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Prix ACBD Québec 2016 : un reflet de la diversité de la BD québécoise

Par Marianne St-Jacques le 8 octobre 2016                      Lien  
L’Association des critiques et journalistes de bande dessinée ne se contente pas de distinguer la BD hexagonale et la BD d'Asie : pour une deuxième année d’affilée, elle récompensera la BDQ. Trois albums sont en lice pour le Prix de la critique ACBD de la bande dessinée québécoise 2016 : "La Femme aux cartes postales" (La Pastèque), "La Demoiselle en blanc" (Mécanique générale) et "Whitehorse, première partie" (Pow Pow). Trois propositions ambitieuses et contrastées.

Qui de Samuel Cantin (Whitehorse), de Jean-Paul Eid et Claude Paiement (La Femme aux cartes postales), ou de Dominick Parenteau-Lebeuf et Éléonore Goldberg (La Demoiselle en blanc) remportera le Prix ACBD Québec ? Chose certaine, une lutte intéressante se dessine entre les albums finalistes de cette sélection 2016, qui se distingue par son éclectisme.

La Demoiselle en blanc : un éclatement des formes

Adaptation de la pièce de théâtre éponyme de la dramaturge Dominick Parenteau-Lebeuf, La Demoiselle en blanc s’amorce en 1932, alors que le dadaïste Raoul Hausmann prend en photo Nevi Morrisson, jeune adolescente britannique qui séjourne comme lui sur l’île de Sylt, au Nord de l’Allemagne. C’est à ce moment que naît le personnage de la demoiselle en blanc, avatar de Morrison préservée sur la pellicule photo. Abandonnée par son créateur dans une chambre noire de Berlin (sans jamais être développée), cette prisonnière de l’obscurité devient alors le témoin privilégié de la transformation de l’Allemagne et de la société européenne au cours de la seconde moitié du XXe siècle.

Illustré par Éléonore Goldberg, cet ouvrage expérimental repose avant tout sur l’éclatement des dispositifs narratifs et iconographiques de la bande dessinée, notamment en évoquant certains codes de la photographie.

Prix ACBD Québec 2016 : un reflet de la diversité de la BD québécoise
La Demoiselle en blanc, Dominick Parenteau-Lebeuf et Éléonore Goldberg, Mécanique générale.
D.R.

Whitehorse : le dialogue avant tout

Après nous avoir proposé Phobie des moments seuls (Pow Pow) et Vil et misérable (Pow Pow), Samuel Cantin nous présente, ici, son ouvrage le plus abouti. Whitehorse raconte l’histoire d’Henri Castagnette, un aspirant auteur incapable de transcender son statut de loser. Lorsque son amoureuse Laura, jeune comédienne fraîchement diplômée, est remarquée par le réalisateur prodige Sylvain Pastrami (caricature monstrueuse de Xavier Dolan), Henri est appelé à confronter sa propre médiocrité.

Roman graphique pour le moins « bavard », Whitehorse repose essentiellement sur un dialogue rythmé afin de traduire la décomposition existentielle d’Henri, ainsi que le lot de malaises qu’elle suscite dans son entourage. Cantin reprend également le ton humoristique qui lui est propre afin de dénoncer le milieu artistique bobo branchouille dans lequel gravite Laura.

Whitehorse a remporté le prix Bédélys 2016 (Meilleur album de l’année – Québec), remis dans le cadre du Festival BD de Montréal en juin dernier.

Whitehorse, première partie, Samuel Cantin, Pow Pow.
D.R.

La Femme aux cartes postales : Montréal à l’heure du jazz

En 1957, la jeune Rose Grenier quitte son petit village de Gaspésie pour rejoindre Montréal. Son rêve : devenir chanteuse de jazz. Nous sommes alors à l’époque où Oscar Peterson et autres grands noms font vibrer les clubs de la métropole. Parallèlement, en 2002, Victor Weiss est appréhendé par la CIA à Paris. Des agents secrets lui apprennent alors qu’on a retrouvé son ADN dans les décombres du World Trade Center.

La Femme aux cartes postales est donc à la fois une fresque de la belle époque du jazz en Amérique, mais également une quête d’identité personnelle racontée sous forme de polar. Un ouvrage maîtrisé à tous les niveaux où les dessins au crayonné de Jean-Paul Eid évoquent le cinéma des années 1950, tandis que le scénario co-écrit par Eid et Claude Paiement se resserre habilement jusqu’à la chute finale.

La Femme aux cartes postales, Jean-Paul Eid et Claude Paiement, La Pastèque.
D.R.

Le Prix de la critique ACBD de la bande dessinée québécoise 2016 sera décerné le 18 novembre prochain, dans le cadre du Salon du livre de Montréal. Le ou les gagnant(e)s succéderont ainsi à Jimmy Beaulieu, lauréat de la toute première édition du prix, en 2015.

D.R.

(par Marianne St-Jacques)

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