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Production de la bande dessinée en 2014 - Une année de contradictions ?

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 29 décembre 2014                      Lien  
L'année 2014 marque le retour de la production des nouveautés quasiment dans tous les secteurs. Le Rapport Ratier de l'ACBD y voit l'expression de contradictions. Nous y voyons au contraire celle d'une parfaite logique économique.

"Après la décélération constatée l’an passé, écrit Gilles Ratier, la production de bandes dessinées est de retour à la hausse, mais les tirages moyens sont une nouvelle fois en baisse ; l’économie générale du secteur se maintient, mais le niveau de vie des auteurs professionnels est préoccupant ; le nombre d’éditeurs ne cesse de s’accroître, mais les groupes leaders du marché se démarquent de plus en plus ; la diversification du secteur reste dynamique, mais la vigilance et la prudence plus que les innovations dominent dans un marché en manque de visibilité : en 2014, la bande dessinée, sur le territoire francophone européen, s’est confrontée à toutes ces contradictions." (Rapport Ratier ACBD, décembre 2014)

Voire. Examinons les différentes propositions énoncées.

Production de la bande dessinée en 2014 - Une année de contradictions ? La production en nombre de titres est à la hausse, mais les tirages sont en baisse.

Il peut y avoir un lien entre la production et les tirages, par exemple quand un éditeur fait de la "cavalerie" en multipliant les titres pour compenser un chiffre d’affaires qui baisse, un peu comme s’il imprimait des billets de banque. Mais en raison des outils informatiques actuels, cette politique tourne très vite court : les libraires rejettent très vite les ouvrages qui ne se vendent pas. En fait, quand on regarde les chiffres, on peut dire qu’ils sont stables (moins de 1% d’augmentation).

La question des tirages est un peu plus pertinente, mais elle n’est pas spécialement liée à la hausse de la production. Le tirage est tout simplement adapté aux possibilités de mises en place. Si les points de vente vont mal (problème de place, de trésorerie...), les "prises" sont plus prudentes.

En regardant les chiffres des grandes séries classiques, on constate qu’avec le temps, les mises en place s’érodent. Mais là encore, aucune surprise : tout produit vit son cycle d’ascension, puis de déclin. Les séries moins anciennes, encore en phase de recrutement de lecteurs, comme Les Légendaires (Delcourt) ou Les Sisters (Bamboo) sont en toute logique les plus toniques. Mais, surtout en ce qui concerne les séries destinées à la jeunesse, leur consommation est le plus souvent indexée aux passages TV ou aux sorties en salle (cf. Boule et Bill, L’Elève Ducobu, Lucky Luke, Les Schtroumpfs, Naruto, Les Simpson...). Ces séries sont surtout sensibles à la réduction des linéaires consacrés au livre en grande surface, une réalité depuis que les grandes enseignes ferment les hypermarchés au profit des citymarkets où le livre est peu présent.

Bref, il n’y a rien de contradictoire à ce que l’offre augmente et les tirages baissent, On ne peut tout simplement pas tirer de conclusion de ces évolutions.

La production, après un inflexion en 2013, est repartie à la hausse d’une façon relativement stable.
2014 - Une année de bandes dessinées sur le territoire francophone européen
© Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD / www.acbd.fr

-  L’économie générale du secteur se maintient, mais le niveau de vie des auteurs professionnels est préoccupant.

Là encore, nous comparons des pommes et des poires. Le chiffre d’affaires est globalement stable, mais que savons-nous des marges ? Rien, ou pas grand chose. On constatera simplement que les séries les plus notoires ont un effet d’entraînement sur le catalogue (un nouveau Largo Winch, par exemple, fait vendre les précédents), lequel est amorti parfois depuis un demi-siècle. Les éditeurs qui se portent le mieux sont donc ceux qui ont le catalogue le plus abondant et surtout le plus ancien. Même à 3000 exemplaires, un Spirou de Rob-Vel créé dans les années 1940 reste rentable. Dès lors oui, le secteur se maintient : pas de fermeture tonitruante, pas de licenciements massifs en vue. La disparition récente de certains points de vente, comme Virgin, a été partiellement compensée par une augmentation des ventes dans les librairies, une remontée des FNAC et une croissance des Espaces Culturels Leclerc.

