Il y a treize ans, une météorite se serait écrasée dans les faubourgs de Tokyo. Les habitants de la zone ont alors mystérieusement disparu, mais de cet endroit, aujourd’hui bouclé, des monstres, anciennement des humains, s’échappent, que doivent arrêter des revenants de ce lieu à présent dotés de pouvoirs spéciaux.
Himuka et Ibuya sont de ceux-là. La première manie le sabre, certes, mais temoigne surtout d’une naïveté confondante en matière de sexualité ce qui se traduit pas une absence totale de pudeur et l’amène à finir fréquemment nue, voire à se laisser étrangement peloter par le premier quidam, humain ou non, venu. Lui se trouve doté d’un puissant pouvoir mais aussi de non moins puissantes nausées en présence des créatures qu’il doit tuer, ce qui le conduit à se replier pour vomir dès qu’il est confronté à l’une d’elle.
Sakurako Gorakuin voulait, dans ce manga, rendre hommage aux super sentai, les séries du type Power Ranger. De fait, on a bien l’entrée en scène, de manière fracassante, de créatures menaçantes que des héros sont dépêchés pour éradiquer. Mais s’en tenir à ce concept de base ne peut seul suffire à produire un titre intéressant.
Surtout dans la mesure où sur ce premier tome l’action apparaît répétitive, le background faussement mystérieux et inutilement compliqué et les personnages secondaires globalement transparents. En outre, l’intrigue est coupée sitôt amorcée par la présence du "pilote" de la série qui occupe un tiers du volume.
Restent le dessin, plutôt réussi pour ce qui est de l’exposition, généreuse, des courbes des personnages féminins - héroïnes ou monstres hors transformation -, et le duo de héros, suffisamment burlesque pour susciter la curiosité.
Mais le traitement plutôt absurde, et de fait amusant, des situations posées, se marie mal avec des résolutions elles malheureusement assez clichées : héroïne à secourir et héros au final très poseur. Quitte à jouer la carte du kistch ou du pastiche à la limite du détournement, il aurait fallu assumer cela jusqu’au bout.
Quatre tomes sont annoncés : insuffisant pour résoudre l’embryon de trame déjà posée et surtout annoncée comme bien trop vaste, peut-être suffisant pour se divertir sans trop attendre de la suite. Returners n’est pas encore véritablement décevant, mais semble cependant d’ores et déjà tout à fait dispensable.
(par Aurélien Pigeat)
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Returners T1. Par Sakurako Gokurakuin. Traduction Anne-Sophie Thévenon. Tonkam, collection "Seinen". Sortie le 9 avril 2014. 208 pages. 9,35 euros.