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"Rosalie Blum", "Le Bleu est une couleur chaude"... : Une nouvelle génération d’auteures de BD françaises assurent la relève

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 28 mars 2016                      Lien  
"Rosalie Blum" de Camille Jourdy (Actes Sud) se fait remarquer grâce au film de Julien Rappeneau ces jours-ci. Comme son prédécesseur "La Vie d'Adèle", ce film met en lumière la jeune création française, tant au cinéma qu'en bande dessinée.
"Rosalie Blum", "Le Bleu est une couleur chaude"... : Une nouvelle génération d'auteures de BD françaises assurent la relève
L’intégrale vient de paraître chez Actes Sud

La sortie en salle mercredi dernier du joli film de Julien Rappeneau, une adaptation de la bande dessinée éponyme de Camille Jourdy, Rosalie Blum, chez Actes Sud, souligne un double phénomène : d’abord la vitalité de la jeune bande dessinée française et en particulier de ses auteures ; ensuite l’intérêt des producteurs pour des romans graphiques qui ne sont pas forcément issus de grandes séries commerciales vendeuses du genre Largo Winch ou Lucky Luke.

Cette tendance viendrait contredire l’aveuglement du Festival d’Angoulême sur la création des femmes ? Voire. Aussi bien Rosalie Blum de Camille Jourdy avec un Prix Révélation en 2010 que Le Bleu est un couleur chaude de Julie Maroh avec un Prix du Public en 2011 ont été distingués en temps réel par l’événement angoumoisin. Preuve s’il en est que les femmes n’ont pas toujours été oubliées dans le palmarès et qu’elles ont pu occuper plus d’une fois la première place du podium.

Camille Jourdy avait déjà reçu le Prix RTL-Centres Leclerc en 2009, et le Prix du Public à Angoulême en 2010.
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Rosalie Blum avait emporté auparavant le Prix RTL 2009 et nous avions pu écrire à cette occasion : " Sa trilogie (un volume par an, de 2007 à 2009) est la chronique douce-amère d’êtres qui s’entrecroisent sans vraiment communiquer, taisant leurs sentiments et prenant sur eux leur souffrance dans un jeu social qui n’entraîne qu’insignifiance et l’ennui. L’amour va bouleverser la donne, mais aussi une soudaine sagacité que la curiosité éveille. Comme au théâtre, la trilogie va au dénouement, mais elle laisse en mémoire une galerie de personnages attachants et pittoresques qui en font tout le prix. Avec son trait rehaussé d’aquarelle, le dessin de Camille Jourdy donne beaucoup de douceur à une histoire dont les personnages sont à fleur de peau. Il est heureux que le Prix RTL le mette sous la lumière. En attendant Angoulême ?" Quelques temps plus tard, nous faisions même l’interview de la discrète auteure.

Autant dans le cas de Camille que de Julie, ce sont les œuvres de jeunes créatrices dont c’était le travail de fin d’études. Camille avait écrit cette histoire alors qu’elle était encore à l’HEAR (Haute école des arts du Rhin, anciennement Arts décoratifs de Strasbourg) dont les auteurs de BD qui en sont sortis ont une excellente réputation ; la seconde avait ébauché son récit dans le cadre de la fameuse école de BD de Saint-Luc à Bruxelles. Des œuvres sans prétention ni esbroufe, sincères, honnêtes et très personnelles. Pas étonnant que cela parle aux jeunes réalisateurs.

"Rosalie Blum" de Julien Rappeneau. Des acteurs exceptionnels.
Photo SND
"Rosalie Blum" de Julien Rappeneau
Photo SND

Une adaptation "fidèle", selon l’auteur

Le film est en salle depuis mercredi. L’auteure a apprécié le travail de Julien Rappeneau dont c’est le premier film et qui lui avait fait lire le scénario auparavant. Il l’a invitée deux fois sur le tournage. Elle a été séduite par l’incarnation de ses personnages, en particulier celle de Noémie Lvovsky qui doit être un personnage de BD puisqu’elle se retrouvait aussi dans Les Beaux Gosses de Riad Sattouf. Mais aussi l’exceptionnelle Anémone et les excellents Kyan Khojandi et Alice Isaaz. Et puis par la musique aussi qui remplit l’espace, même quand la narration marque le pas. Certains critiques ont fait la fine bouche, trouvant le film trop léger, trop anecdotique. ils y voient un "feel good movie", pour utiliser un vocable comme le marketing en invente quand il parle de choses qu’il ne comprend pas. Ils ont sans doute raison, mais ces défauts sont des qualités, ils permettent d’aborder l’œuvre sans la pesanteur qui accable en ce moment l’actualité.

Il confirme en tout cas que la bande dessinée reste une grande inspiratrice du cinéma et que les producteurs et les réalisateurs, ayant sans doute épuisé le filon des licences connues, commencent à s’intéresser aux œuvres singulières hors des sentiers battus. C’est une bonne nouvelle pour les jeunes créatrices et créateurs dont les œuvres peuvent être ainsi, dès le début de leur carrière, mis en lumière.

Et pour nous, les lecteurs, qui trouvons là des univers diversifiés, sensibles et originaux déclinés sur des supports également très différents.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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3 Messages :
  • « Preuve s’il en est que les femmes n’ont pas toujours été oubliées dans le palmarès et qu’elles ont pu occuper plus d’une fois la première place du podium. »

    D’une part, il est un peu hâtif d’attribuer à une manifestation le mérite d’avoir décerné à une oeuvre le prix du... public !
    D’autre part, ces quelques prix décernés à des auteures par le Festival d’Angoulême ne sauraient effacer les torts des organisateurs, qui ont été successivement :
    - de ne rien entendre des interpellations du Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme, qui s’élevait contre l’absence patente de parité dans les comités de sélection et dans le Grand Jury, contrairement aux préconisations du ministère de la Culture et aux usages en vigueur depuis quelque temps déjà dans les diverses commissions et dans les jurys de festivals ;
    - d’avoir proposé une liste de 30 nominations pour le Grand prix de la Ville d’Angoulême ne comportant pas un seul nom de femme, de ne pas avoir voulu reconnaître que c’était une erreur, de ne pas s’en être excusé.

    La tentative de réhabilitation des organisateurs par l’insinuation subliminale citée en début du présent commentaire est plus qu’étonnante de la part d’un site qui n’a pourtant pas mâché ses mots au plus fort de la polémique.

    Répondre à ce message

    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 29 mars 2016 à  10:53 :

      La tentative de réhabilitation des organisateurs par l’insinuation subliminale citée en début du présent commentaire est plus qu’étonnante de la part d’un site qui n’a pourtant pas mâché ses mots au plus fort de la polémique.

      Mon cher anonyme-mais-on-sait-tous-très-bien-de-qui-il-s’agit, ce qui est une "tentative de réhabilitation des organisateurs par l’insinuation subliminale" (oh, la formule !) n’est rien d’autre qu’une volonté de relativiser une polémique qui a été particulièrement violente, au-delà même des mots que nous n’avons pas mâchés, merci de l’avoir remarqué.

      Ce genre de procès d’intention va à l’encontre des principes et des gens que tu prétends défendre, j’espère que les gens autour de toi te le feront remarquer car tu n’as par l’air de t’en rendre compte.

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  • Vu Rosalie Blum sans avoir lu les livres. Excellent film, plein de surprises, d’humour et d’émotions. Et musique vraiment remarquable !

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