Fruit de plusieurs mois de résidences au Japon, ce livre, carré et rose, regroupe des travaux réalisés durant cette période allant de 2004 à 2007. Et si l’on peut parler de carnets de voyage, Emmanuel Guibert s’amuse ici à brouiller les pistes. Au long des 336 pages qui composent Japonais, il utilise un grand nombre de techniques : peinture, collage ou dessin sur des surfaces variées. Dessinateur ambulant dont on avait déjà pu apprécier les balades graphiques dans La Campagne à la Mer et Le Pavé de Paris, Guibert observe et retranscrit. Une rencontre, un paysage, une impression : tous ces moments qui composent le voyage.
Après quelques toiles en guise de mise en bouche, Japonais s’ouvre sur un cahier de nouvelles où les photos de l’épouse de l’artiste répondent à ses mots. Plus loin, la toute jeune fille de l’auteur, cinq ans, le rejoint pour un travail à quatre mains. Plus loin encore, les dessins de Guibert se superposent à un cahier de Kanji d’un écolier du début du siècle dernier. Enfin, on revient aux toiles qui composent la dernière partie du livre. Au bout de cette lecture : l’impression d’un voyage. Emmanuel Guibert a réussi à faire de son carnet l’objet d’un autre voyage, celui où le lecteur s’empare des sensations du narrateur.
S’il est clairement destiné à un public d’amateurs éclairés, Japonais d’Emmanuel Guibert est un livre exquis et magnifique.
Le catalogue d’un prochain Grand Prix du Festival d’Angoulême ?
(par Morgan Di Salvia)
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Japonais - Par Emmanuel Guibert - Futuropolis