Arts Martiaux, romance et troubles de l’identité, voilà les ingrédients de base de ce shonen à destination des pré-adolescents, emblématique du manga des années 1980-1990. Rumiko Takahashi, 60 ans cette année, mangaka prolifique, autrice à la fois de Maison Ikkoku (plus connu en France sous le titre de Juliette je t’aime), Inu-Yasha ou plus récemment Rinne, s’était alors, avec ce deuxième succès incontestable, définitivement installée dans le paysage du manga d’action déjanté et absolument irrésistible.
Tout commence lorsque Ranma Saotome revient de Chine où il s’est entrainé, sous la houlette de son père Genma, dans des lieux emblématiques des arts martiaux. Hébergé chez les Tendo, amis de la famille, il se retrouve fiancé à Akané, la benjamine, les paternels ayant arrangé ainsi l’avenir de leurs écoles respectives d’arts martiaux. Mais le souci, c’est qu’au contact de la monidre goutte d’eau froide, Ranma se transforme en jeune fille (et accessoirement son père en panda) !
Victimes de la malédiction de sources magiques, ils ne retrouvent leur forme originelle qu’au contact de l’eau chaude. Quiproquos et situations embarrassantes en perspective pour Ranma et ceux qui désormais partagent son secret. D’autant que la population que nos héros s’apprête à côtoyer s’avère particulièrement loufoque.
Entre un champion de kendo niant l’évidence et s’amourachant de Ranma fille, un ostéopathe à la double personnalité ou encore un rival incapable de suivre un chemin sans se perdre des jours durant, Ranma et Akané auront fort à faire. Et leurs parents ne leur seront d’aucun secours, bien au contraire !
Génialement drôle, de part ses personnages et les situations créées, relevant du genre de la "tranche de vie", Ranma 1/2 propose à côté de cela un vrai shonen d’action, avec son lot de combats aussi impressionnants et délirants. C’est là un vrai régal, au-delà même de la sympathie nostalgique sur l’on peut éprouver à retrouver la série.
L’idée de départ, ces sources d’eau qui provoquent des transformations sur une partie du personnel, constitue une vraie trouvaille qui permet à Rumiko Takahashi de déployer des trésors d’inventivité et de multiplier les circonstances cocasses. Avec son lot de fan service bon enfant, l’apparition de la poitrine de Ranma (fille) devenant rapidement un running gag, qui peut, peut-être éloigné le titre des plus jeunes lecteurs (et encore...). Une œuvre culte, à juste titre donc.
Glénat en propose donc, c’est une mode importante depuis quelques temps pour les grandes séries emblématique, une édition "Perfect", ou "Ultimate" telle que nommée au Japon. Ou plus simplement, une édition double puisque nous passons de 38 tomes pour l’édition d’origine à 19 pour celle-ci. À côté de cela, le format et la qualité des volumes ne change guère, à la différences des éditions de prestige dévolue aux œuvres d’Akira Toriyama (Dragon Ball ou Dr. Slump).
On aurait aimé les planches couleurs, des volumes plus haut et plus large, afin de mieux profiter de dessin de la mangaka. On se consolera avec divers bonus, certains très anecdotiques, comme le combat rejoué entre Ranma et Kuno, d’autres plus intéressants, comme l’interview de Rumiko Takahashi.
Le point le plus positif de cette nouvelle édition est finalement discret, mais absolument essentiel. Il s’agit d’une nouvelle traduction qu’accompagne un travail sur les onomatopées qui respectent au mieux l’oeuvre originale. Tout comme le sens de lecture japonais, désormais évident, mais qui ne l’était pas lors de la première édition dans les années 1990. Et rien que ça, ça change tout !
(par Aurélien Pigeat)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.