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RASL, le grand retour de Jeff "Bone" Smith

Par Guillaume Boutet le 11 septembre 2014                      Lien  
Un cambriolage, un tableau dérobé et la police aux trousses du voleur : rien d'anormal jusqu'au moment où le voleur disparaît, au détour d'une ruelle, dans un déluge d'éclairs ! Mystères et mondes parallèles sont au programme de cette série signée par Jeff « Bone » Smith.

Après Bone, série mi-humoristique mi-épique, s’inscrivant entre autres dans l’héritage de Carl Barks et acclamée par la critique et le public, Jeff Smith nous revient en changeant radicalement de registre. En effet RASL se présente comme un récit à l’ambiance et au ton résolument adulte et désenchanté.

Pour les amateurs de Bone le changement apparaît total et peut déconcerter tant Jeff Smith aligne les éléments du neo-noir : un anti-héros pessimiste et hors-la-loi, fumant, buvant et ayant un faible pour une prostituée chez qui il noie son mal-être ; l’ensemble prenant place dans un univers violent. La première page de l’œuvre s’ouvre ainsi sur le héros, salement amoché, couvert de sang et errant dans le désert. Le ton est donné !

L’histoire nous propose de suivre RASL, un voleur d’œuvres d’art qui commet ses forfaits dans des mondes parallèles, à l’aide d’un mystérieux dispositif. Le concept de voyage entre les mondes se nomme « la dérive », terme qui fait évidemment double-sens par rapport au parcours extérieur et intérieur du héros.

RASL, le grand retour de Jeff "Bone" Smith
L’entrée en scène du tueur : sobre mais diablement explicite
RASL © Jeff Smith / Delcourt

L’élégance et le minimalisme de Jeff Smith font merveille, comme toujours. Les dialogues sont courts et incisifs, souvent très malicieux, et les explications réduites à leur minimum. L’essentiel de la narration repose sur les pensées de RASL, parsemées au fil des pages, et sur le graphisme de Jeff Smith.

RASL © Jeff Smith / Delcourt

Le résultat apparaît soigné et beau, mais le scénario manque néanmoins un peu de consistance. Le thème des mondes parallèles se trouve peu exploité pour le moment et ce début de récit se trouve principalement dédié à présenter l’univers et les personnages - l’intrigue se résumant à la poursuite de RASL par un tueur implacable, dépêché par le gouvernement.

De façon générale Jeff Smith travaille son récit essentiellement par l’ambiance et l’atmosphère, et au final peu de surprises attendent le lecteur au cours de ce premier tome (le résumé de quatrième de couverture révélant même sans doute trop de choses au vu de son contenu...). Il nous faudra donc attendre la suite pour savoir où Jeff Smith désire nous mener.

Ce comics a été publié initialement aux États-Unis en auto-édition -comme précédemment Bone- entre 2008 et 2012. Il s’agit d’une série terminée en quinze épisodes et compilée dans une édition originale de quatre tomes. La version proposée par Delcourt présente quelques différences : il s’agit de la version colorisée de la série -publiée initialement en noir et blanc- et qui sera éditée en trois tomes (les albums français seront donc un peu plus épais que ceux de l’édition originale US).

Ce premier tome de RASL constitue indéniablement une lecture agréable et fort plaisante, grâce au talent narratif de son auteur, mais apparaît également comme une sorte d’exercice de style. Les références de forme en tout genre, de la structure du récit aux citations de Bob Dylan ou de Nikola Tesla sont intéressantes et amusantes, mais peinent tout de même à assurer l’efficacité du récit. Les qualités n’en restent pas moins présentes mais le résultat demeure donc en l’état trop fuyant, à l’image de son héros, pour profiter encore pleinement de ce voyage.

Annie la prostituée : personnage tenant le rôle de guide spirituel dans cette première partie
RASL © Jeff Smith / Delcourt

(par Guillaume Boutet)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

RASL T1. Par Jeff Smith. Traduction Hélène Remaud. Delcourt, collection "Contrebande". Sortie le 27 août 2014. 160 pages. 15,95 euros.

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