Ces nouveaux tomes poursuivent et concluent l’arc narratif de l’île natale de Rin. La jeune fille a invité notre joyeuse troupe au festival qui s’y déroule tous les sept ans. On y découvre un lieu chargé d’histoire bien entendu, avec des légendes dont les origines perdues n’en sont pas moins douteuses.
Ces évènements attirent du monde dont le fils aîné d’une famille locale importante, une brute, qui « revient au pays » après une longue absence qu’on comprend liée au décès il y a sept ans d’une jeune fille... ayant tenu le rôle de prêtresse lors des cérémonies du dernier festival !
Évidemment ce sinistre personnage va jeter ses griffes sur Rin après que cette dernière lui ait tenu tête : avec son jeune frère et quelques amis ils décident donc de se venger d’elle et vont tenter de l’attirer dans un piège.
Dans cet arc narratif le fil rouge autour de l’apprentissage de mangaka, et de la question de la création au sens large se trouve mis de côté, même si l’île possède un « secret » lié au sujet de la fameuse œuvre jamais réalisée par le grand auteur admirés par nos héros.
Cependant pour l’heure le lien avec le fil « mangaka » reste très tenu : le récit se recentre plutôt sur le destin personnel de Rin, sur ses pouvoirs étranges et sa relation privilégiée avec Norito issue apparemment d’une vie antérieure ; faisant d’elle l’héroïne d’une fable moderne, avec tous les éléments du genre ou presque.
L’ambiance de ce passage se veut mystérieuse et même mystique : Rin guide notre troupe à travers les lieux sacrés de son île, pour un voyage touristique qui mêle donc parcours initiatique et leçon d’histoire. La jeune fille démontre une nouvelle fois sa très forte personnalité et son sens du devoir lié à ses pouvoirs qui la pousse à « honorer » le passé.
Nous l’avons évoqué plusieurs fois : si les qualités de la série de Harold Sakuishi sont immenses et indéniables, notamment dans la justesse dont les relations entre ses personnages se tissent, sans oublier la tension et le suspense absolument haletant durant la lecture de cette aventure, preuve d’un authentique sens de la narration allié à un trait solide et fort expressif… il demeure qu’on s’interroge toujours sur ce que le mangaka désire nous raconter.
D’un côté nous avons une dimension mystique certes poétique mais très explicite et surligné parfois de façon lourde, associé à un déroulement linéaire en raison d’un héros qui ne comprend pas des choses - que le lecteur saisit lui facilement- et qui amène à des évènements prévisibles. De l’autre nous avons le parcours de notre héros aspirant à devenir mangaka et qui se cherche en tant qu’auteur autour de cette question obsédante : que raconter ?
La question du « sujet » se trouve au cœur du projet de Harold Sakuishi dans Rin, mais la façon dont cet enjeu est délayé en laissant le lecteur dans le flou le plus total ne nous semble pas toujours bienvenu : à force de trop tourner autour du pot il y a un risque d’essoufflement, même si la lecture demeure agréable.
(par Guillaume Boutet)
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Rin T7 & T8. Par Harold Sakuishi. Traduction Vincent Zouzoulkovsky. Delcourt/Tonkam, collection "Seinen". Sortie le 17 août 2016 & le 30 novembre 2016. 192 pages. 7,99 euros.
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