La Chine, lors de la chute de l’éphémère, mais première dynastie impériale du pays, celle des Qin. Des bandits agitent les provinces de l’Empire, et parmi eux, deux factions se dégagent rapidement, tentant de prendre avantage de la mort du premier empereur, Qin Shi Huang : celle de Liu Bang, héros de notre récit, pour les Han ; et pour les Chu, celle de Xiang Liang, dont le neveu Xiang Yu devient le rival du héros. Car c’est la grande guerre entre Chu et Han qui se profile rapidement.
Nous suivons donc comment Liu Bang, stratège de génie, parvient, avec ses faibles moyens militaires et logistiques, à se faire une place, et un nom, conquérant peu à peu campagnes et cités, formant des alliances toujours plus étonnantes et néanmoins décisives. Avec autour de lui d’autres figures historiques de la période et de son entourage, comme Lu Wan et Fan Kuai.
Mais cette trame historique se trouve transposée dans un univers shonen standardisé dont les codes pèsent assez lourdement sur le récit plutôt qu’ils ne l’animent. Si cela rendra certainement la lecture plus facile ou familière au jeune lecteur, cela nous paraît dommage, aseptisant une matière plutôt intéressante.
Ainsi, ce sont surtout les personnages, et leurs relations, qui font l’objet de cette transposition. Les combattants - mais on rejoint là aussi la tradition des récits héroïques chinois classiques - font montre de capacités physiques hors du commun, les antagonistes sont caricaturaux. On joue avec les poitrines des personnages féminins et les bons sentiments remplacent les manœuvres politiques. Globalement, les protagonistes répondent donc à des archétypes rebattus.
Certains déjà balisés, comme Xiang Yu, héros romantique dont la destinée est à l’origine de nombreux récits et adaptations, parfois lointaines comme le film Adieu ma concubine de Chen Kaige. D’autres assez improbables étant donné le contexte comme cette troupe de bandits du tome 2 dont les codes vestimentaires évoquent les furyos que l’on trouve immanquablement dans les mangas se déroulant en milieu scolaire.
Mais au final, plus que les personnages ici représentés, ce sont leurs avatars historiques que l’on prend plaisir à découvrir, le manga fournissant au fond davantage un prétexte à aller se renseigner sur l’époque et les protagonistes de cet immense, mais pour nous lointain, bouleversement politique. Et c’est sans doute la curiosité que l’on éprouve à découvrir comment Masahiro Ikeno va s’y prendre pour adapter la suite de la grande Histoire, assez sombre, qui nous motive à suivre la série.
(par Aurélien Pigeat)
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