Reste la question des auteurs qui sont, dit-on, dans une situation de plus en plus précaire. Au-delà de l’activisme réussi d’un documentaire comme "Sous les bulles" de Maïana Bidegain en 2013 dont les témoignages étaient, à notre sens, peu représentatifs de la profession (je vais encore me faire allumer), il n’existe aucune analyse sectorielle qui vienne étayer cette affirmation de Gilles Ratier, largement partagée il est vrai dans les conversations en ville ou sur les forums Internet. La ministre de la culture Fleur Pellerin nous en promet une pour le premier semestre de 2015, mais rien ne nous garantit, selon nos sources, que les auteurs de BD soient suffisamment finement repérés dans cette étude qui touche la situation globale des auteurs.

Il est clair que les quelque 1400 auteurs répertoriés par Gilles Ratier ne peuvent pas se contenter de leurs seuls droits pour vivre, ils ont souvent un boulot à côté. Mais là encore, ce n’est pas nouveau : la plupart des auteurs mettent des années avant d’avoir des revenus réguliers dans le métier de la BD.

Le fait nouveau est l’arrivée sur le marché de diplômés de bande dessinée sortis des écoles qui pensent que ce métier est un "emploi", comme celui de comptable ou d’infirmière. Ceux-là doivent très vite sortir de leurs illusions.

En fait, comme dans le marché du travail classique, le "patronat" des éditeurs a intérêt à avoir sous la main une offre abondante de talents : elle permet de peser sur le prix d’acquisition de l’œuvre (montant des avances, pourcentage des droits, etc.). En ce sens, le développement des marques propriétaires (Spirou, Blake & Mortimer, Lucky Luke, etc.), des séries multi-auteurs, des séries de spin-of ou des séries-concepts a une incidence vertueuse : il permet à des auteurs dont la notoriété n’est pas encore stable ou assurée de maintenir des niveaux de revenus suffisants, le temps de pondre le best-seller qui les installe définitivement sur le marché.

En outre, l’édition à compte d’auteur ou l’édition dite "alternative" où les auteurs ne se paient pas d’à-valoir et acceptent des conditions qu’ils n’accepteraient d’aucun éditeur "classique" sert de Recherche et Développement à bon compte pour les gros éditeurs qui peuvent ainsi récupérer des auteurs qui ont acquis une notoriété suffisante pour que l’on puisse consentir un investissement marketing conséquent avec une perspective de rentabilité concrète.

En conclusion, la mutation qui s’est opérée ces dernières années est économiquement vertueuse puisqu’elle a permis de s’adapter aux évolutions du marché. Mais il est vrai que les auteurs les moins installés portent tout le poids de cette situation. On pourrait croire qu’elle pourrait "faire fuir" les talents vers d’autres horizons : le jeu vidéo, le cinéma, le livre jeunesse, la publicité... C’est en partie vrai, mais dans ces secteurs, la concurrence est pire encore et les aller-retour entre eux sont encore plus nombreux qu’avant, comme jadis et naguère, et ce n’est d’ailleurs pas, créativement parlant, une mauvaise chose.

La plupart des segments restent également relativement stables.
2014 - Une année de bandes dessinées sur le territoire francophone européen
© Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD / www.acbd.fr

- Le nombre d’éditeurs ne cesse de s’accroître, mais les groupes leaders du marché se démarquent de plus en plus.

Là encore, rien ne nous surprend. Le nombre d’éditeurs a cru ces dernières années principalement pour trois raisons :

- la baisse du coût de production (quasi disparition des frais de photogravure, coûts d’impression ajustés aux tirages qui permettent, quasiment à moindre coût, une production à la demande, etc. ). ;
- le développement des points de vente spécialisés dans les principales villes importantes (ils ont triplé en vingt ans) qui ont stabilisé les organes de diffusion (en particulier les petites structures, comme Makassar) ;
- le développement de l’Internet où Amazon occupe désormais une part de marché à deux chiffres et où les auteurs ont pu quelquefois développer des communautés qui incitent les éditeurs à mettre leurs ouvrages sur le marché (cf des expériences comme Les Autres Gens ou Professeur Cyclope).

