Le voyage sera particulièrement éprouvant. Les Iroquois tolèrent difficilement les Hurons, qu’ils méprisent. Ils se méfient également des Français qui transmettent la grippe et qui font preuve d’arrogance ; le zèle religieux des ecclésiastiques risquera d’ailleurs de causer leur perte.
C’est dans ce contexte que Radisson se trouve mêlé à différentes histoires de trahison, de vengeance et de meurtre. Celui qui connaît aussi bien les mœurs des autochtones que des Européens cherche alors à ménager les différentes parties. Peine perdue : les Iroquois ont décidé de les éliminer. Pierre-Esprit et ses camarades finiront-ils comme les missionnaires de Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons [1] ?
C’est avec brio que Jean-Sébastien Bérubé poursuit son adaptation des Extraordinaires aventures d’un coureur des bois (1668-1669), mémoires du célèbre aventurier. Avec Mission à Onondaga, l’artiste nous livre un second tome aussi captivant que Fils d’Iroquois, album qui lui avait valu le prix Réal-Fillion de l’auteur québécois « s’étant le plus illustré avec son premier album professionnel » (Festival de la BD francophone de Québec, 2010).
Bien que ce récit soit beaucoup plus violent que le précédent (alors que Fils d’Iroquois se concentrait sur l’intégration culturelle d’un jeune homme blanc, Mission à Onondaga nous propose un véritable choc des cultures entre Européens et autochtones), l’auteur semble avoir trouvé l’équilibre entre scènes d’action et présentation historique. Il en résulte une lecture fluide et fascinante, aidée par un traitement graphique efficace.
Après deux tomes, Radisson reste donc l’une des séries québécoises les plus prometteuses dans le domaine du récit d’aventures. Cet album tend également à confirmer la stratégie de Glénat Québec, qui ne manque pas de cultiver le talent des lauréats de son concours annuel de bande dessinée. (Rappelons que Bérubé avait remporté le premier prix de ce concours en 2008).
(par Marianne St-Jacques)
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[1] De 1642 à 1649, huit missionnaires de Sainte-Marie-aux-Pays-des-Hurons (sur les bords du lac Huron, en Ontario) sont morts au cours des guerres franco-iroquoises. Jean de Brébeuf, Noël Chabanel, Antoine Daniel, Charles Garnier, René Goupil, Isaac Jogues Jean de Lalande et Gabriel Lallemant ont été canonisés par l’Église au titre de « Martyrs canadiens ».