Dans Room Paradise, Aya Oda, auteure-phare du catalogue Soleil Manga, installe donc son intrigue dans deux lieux dévolus à l’architecture : d’une part le cabinet dans lequel les deux héros évoluent ; d’autre part, l’immeuble conçu par Kujo Aoi et dans lequel Somei Saya vient d’emménager. L’un public, professionnel, l’autre privé, intime.
Même si le premier s’apparente davantage à un simple bureau, le jeu entre ces deux espaces se révèle particulièrement pertinent dans la mesure où le second, de manière inattendue, propose lui aussi un lieu de rencontre : un espace commun partagé par les différents habitants de la résidence. Les chemins s’y croisent, les destins s’ y nouent, les échanges s’y multiplient et l’on découvre déjà une ambiance qui rappelle, lointainement, La Maison Ikkoku.
On retrouve dans cette nouvelle série les ingrédients qui font le succès d’Aya Oda : romance au départ asymétrique, jeune femme désirant s’assumer mais courtisée par un beau jeune homme, quiproquos sentimentaux jetant de légers troubles sur le devenir des personnages, dessin au trait d’une rare lisibilité.
S’y ajoute un humour léger propre à désamorcer les tensions qui émergent de loin en loin, à dédramatiser certaines situations plus sombres qu’il n’y paraît (les circonstances qui ont amené le chagrin amoureux de l’héroïne sont banales, certes, mais tristement et médiocrement banales surtout).
Les fans de la mangaka peuvent légitimement foncer les yeux fermés, les jeunes filles et jeunes femmes en quête d’un shojo rafraichissant et bien mené peuvent également s’orienter vers ce titre. Si Room Paradise ne propose rien de particulièrement original, jouant plutôt autour de certains codes et clichés de la romance, l’efficacité de sa narration en fait déjà une série convaincante.
(par Aurélien Pigeat)
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