Des petits livrets mensuels, de 32 pages, modèle comics, dessinés par Neyef, sur un scénario de RUN : voila comment se présente Puta Madre, ou plutôt Mutafukaz’ Puta Madre de son nom complet. En effet, la série, prévue dans un premier temps en six numéros, s’apparente à un spin-off de Mutafukaz, titre phare du label 619 d’Ankama créé par RUN dans le prolongement de cette série (il nous parlait de tout cela ici).
Le récit de Puta Madre débute donc en Californie, version Amérique des laissés pour compte. Jesus, treize ans, grandit sans père, mais avec un petit frère né de la nouvelle idylle, aussi vite achevée que débutée, d’une mère particulièrement paumée. Et lorsque le petit frère est retrouvé mort, du fait de coups reçus, c’est Jesus qu’on envoie, malgré son tout jeune âge, en prison, où il va devoir se forger, urgemment, un corps, un caractère et surtout des relations.
Envers désenchanté et lucide du rêve américain, Puta Madre s’ancre néanmoins dans une réalité urbaine et culturelle documentée, à la fois critique et passionnée. C’est ce dont témoignent les pages d’informations qui jalonnent les livrets, sur le système judiciaire américain, sur les différentes mafias qui structurent la vie carcérale ou encore sur l’histoire des communautés de bikers.
De quoi donner chair et vie à cette aventure à échelle humaine qui relève à plein de la tragédie contemporaine. L’histoire concoctée par RUN se fait tour à tour extraordinaire par la démesure des malheurs rencontrés par Jesus et tristement banale par la logique implacable que l’on observe, fataliste, s’abattre sur les plus faibles. D’autant que le trait, précis, nerveux et comme constamment en mouvement de Neyef rend le tout intense et vibrant à souhait.
Autant coup de poing que coup de cœur, Puta Madre s’impose comme l’un des phénomènes de ce début 2017 dont on attend la suite, prévue jusqu’à cet été, avec impatience.
Et il fallait bien cela à présent que Doggybags, autre bébé de RUN, tire sa révérence avec un numéro 13 paru en février dernier. La série, composée d’histoires courtes et dédiée à la culture pulp, mêlant suspense et horreur, s’achève sur un festival graphique et narratif. Des aventures aux formats divers, aux genres investis multiples, mais toutes marquées par une ironie dramatique des plus mordantes.
On retiendra, pêle-mêle, la cavale d’un ripoux qui tombe sur un sacré os, des gamins dont le délire autour de clowns tueurs tourne sacrément au vinaigre ou encore un fantasme de tuerie de masse en plein Time Square aussi bien senti que faisant particulièrement froid dans le dos. Un ovni ô combien nécessaire dans le paysage de la bande dessinée.
Alors quoi, maintenant qu’on a dit que ce volume 13 était le dernier ? Et bien RUN crée la surprise dans les dernières pages en annonçant deux nouvelles collections ou séries devant assurer la continuité : Doggybags présente et Doggybags One Shot. La première reprendra le format d’anthologies de nouvelles de la série-mère, mais réunies autour d’une thématique précise et répondant à une charte graphique donnée, variant à chaque volume. Chaque volume de la deuxième s’apparentera à un long-métrage cinématographique et proposera donc un grand récit autonome, en format ample et cartonné.
Qu’on se rassure donc : l’esprit Doggybags est appelé à perdurer.
(par Aurélien Pigeat)
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Autour du Label 619 d’Ankama, sur ActuaBD :
Présentation du label->art6903
Mutafukaz 1
Mutafukaz 2
Mutafukaz 5
Doggybags 1
Doggybags 2
Doggybags 3
Doggybags 8
Doggybags Heart Breaker
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