Harold Sakuishi poursuit son récit avec un rythme toujours un peu lancinant mais non dénoué d’une certaine poésie et d’une ambiance mystérieuse, envoutante. Le parcours d’apprenti mangaka de Norito semble suivre un chemin tout tracé par son éditeur, notre héros manquant d’assurance et d’un véritable univers personnel.
C’est ainsi, que suite aux conseils de son éditeur, Norito a réalisé son histoire d’élève venu des favelas sous l’angle « érotique », c’est-à-dire en usant de nombreux ressorts sexy et en faisant la part belle aux petites culottes et aux décolletés.
Et bien qu’il s’agisse en fin de compte presque d’une « œuvre de commande » (il a respecté un cahier des charges très précis), notre héros remporte un prix important qui semble lui confirmer qu’il suit la bonne voie – vraiment ?
Surtout que son premier prix lui permet d’entrer définitivement dans les bonnes grâces de la populaire et jolie Asuna, dont il est amouraché depuis un moment. Et comble de tout, en dépit d’une tentative d’un rival pour le discréditer, Asuna lui révèle qu’elle n’est pas gênée par sa publication coquine et sort avec notre héros deux fois de suite !
Ainsi tout semble marcher pour Norito... seulement le corbeau continue d’hanter ses rêves, la fausse voyante de lui signifier qu’il aura à choisir entre deux filles, deux voies et voilà maintenant que suite à une séance chez un hypnotiseur il voit Rin dans ce qu’il semble être une vie passée…
… et malgré tout ceci, notre jeune héros n’a toujours pas saisi la chose ! Le tome six va mener toute la petite troupe sur l’île de Rin, à l’occasion d’un festival traditionnel autour de divinités locales. L’occasion pour Norito de commencer à réfléchir à son avenir, aussi bien sentimentale qu’artistique, surtout que se profile un concours ouvrant les portes d’une publication régulière.
Si Rin continue de distiller petit à petit son parcours initiatique et nous régale avec des personnages truculents comme l’improbable guide de nos héros lors de leur visite de l’île, nous restons néanmoins circonspects de l’évidence du message et du cheminement de son héros. Le récit se déroule de manière sans doute trop transparente et s’étire, en raison de la lenteur et de la passivité du héros qui peine à comprendre des choses évidentes pour le lecteur, surtout que Harold Sakuishi ne manque pas de les surligner à grand renfort de symbolisme en tout genre.
Bref, en dépit de ses qualités évidentes, d’un sujet fascinant et de protagonistes croqués avec talent et une belle tendresse, le rebond du récit se fait attendre et le déroulement de ces deux tomes s’avère un peu trop prévisible et balisé. Dommage.
(par Guillaume Boutet)
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Rin T5 & T6. Par Harold Sakuishi. Traduction Vincent Zouzoulkovsky. Delcourt Manga, collection "Seinen". Sortie le 6 janvier 2016 & le 18 mai 2016. 224 & 192 pages. 7,99 euros.
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