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Romain Renard : « Québec ressemble à Namur, avec ses murailles et ses tourelles. »

Par Christian MISSIA DIO le 10 janvier 2013                      Lien  
Entre deux projets BD, Romain Renard s’improvise guide touristique le temps d’un livre Lonely Planet, et nous fait découvrir certains coins du Québec qui valent le détour !
Romain Renard : « Québec ressemble à Namur, avec ses murailles et ses tourelles. »

Qu’est ce qui vous a motivé à participer à ce projet ?

C’est Casterman qui m’a fait le cadeau de rejoindre la collection. D’abord, je me suis dit que c’était génial. Puis après, je me suis rendu compte que Schuiten avait fait un livre sur Bruxelles et de Crécy sur Florence. Hugo Pratt s’était quant à lui, consacré à Venise

Bref, j’ai très vite flippé mais je devais assurer ! Donc, j’ai accepté de relever le défi. Mon éditeur m’a alors proposé plusieurs villes mais à chaque fois, j’avais peur de tomber dans le carnet de voyage. On m’a suggéré Istanbul, Jérusalem, etc. Je craignais de tomber dans les clichés. J’ai alors proposé la ville de Montréal qui a été acceptée. Je me suis donc rendu dans cette ville et ça a été une découverte, car je ne la connaissais pas. J’ai tenté de retranscrire au mieux les ambiances que j’y ai trouvées.

Vous aviez envie de faire un voyage au Canada et vous en avez profité pour glisser la facture à votre éditeur, c’est bien cela ?

Vous avez tout compris (rires) ! En fait, Casterman et Lonely Planet m’ont couvert pour deux semaines mais comme j’y suis resté deux mois, les six autres semaines ont été à mes frais.

Comment avez-vous travaillé ? Avez-vous pris des photos ou vous êtes-vous planté dans un coin avec votre carnet à dessin ?

Au départ, j’étais très motivé et je me disais que j’allais faire des croquis de tout. Mais je me suis vite rendu compte que j’allais être noyé dans la masse de dessins. De plus, tout ne serait pas repris dans le livre. J’ai donc opté pour la photographie.

Qu’est ce qui vous a le plus marqué durant votre voyage au Canada ?

De Montréal, incontestablement le Plateau ! Le quartier du Plateau qui englobe pleins de micros quartiers comme le Mile End, le ghetto Mc Gill ou la vie culturelle est très dynamique. C’est le sanctuaire de la musique et du théâtre ! J’y ai d’ailleurs trouvé beaucoup de similitudes avec la commune bruxelloise de Saint Gilles, mais en plus riche ! Pour moi, Montréal ressemble beaucoup à Bruxelles. Je n’étais pas très dépaysé là bas. Par ailleurs, c’est la vie de quartier qui fait la ville. Le Plateau est un quartier très animé car ce sont les gens qui créent l’ambiance. Il y a une grande mixité sociale et culturelle.

En dehors de Montréal, je pourrais conseiller Québec, la ville-capitale de la province du même nom, avec le quartier Saint Roch, pour les même raisons. C’est un haut-lieu de la culture ! On y trouve aussi la BD alternative et indépendante d’auteurs tels que Jimmy Beaulieu, Beat, etc. Mais à part cela, il faut avouer que Québec reste une ville moins dépaysante. Québec ressemble à Namur, avec ses murailles, ses tourelles, etc. Et puis, il y a la région des Laurentides qui est à une heure de Montréal. C’est une région montagneuse qui vous donne la sensation d’être à Twin Peaks. Et puis, la Côte de Charlevoix, au nord de Québec, pour voir les baleines. Rien que pour cela, le déplacement vaut le détour et c’est juste extraordinaire !

Est-ce vrai que les Québécois ne verrouillent jamais leur porte ?

Je ne sais pas. J’ai entendu ça dans un film de Michael Moore mais je n’ai pas pu vérifier cette info sur place. Par contre, je peux dire qu’ils sont très accueillants ! Pendant une partie de mon voyage là bas, j’étais seul - ma compagne ne m’a rejoint que plus tard - mais à chaque fois que j’entrais dans un bar, cinq minutes après on me faisait la conversation. Ils captaient directement que je n’étais pas du coin et ils étaient d’autant plus intéressés que je venais de Belgique et non de France, car notre pays est plus petit et moins connu là-bas.

Une nuance tout de même. Le rapport est, à l’image de l’attitude anglo-saxonne, très vite franc mais ce n’est pas pour autant qu’ils vous inviteront chez eux à la première occasion ! La vie sociale se passe la plupart du temps à l’extérieur. Les gens sont très ouverts à partir du moment où la rencontre se fait dans un bar ou dans un parc.

Je sais que vous êtes amateur de musique et que le Canada regorge de talents musicaux. Avez-vous une anecdote à nous raconter à ce sujet ?

Je n’ai pas à proprement parler rencontré de groupes particuliers mais par contre, j’ai été bluffé par le niveau général des musiciens de rue. C’est juste incomparable par rapport à celui que nous avons en Europe ! On pourrait les kidnapper et les faire jouer à Forest National ou à Bercy, en première partie de n’importe quelle vedette, on n’y verrait que du feu ! En plus, faire la manche dans la rue est quelque chose de complètement culturel pour eux. Par exemple, j’ai rencontré un duo de musiciens que j’ai dessinés et qui est visible à l’expo. Ils sont IN-CROY-ABLES musicalement parlant ! Je leur ai demandé ou je pouvais me procurer leurs CD, ils m’ont répondu qu’ils n’en avaient pas et que ça ne les intéressait pas. C’étaient des puristes de la musique ! Plusieurs fois, j’ai rencontré des musiciens qui ne souhaitaient pas commercialiser leur art. Ils passent leur temps à jouer et ce n’est pas étonnant que leur niveau soit si élevé !

À quelle occasion conseillerez-vous la lecture de ce Lonely Planet ?

Matin, midi et soir (rire). Évidemment, je conseillerais la lecture de cet ouvrage si vous avez l’intention de partir à Montréal mais, même si vous n’en avez pas l’idée, lisez-le car le guide a été conçu pour que l’on puisse découvrir une ville d’une autre façon. C’est un vrai guide touristique mais qui propose en plus des choses que l’on ne retrouve pas dans ce genre de publication habituellement. Les auteurs des Lonely Planet partagent leurs expériences et anecdotes des lieux décrits.

Vos prochains projets ?

C’est pour cette année. Je prépare actuellement un gros bouquin de 130 pages qui sera lié à la musique. J’y tiens beaucoup car ce sera ma première œuvre en tant qu’auteur complet.

(par Christian MISSIA DIO)

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1 Message :
  • Je peux vous assurer que nous verrouillons nos portes... Nombreux sont ceux qui ont même un système de sécurité électronique qui surveille portes et fenêtres, le tout relié à une centrale de protection. Nous sommes sympas, mais nous vivons en 2013 comme tout le monde. Autrefois surement la vie était plus douce, mais nous sommes à l’heure de la technologie et presque de Big Brother. Le Québec, c’est un mélange de l’Europe et des États-Unis, pour le meilleur surtout, mais aussi pour le pire parfois. J’ai moi même eu la visite d’un cambrioleur alors que je ne vis que dans un minuscule appartement, sans grand intérêt pour un voleur à moins qu’il ne soit passionné de BD... et il est passé pas la fenêtre. Peut être ne verrouillons-nous pas assez nos fenêtres alors. :-)
    Les dessins de Romain Renard sont superbes ! J’ai hâte de feuilleter le livre pour en découvrir plus.

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