Ces éléments conjugués ont permis la création de labels dont les tirages vont de quelques dizaines d’exemplaires à quelques centaines de milliers, sur des marchés de niche (comme le Boy’s Love, par exemple) ou de grande consommation (Ex : Les Lapins Crétins, Dofus...)

Mais la règle marketing des 80/20 (20% des acteurs du marché font 80% de son chiffre d’affaires) reste d’application en raison de l’intensité capitalistique nécessaire à la force de vente : seules les grandes maisons peuvent se payer un grand nombre de délégués commerciaux qui visitent les quelques milliers points de vente BD existant en France.

Media-Participations (Dupuis - Dargaud - Le Lombard - Kana) reste leader sur le marché français. Les acteurs dominants sont les mêmes depuis vingt ans.
2014 - Une année de bandes dessinées sur le territoire francophone européen
© Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD / www.acbd.fr

- La diversification du secteur reste dynamique, mais la vigilance et la prudence plus que les innovations dominent dans un marché en manque de visibilité.

Cette phrase alambiquée qui veut dire que les (gros) éditeurs privilégient les valeurs sûres au détriment de la création ne nous semble pas décrire la réalité. Des petites structures comme 2024 ou Mosquito publient des "valeurs sûres" sans investissement de création (Gustave Doré pour le premier, Toppi pour le second) ; cela ne les rend pas moins créatifs pour autant. Des grands éditeurs continuent de faire de la création mais tentent d’assurer, ainsi que nous l’avons expliqué, l’ordinaire de leurs auteurs. C’est du pragmatisme plutôt que de la prudence.

Le manque de visibilité porte plutôt sur le numérique. Mais là encore, les initiatives sont prises : la mise en place d’un nouveau contrat d’édition qui garantit aux éditeurs et aux auteurs de rester au centre du jeu dans le développement de l’industrie culturelle numérique à venir, l’activisme d’une structure comme Izneo, ou les initiatives comme La Revue Dessinée montrent que les acteurs de la bande dessinée sont bien en phase avec la réalité.

LE RAPPORT RATIER / ACBD COMPLET (en PDF)

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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26 Messages :
  • Ce ne serait pas plutôt les ESPACES CULTURELS LECLERC ?

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 29 décembre 2014 à  14:34 :

      Effectivement, c’est corrigé. Merci.

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  • les libraires rejettent très vite les ouvrages qui ne se vendent pas.

    Cercle vicieux : les libraires n’en veulent pas, alors ça ne se vend pas. Souvent ils ne les sortent même pas des cartons (à combien d’auteurs est-ce arrivé de chercher son livre en librairie la semaine de sa sortie avant que le libraire lui dise qu’il est en réserve encore dans le carton, ou qu’il ne l’a pas pris mais qu’on peut le commander (illusoire)). La plupart des livres qui sortent sont mort-nés. Si l’éventuel lecteur n’a pas l’occasion de le feuilleter, le livre n’existe pas. L’auteur a l’impression d’un énorme gâchis : un an de travail pour un à-valoir ridicule et aucune chance d’avoir des lecteurs, il perd sur toute la ligne.

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    • Répondu par MB le 30 décembre 2014 à  10:34 :

      N’attendez rien de personne. Ni des éditeurs qui utilisent souvent des auteurs comme faire -valoir pour leur auteurs-phare, ni des libraires qui veulent un chiffre d’affaires (c’est normal ce sont des commerçants). Ne comptez que sur vous et faites vous-même la promotion de votre oeuvre.

