Riad Sattouf, 40 ans à peine émoulus, a un parcours époustouflant. Il publie ses premières BD en 2000 comme dessinateur (Petit Verglas, scénario de Corbeyran chez Delcourt), puis sa première série en solo en 2003, Les Pauvres Aventures de Jérémie (Dargaud). Et là, paf !, il reçoit le Prix Goscinny du scénario grâce à un jury constitué, outre d’Anne Goscinny, de personnalités comme Philippe Druillet, Nagui, David Pujadas, Marjane Satrapi, Patrick Timsit ou Michaël Youn, rien que ça ! La même année paraît Le Manuel du puceau (Rééd. à L’Association). Il a 26 ans.
Sa carrière va crescendo, mêlant récits pour enfants et portraits de la société contemporaine dans un trait d’une clarté limpide : Ma Circoncision (2004, Rééd. L’Associaiton), Retour au collège (Hachette, 2005), Pipit Farlouse (Ed. Milan, 2005), Pascal Brutal (Fluide Glacial, 2006), La Vie secrète des jeunes (L’Association, 2007). Ces deux dernières séries se caractérisent par une observation « au kärcher » des « gens » qui peuplent la France, que ce soit dans la banlieue avec un Pascal Brutal à la virilité surjouée qui a pour cadre une uchronie néo-conservatrice qui n’a pas perdu de son actualité, ou dans le métro parisien où l’analyse psychologique se joint à une perception aigüe de la langue telle qu’on la parle de nos jours. Riad Sattouf n’a pas trente ans et sa position dans le monde de la bande dessinée est déjà assise.
Suivant la trace de ses amis Joann Sfar et Marjane Satrapi, après s’être fait la main sur le dessin animé de Sfar, Petit Vampire (2003), il sort son premier film inspiré par sa BD Retour au collège, Les Beaux Gosses (2009) qui rafle le César du meilleur premier film en 2010, parmi d’autres récompenses, et qui remporte surtout un grand succès public. S’ensuivent la web-série Mes Colocs (2010), Jacky au royaume des filles (2014) et cette année Les Cahiers d’Esther, tiré d’une de ses BD récentes.
Car le cinéma ne le détourne pas de la BD. Contrairement à d’autres auteurs, Sattouf continue parallèlement à creuser ses séries avec L’Arabe du futur (2014) dont le succès le propulse au rang de best-sellers littéraire, écrasant à sa sortie l’ineffable Éric Zemmour dans le palmarès des libraires, un symbole. En 2016, il dessine pour L’Obs Les Cahiers d’Esther dont le succès est également colossal.
C’est cet auteur total, intelligent et sincère que la BPI célèbre aujourd’hui dans une exposition intitulée « Riad Sattouf – L’Écriture dessinée. » Un parcours fait de planches originales, de storyboards, de croquis sur calques et matériaux divers, de photographies, d’extraits de films et d’objets personnels...
« Nous assistons, depuis maintenant une vingtaine d’années, à l’éclosion d’une œuvre dessinée qui se construit en se disant et en écrivant, soulignent les commissaires de l’expo. D’où le concept d’« écriture dessinée », emprunté à l’ami et compagnon de dessin Émile Bravo, et adopté comme une ligne de force pour l’ensemble de ses travaux. »
Après le « roman graphique », le « dessin écrit », il suffisait d’y penser !
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Riad Sattouf – L’Écriture dessinée
Bibliothèque Publique d’Information / Centre Pompidou / Espace Presse Niveau 2
Du 14 novembre 2018 au 11 Mars 2019
[PLUS D’INFOS SUR LE SITE DE L’ÉVÉNEMENT- https://www.bpi.fr/agenda/riad-sattouf-lecriture-dessinee]
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Pour les Parisiens, une rencontre entre Riad Sattouf et Emile Bravo aura lieu à la FNAC Bercy ce vendredi 26 octobre 2018 à 17 heures, animée par Didier Pasamonik. Le choc des titans de la rentrée BD 2018.