Tous ceux qui vont au Festival de Saint-Malo vous le diront. Malgré sa taille conséquente, probablement le deuxième de France en terme de fréquentation, Quai des Bulles a gardé une réjouissante fraicheur. Cette année encore, la bonne humeur a prévalu, même si quelques sujets d’inquiétude ont assombri le beau soleil d’automne.
Ainsi pour le nombre des visiteurs. Très clairsemés le vendredi, les travées du Festival étaient beaucoup plus encombrées samedi et dimanche. Les premières estimations à la louche dénombraient 27 000 amateurs de BD au lieu des 35 000 habituels. La raison avancée étant le décalage de deux semaines de la manifestation (dû à la présence du départ de La route du Rhum cette année), éjectant ainsi Quai des Bulles des vacances scolaires. Espérons donc que cette baisse soit conjoncturelle et que les rumeurs de coupes dans le budget du festival pour l’année prochaine ne soient que des bruits de couloir.
Côté auteurs, l’ambiance était aux grandes manœuvres. L’appel du SNAC BD pour un débrayage le samedi en fin d’après-midi a été très suivi, finalement en bonne entente avec les éditeurs. La constitution d’un esprit de corps des auteurs, entamée avec la création du syndicat, semblait émerger plus distinctement.
La rencontre qui eut lieu dans l’auditorium afficha complet et donna lieu à des échanges entre acteurs du métier très concernés (voir plus bas).
Le SNAC BD avait annoncé la couleur sur son site quelques jours auparavant, l’événement a bien eu lieu : les auteurs de BD ont fait la grève des dédicaces pendant une heure le samedi. Une heure consacrée à parler des difficultés des artistes dans un auditorium de 250 places qui aurait pu être deux fois rempli.
Cette communication des professionnels a fait la liste des sujets qui inquiètent avec, dans le désordre, l’augmentation des cotisations retraite, la fusion périlleuse de la Maison des auteurs avec l’Agessa, la réforme du droit d’auteur au niveau européen, et la paupérisation des artistes (des sujets qui finalement intéressent bien au-delà des seuls auteurs de bande dessinée).
Outre ces constatations et des questions/réponses avec le public, une annonce fut faite, celle de la création d’États généraux de la bande dessinée, coordonnés par Benoit Peeters. Un premier pas pour faire le point sur la profession. On attend Angoulême, principale caisse de résonance du métier vers le grand public, pour avoir d’autres précisions sur ces États généraux et découvrir, qui sait, d’autres initiatives coups de poing.
À noter que l’intégralité des débats a été captée et sera bientôt diffusée sur le site du SNAC BD.
Et puisqu’il faut bien remettre des prix (dont le périmètre et la procédure de désignation sont il faut bien le dire assez obscurs dans le festival malouin) autant le faire dans la joie et la bonne humeur.
Quelques bribes d’une prestation qui pourrait faire réfléchir Billy Crystal. La remise du prix Ouest France à Jean Dytar pour La vision de Bacchus.
Et la remise du prix de l’affiche pour Guillaume Bouzard.
(par Thierry Lemaire)
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Photos et vidéos (c) Thierry Lemaire
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