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    • Répondu par Quentin le 5 janvier 2015 à  13:39 :

      Je suis un lecteur de BD qui continue d’acheter depuis 20 ans plus ou moins 100 kg de BD annuellement (eh oui, j’habite à l’étranger et je prend l’avion, ce qui fait que ca se compte au poids). Outre les auteurs avec lesquels j’ai grandi et que j’achète les yeux fermés (quoique certains d’entre eux passent à la trappe, faut de se renouveler), j’achète toujours des BD d’auteurs que je ne connais pas, en fonction de ce qui est mis en avant et conseillé par les libraires spécialisés et les sites internets - et de ce qui me tente après avoir feuilleté. Les petits éditeurs représentent d’ailleurs beaucoup plus que leur pondération dans le graphique de l’article (près de 50%). Chaque fois que je vais à Bruxelles, je fais la tournée de 3 librairies du centre-ville, et j’y achète toujours des albums différents car les libraires y mettent différentes choses en avant.

      Un libraire qui aime la BD et qui ne juge pas bon de mettre en avant une BD qu’il a feuilletée fait le travail à ma place, et je lui en suis reconnaissant. Pareil pour des sites comme Actua BD, qui ne parle pas des 3700 nouveautés mais n’en critique qu’une infime partie, faisant ainsi un travail comparable à celui de mes libraires.

      Sur quel critères se basent les libraires et actua BD pour faire cette sélection ? Je suppose que pour un critique de BD, le critère nouveauté et créativité prime. Les petits génies (Bastien Vives vient tout de suite à l’esprit mais il n’est pas le seul à avoir percé ces 10 dernières années) ne se ratent pas. Ils attirent tout de suite l’attention des libraires et trouvent tout de suite leur public. Les autres rament, oui. Dommage pour eux. Mais je pense que de trop nombreux jeunes auteurs font l’erreur monumentale d’essayer de reproduire ce qui a fait le succès de leurs aînés au lieu de faire autre chose. En tant que lecteur, pourquoi irais-je préférer la copie à l’original ? Si les jeunes veulent percer, ils doivent se démarquer et surprendre. Sinon, ils se perdront dans les 3700 nouveautés.

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      • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 5 janvier 2015 à  14:04 :

        Bonjour Quentin. Vous avez raison, ActuaBD, comme les libraires de BD, comme les réseaux sociaux et bien d’autres sont prescripteurs.

        Il ne faut pas attendre une justice en ces matières. Le succès -même critique- a peu à voir avec la qualité. Les gens, dans leur grande majorité, ne consomment que ce dont ils ont besoin, et ce qu’ils ont besoin correspond rarement aux envies des créateurs et/ou des éditeurs, là est tout la difficulté.

        Il y a une grande part d’injustice dans tout cela. Dans le passé, souvenez-vous, des grands auteurs comme Macherot ou Wasterlain ont été maltraités, pas suffisamment reconnus, mal compris par leurs éditeurs, par les libraires, le public.

        Aujourd’hui des vrais petits génies restent méconnus, pour différentes raisons. On ne peut pas en vouloir à un éditeur d’être prudent, à un libraire de gérer sa boutique au cordeau, à un auteur de sacrifier son talent à une recette facile, commerciale. Il faut bien bouffer.

        Nous restons conscients chez ActuaBD que oui, on peut donner des coups main, pas à tout le monde, pas facilement. On peut aussi avoir la dent dure, et en cela permettre à nos lecteurs de faire leur choix. Mais jamais, je crois, nous ne sommes dans l’exclusion ni l’opprobre contre un artiste. Toute création est digne, même la plus mauvaise à mon sens. Sans cette dernière, la notion même de qualité n’aurait plus de sens.

        Nous parlons aussi bien des grosses machines commerciales que des auteurs plus pointus. Insuffisamment, pas assez bien sans doute.

        Mais vous, lecteurs, n’ouvrez pas le bec seulement pour invectiver (c’est vrai qu’il y a une aigreur dans ces débats) ou pour recevoir la science prétendument infuse de critiques qui n’en demandent pas tant.

        Mettez-nous au contraire (tous, collectivement, lecteurs de ce site) au courant des initiatives intéressantes, des auteurs qu’on aurait injustement ignorés ou méprisés. Et si vous voulez chroniquer dans nos colonnes, écrivez-nous (cliquez sur nos signatures), là-aussi nous sommes preneurs.

