Sans concurrent (si ce n’est « La Clé du Mystère » chez Dupuis), sans trop de vraisemblance non plus : ainsi, dans cet épisode qui se passe de nos jours, l’enquête se déroule comme s’il n’existait pas de police scientifique relevant des empreintes ou étudiant l’ADN des traces de sang, comme s’il n’existait pas de commission parlementaire sur les sectes. Le seul élément moderne est un coup de fil sur un portable. Tout le reste semble une translation des codes des enquêtes telles qu’elle se vivaient dans les années 40-50.
Pourtant, cette trame permet aux auteurs de faire passer quelques-unes de leur préoccupations : la dérive sectaire cherchant à créer un ordre nouveau, le clonage et la cryogénisation clandestines, la science maîtrisée et pervertie par les criminels... C’est tout le paradoxe de cette série : bien que basée sur une réalité, la matière fictionnelle semble détachée de toute contingence réelle. Je comprends mieux Francis Lacassin qui définissait le roman policier comme un « fantastique des villes ». C’est un exercice de style, en réalité. Un art auquel s’appliquent, avec régularité, Tibet et Duchâteau, apparemment sans qu’eux-mêmes, ni le lecteur, ne s’ennuyent.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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