Projet d’un milliardaire visionnaire, Roche Limit est la première vraie colonie humaine installée dans l’espace. Même si les progrès technologiques en matière de voyage spatial la rendent moins éloignée de la Terre qu’auparavant, elle s’est développée peu à peu comme une zone de non-droit où finissent parias et désespérés.
Ses mystères et ressources intéressent pourtant certains. C’est que, de ses mines, on extrait un minerai à partir duquel on fabrique la plus puissante drogue que l’humanité ait inventée. Par ailleurs, la planète sur laquelle Roche Limit est installée, Dispater, voisine avec une anomalie énergétique qui suscite les hypothèses les plus folles.
Sur cette base se déploie une intrigue reprenant les codes du polar - une femme enquête sur la disparition de sa sœur - version hard boiled - un personnage de anti-héros qui veut se racheter mais se trouve lié à des gangs mafieux - dans une ambiance de far-west - l’aspect colonie du bout du monde de Roche Limit.
Un ensemble un peu patchwork au final plutôt SF avec son exploration spatiale, la présence d’un trou noir et des questionnements métaphysiques, qui se combine avec une veine fantastique horrifique perceptible à travers des emprunts explicites à des figures comme le vampire ou le zombie. Rien que ça !...
Avec ses ruptures de ton et de registre qui surprennent tout au long de l’ouvrage, le lecteur se trouve entravé dans son immersion dans le récit, même si elles s’avèrent plutôt correctement négociées. À force de tirer dans tous les sens, Roche Limit perd en énergie et son intrigue s’en trouve comme diluée. Et si beaucoup des idées ou situations présentées apparaissent, chacune envisagées séparément, de prime abord séduisantes, au final, il ne reste pas grand chose de susceptible de faire l’unité et de donner sens à l’ensemble.
Ce fourmillement d’inspirations diverses ne permet pas de déployer une belle aventure à même d’embarquer le lecteur dans le grand voyage imaginaire promis en dépit de personnages plutôt bien campés et des situations pas trop mal ficelées. Dommage.
(par Aurélien Pigeat)
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