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  • Plus de visibilité ? plus de ventes ?
    Et si la bd sortait des librairies ?
    Par exemple, dans les aéroports,dans les gares, elles ne sont pas toujours mises en évidence alors que c’est vraiment l’endroit où les gens, malgré la crise achètent (bien). Dans les librairies des hôpitaux (peu de choix).etc... bref, la faire sortir des sentiers battus , des circuits traditionnels de vente au lieu de toujours produire +.

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  • Dans le dernier camembert je ne vois ni 12bis ni la Boite à Bulles, cela veut-il dire qu’ils représentent moins de 0,30% ?

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    • Répondu par Gwen le 30 décembre 2014 à  11:02 :

      12 Bis fait partie du groupe Glénat et La boîte à bulle doit en effet faire moins de 0,30 %.

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      • Répondu par Franck Geiz le 30 décembre 2014 à  16:08 :

        En 2013, 12bis n’était pas encore racheté par Glénat.

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        • Répondu le 30 décembre 2014 à  19:12 :

          Le rapport est sur l’année 2014. Votre commentaire à un an de retard.

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          • Répondu par Franck Geiz le 30 décembre 2014 à  22:12 :

            C’est la part de ventes BD en nombre d’exemplaires en France en 2013, apprenez à lire : 2013.

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  • ah ah ! Gustave Doré, une valeur sûre de la BD ? Et après, on reproche aux autres de confondre pommes et poires ?

    "les libraires rejettent très vite les ouvrages qui ne se vendent pas", en "raison des outils informatiques actuels" ? Mais qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire, au delà de l’affirmation qui vaut généralité à seule fin de satisfaire votre (nébuleuse) démonstration ?

    "le tirage est adapté aux possibilités de mise en place". suggérez-vous que le nombre d’exemplaires à imprimer est induit par la mise en place en librairie ? ou n’est-ce qu’un problème de hauteur de plafond quand on empile les exemplaires du dernier block buster putatif ? plus bas, vous parlez de la "force de vente" des "délégués commerciaux", "intensité capitalistique" oblige... c’est confus, tout ça, parfois contradictoire. d’une manière générale, vous avez tendance à confondre hypothèses et conclusions, mais on s’en fout, du moment que ça vous arrange.

    "le métier de la BD" n’est pas un "emploi comme celui de comptable ou d’infirmière" : oui, c’est vrai, mais vous savez, en BD ou en comptabilité, un métier n’est pas un emploi. et puis j’en connais qui gagnent leur vie à parler de la BD sans en faire, alors je ne vois pas pourquoi ceux qui en font devraient "sortir de leurs illusions".

    La petite chanson néo-libérale de monsieur Pasamonik reprend tous les poncifs dont les curés du Marché nous rebattent les oreilles à longueur d’expertise dans les médias. "économiquement vertueux", "s’adapter aux évolutions du marché", la concurrence entre auteurs qui n’est pas "créativement parlant, une mauvaise chose", les mots-clé y sont, c’est bien : pendant que les hippies "conversent en ville et sur les forums internet" de leur condition de losers, vous cochez toutes les cases pour vous produire sur les meilleurs plateaux audio-visuels.

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 30 décembre 2014 à  16:10 :

      ah ah ! Gustave Doré, une valeur sûre de la BD ? Et après, on reproche aux autres de confondre pommes et poires ?

      Faites-nous l’économie de votre ignorance, M. Gilles Suchey. Évidemment que Gustave Doré est un auteur de BD et, comme il est dans le domaine public depuis longtemps, l’éditeur fait l’économie du poste "droits d’auteur". Chacun ses ficelles pour en sortir. Et 2024 le fait avec brio.

      "les libraires rejettent très vite les ouvrages qui ne se vendent pas", en "raison des outils informatiques actuels" ? Mais qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire, au delà de l’affirmation qui vaut généralité à seule fin de satisfaire votre (nébuleuse) démonstration ?

      Vous n’avez pas dû voir un vrai libraire depuis longtemps. En tapotant sur son clavier, il sait à l’exemplaire près ce qu’il a vendu d’une série ou d’un auteur. Tout le monde l’a compris, sauf vous, M. Suchey.

