment sous forme de prison à l’intérieur de l’école, de travaux forcés et de gardiennes dont le sadisme ne manquera pas d’éveiller les premiers émois sexuels chez certains de nos pensionnaires.
Sans tabou ni complexe, Prison School pose un cadre et une situation aussi invraisemblables qu’hilarants. Jouant cette carte à fond, et s’appuyant sur une galerie de personnages ultra-typés, redoutables dans leur caractérisation, Akira Hiramoto construit pas à pas une intrigue de romance classique complètement revisitée, et dézinguée, par un humour constant, essentiellement grivois.
Si le titre est signalé comme s’adressant à un public averti, c’est que le ecchi - ce côté un peu lubrique, voire pervers, essentiellement traduit par la multiplication des représentations de culottes et de décolletés - y est omniprésent et structure l’ensemble de l’action. Nos ados veulent voir du nichon, comme ils le disent eux-mêmes, et lecteur rit du retour de bâton, bien content de pouvoir, quant à lui, se rincer l’œil sans subir les foudres des héroïnes de Prison School.
Après Me and the Devil Blues, Akira Hiramoto change assez radicalement de registre et d’ambiance. Son trait se révèle particulièrement adapté au dessin des formes, plutôt généreuses -pouvait-il en être autrement ?- des pensionnaires de l’Académie Hachimitsu. Mais ses héros ne sont pas en reste, leur character design détonant participant directement au comique.
Soulignons également la qualité de la traduction offerte par Florent Gorges qui déploie des trésors d’inventivité lexicale pour rendre la manière de parler de chacun des différents protagonistes et souligner les savoureuses ruptures de ton. La lecture de Prison School s’avère grâce à cela tout bonnement jubilatoire et l’on mesure là l’importance cruciale d’un bon travail d’adaptation pour un manga dans lequel l’humour occupe une telle place.
Issu du catalogue Kodansha, normalement dans la sphère d’influence de Pika en France, Prison School constitue ainsi un gros coup réalisé par Soleil Manga. Si son positionnement "sur le fil", du fait de ce mélange entre érotisme léger et comique en dessous de la ceinture, a, peut-être, pu constituer un frein à son arrivée chez Pika, le potentiel du titre semble quand même évident. Et l’on peut observer qu’après Cage of Eden c’est la deuxième fois en une année qu’une série, populaire au Japon, de Kodansha atterrit chez Soleil Manga.
(par Aurélien Pigeat)
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Prison School T1 - Par Akira Hiramoto. Traduction Florent Gorges. Soleil Manga, collection "Seinen". Sortie le 16 juillet 2014. 192 pages. 7,99 euros.
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Me and the Devil Blues, d’Akira Hiramoto : chroniques du tome 1 et du tome 3.