      "le tirage est adapté aux possibilités de mise en place". suggérez-vous que le nombre d’exemplaires à imprimer est induit par la mise en place en librairie ? ou n’est-ce qu’un problème de hauteur de plafond quand on empile les exemplaires du dernier block buster putatif ?

      Évidemment que n’importe quel éditeur bien né surveille ses notés comme le lait sur le feu et fixe son tirage en conséquence, mais cela, votre plafond est trop bas pour simplement l’envisager, semble-t-il.

      plus bas, vous parlez de la "force de vente" des "délégués commerciaux", "intensité capitalistique" oblige...

      C’est vous qui êtes confus. C’est une évidence : plus vous êtes riche, plus vous pouvez financer une force de vente, c’est-à-dire des salaires pour les représentants et leurs frais de prospection et de déplacements. Cet investissement est directement lié au chiffre d’affaire généré par les catalogues : plus il est gros, plus la force de vente peut être puissante.

      c’est confus, tout ça, parfois contradictoire. d’une manière générale, vous avez tendance à confondre hypothèses et conclusions, mais on s’en fout, du moment que ça vous arrange.

      Nous attendons toujours vos hypothèses et vos conclusions. Vu vos prises de position, vos jugements à l’emporte-pièce, et votre jargon, je crois que nous ne devrons pas attendre une véritable analyse de votre part.

      "le métier de la BD" n’est pas un "emploi comme celui de comptable ou d’infirmière" : oui, c’est vrai, mais vous savez, en BD ou en comptabilité, un métier n’est pas un emploi.

      Je ne dis pas autre chose. Inutile de tordre mes propos.

      et puis j’en connais qui gagnent leur vie à parler de la BD sans en faire, alors je ne vois pas pourquoi ceux qui en font devraient "sortir de leurs illusions".

      Et hop, une attaque ad hominem. Eh bien oui, cher monsieur, on peut être, au hasard, professeur dans une IUT, traduire des BD et pérorer sur le Net. Chacun son truc.

      La petite chanson néo-libérale de monsieur Pasamonik reprend tous les poncifs dont les curés du Marché nous rebattent les oreilles à longueur d’expertise dans les médias. "économiquement vertueux", "s’adapter aux évolutions du marché", la concurrence entre auteurs qui n’est pas "créativement parlant, une mauvaise chose", les mots-clé y sont, c’est bien : pendant que les hippies "conversent en ville et sur les forums internet" de leur condition de losers, vous cochez toutes les cases pour vous produire sur les meilleurs plateaux audio-visuels.

      Bah oui, le discours anti-médias classique, les poncifs rouge-brun. On voit très bien d’où vous êtes.

      Répondre à ce message

      • Répondu par MB le 30 décembre 2014 à  17:33 :

        J’ai une question. du concret : production à la hausse, pour vendre + , pour couvrir les frais, payer les droits, l’auteur (!!), le personnel, tous les intermédiaires, les représentants,si j’ai bien compris.

        Mais ce qui m’intéresse, c’est la vente. Est-ce qu’une surproduction de bd et de livres en général amène + de gains ? Est-ce que les gens achètent vraiment plus de bd qu’avant ? Quel est le bénéfice de chaque maison d’édition de bd pour 2014 ?Et, en cette période de crise,et de pouvoir d’achat, quel est l’intérêt de produire autant de bd, à condition évidemment que la vente suit, ce qui m’étonnerait.
        Ou alors, s’agit -il d’une surproduction parce que le livre a maintenant une moyenne de vie plus courte qu’avant ?
        C’est ça qui m’intéresse+ un bilan des ventes de 2014 et pas la production.

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        • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 30 décembre 2014 à  17:50 :

          Mais ce qui m’intéresse, c’est la vente. Est-ce qu’une surproduction de bd et de livres en général amène + de gains ?

          Cela dépend. Si l’on multiplie les titres pour des publics-niches, un grand nombre de titres peut être une vertu. Personne n’achète TOUTE la production, pas même les libraires. Tout n’est pas non plus disponible sur Amazon.
          La surproduction sur un seul segment de marché peut être mortelle, oui. Mais le commerce n’a jamais été une affaire de Bisounours.

          Est-ce que les gens achètent vraiment plus de bd qu’avant ?

          Le marché des albums a tendance à se tasser voire à décliner selon GfK, mais il a recruté pas mal de nouveaux lecteurs depuis l’arrivée des mangas. En 2014, la présence en kiosque a été très forte, mais le rapport Ratier ne les prend pas en compte dans le chiffre d’affaires. Idem pour la VPC.

          Quel est le bénéfice de chaque maison d’édition de bd pour 2014 ?

          A part le fisc, personne n’en sait rien. Et puis les bilans ne sont pas encore faits pour 2014.

          Et, en cette période de crise,et de pouvoir d’achat, quel est l’intérêt de produire autant de bd, à condition évidemment que la vente suit, ce qui m’étonnerait.
          Ou alors, s’agit -il d’une surproduction parce que le livre a maintenant une moyenne de vie plus courte qu’avant ?

          Vous posez les questions et vous donnez les réponses, c’est bien, continuez.

          C’est ça qui m’intéresse+ un bilan des ventes de 2014 et pas la production.

          GfK et Ipsos offrent un excellent service dans ce domaine, je vous conseille de vous y abonner. Sinon, attendez qu’ils communiquent. Ils le font vers la mi-janvier.

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          • Répondu par MB le 30 décembre 2014 à  18:13 :

            "Le marché des albums a tendance à se tasser voire à décliner selon GfK, mais il a recruté pas mal de nouveaux lecteurs depuis l’arrivée des mangas".

            Oui, de nouvelles lectrices surtout. Les filles (ados) sont de grandes "mangeuses" de manga.C’est ça, aussi,le nouveau lectorat. C’est fou le nombre de filles qui lisent des mangas dans les transports en commun.

            "Vous posez les questions et vous donnez les réponses, c’est bien, continuez".
            C’est dit avec humour, j’espère, Didier Pasamonik.)

            "GfK et Ipsos offrent un excellent service dans ce domaine, je vous conseille de vous y abonner. Sinon, attendez qu’ils communiquent. Ils le font vers la mi-janvier".
            Je compte sur Actuabd pour nous informer !(c’est pas sympa, ça ?)
            Bonne année.

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      • Répondu par Norbert le 31 décembre 2014 à  10:49 :

        Très intéressant ce débat. Mais pourquoi tant d’acrimonie dans les réponses ?

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        • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 31 décembre 2014 à  12:43 :

          Eh oui, quelques lecteurs de ce forum se sentent autorisés à être agressifs, comme ce libraire (Contrebandes à Toulon) qui ne signale pas à nos lecteurs son état de libraire et qui préfère porter des attaques ad hominem à l’auteur de l’article, remuant une glose anti-médias qui ne nous concerne en aucune façon. Jusqu’à présent, tous les contributeurs d’ActuaBD sont bénévoles et, comme Gilles Ratier par ailleurs, vous offrent quotidiennement (et gratuitement) votre dose d’information sur la BD, avec pertinence (parfois) et passion (toujours).

          Alors oui, il est parfois nécessaire de répondre à ce genre de propos. Pardon si cela peut paraître parfois "acrimonieux".

          ActuaBD parle de choses très concrètes : pourquoi cette impression de marasme alors que les chiffres de la production sont en progression ?

          Pourquoi, alors que tant se plaignent d’une "crise" (depuis plus de 20 ans, ce qui interroge sur la validité de ce concept), les éditeurs et les auteurs publient-ils encore davantage ?

          Il n’est pas inutile d’interroger les objectifs et les méthodes d’un rapport que Gilles Ratier effectue bénévolement avec un courage admirable chaque année mais dont l’analyse ne nous semble pas répondre aux questions que suscitent ces chiffres. Nous avons fait souvent ici ce travail.

          Enfin, il est utile de savoir qui parle (ou d’où il parle) pour comprendre le jeu des intérêts en cause. Les intérêts du libraire ne sont pas les mêmes que ceux de l’éditeur et ceux-ci diffèrent de ceux de l’auteur. L’acrimonie est dans chaque camp.

          Alors effectivement, un point de vue extérieur (je ne suis effectivement ni libraire, ni auteur de BD, ni même éditeur, même si je suis das ce métier depuis près de 40 ans) peut irriter certains. Cela ne les autorise pas à nous insulter, ni à faire des procès d’intention quant à l’intégrité de notre travail.

          On peut supposer que ce libraire est peut-être être un peu énervé après les grosses journées de vente qu’il vient de vivre (et qui le déçoivent possiblement), qu’il doit être fatigué d’avance par l’inventaire de fin d’année qui l’attend, que cet esthète est sans doute consterné d’avoir vendu plus du dernier Blake et Mortimer que du dernier Ruppert & Mulot, mais qu’il ne s’étonne pas qu’on lui renvoie son agressivité dans un revers lifté.

          Comme disait Boris Vian : "On n’est pas là pour se faire engueuler on est là pour voir le défilé"... des nouveautés ! Bonne année 2015 !

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          • Répondu par MB le 31 décembre 2014 à  13:21 :

            Ce n’est pas parce qu’on produit+, qu’on publie+, qu’on les vend, toutes ces bd.Désolée, mais je ne vois pas le rapport.

            C’est vrai, depuis 1973, on parle de la crise mais pas pour tout le monde.
            Continuez, la passion, c’est bien même si on n’est pas forcément toujours d’accord avec ce que vous (Actuabd) écrivez mais souvent intéressant.

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  • c’est quoi ces crispations ?
    Il y en a qui se prennent trop au sérieux ici. Allez, au lit !

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  • Peut-être pas Zep et dans les salles de vente, mais nous sommes, les artistes touchés de plein fouet par la crise et même ceux qui bossent en général.Effet domino. Oui, c’est la crise, D. Pasamonik.

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 1er janvier 2015 à  10:13 :

      Si vous veniez avec des faits concrets exposer votre situation et avec un esprit un peu plus constructif que des appels au "Grand Soir", si vous nous apportiez des propos ou des interrogations qui permettent à nos lecteurs de se faire une opinion, vous seriez plus crédible, "Nono".

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  • Je lisais sur un forum bd : Pour Angoulême, les auteurs s’orientent vers une marche.Ils vont se casser la gueule, sur les pavés humides d’ Angoulême. Et la plupart n’ ont pas les moyens d’ avoir une mutuelle.
    Humour vaseux soit, mais qui montre que pour un salarié lambda, la pauvreté c’est de ne pouvoir avoir une mutuelle. Il ne se rend pas compte que beaucoup d’auteurs, surtout débutants (mais on débute longtemps dans ce métier), mais pas seulement, n’ont même pas accès à la sécurité sociale, le régime de base, car être ponctionné par les Agessa n’ouvre pas droit directement à la Sécu, il faut atteindre un seuil dont beaucoup sont bien loin, non pas parce qu’ils ne travaillent pas, mais parce que leurs avances sur droits sont dérisoires. Il y a dans la profession d’auteurs de bd beaucoup de travailleurs pauvres, travaillant à plein temps, durement, ne comptant pas leurs heures, mais arrivant à peine à subsister.

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 3 janvier 2015 à  11:18 :

      Il est peut-être temps de se compter, d’agir, de revendiquer, d’aller au-delà de la seule complainte.

      Le travail du syndicat SNAC BD, leurs actions à Saint-Malo et à Angoulême (notamment les États Généraux dont nous vous reparlerons) vont dans ce sens.

      Tout cela n’est pas "contradictoire" avec une production en croissance et un chiffre d’affaire relativement stable. C’est au contraire, peut être, la chance de revendiquer efficacement.

      Il faut bien comprendre les enjeux en présence pour agir. Nous essayons, que ce soit Gilles Ratier et l’ACBD Ou ActuaBD, de vous apporter le mieux possible des éléments de réflexion. Restons dans le débat, pas dans les inutiles invectives.

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