Qui est le plus monstrueux : ce tueur aux 92 victimes, guidé par un délire christique, ou bien les têtes pensantes de la chaîne Pimento T.V., qui orchestre aussi bien une exécution en direct que son évasion avec d’autres meurtres à la clé ? Tout cela commence à peser lourd dans l’esprit de Rosko, proche de la retraite, et en première ligne dans l’arrestation du serial killer. Autour de lui, cynisme et intérêts personnels envahissent tout. Jusqu’à le persuader qu’il risque de travailler seul, pour parvenir à mettre un terme à ce carnage en prime time.
Un petit air du fameux SOS Bonheur de Van Hamme dans cette société de l’argent roi et du tout payant. La police peut ainsi laisser au voleur le sac de sa victime si celle-ci n’est pas à jour de ses cotisations. Quant à la télévision, ses méthodes s’apparentent à une surenchère permanente pour l’audience : les téléspectateurs votent pour choisir le mode d’exécution du condamné : douche d’acide ou combustion ?
Entre politique-fiction et thriller classique, Zidrou installe une intrigue qui s’équilibre autour de Rosko, vieux routier de la police qui se découvre une conscience à la fin de sa carrière. Il s’appuie sur le dessin sans fioritures de Kispredilov, dont le trait rappelle Moynot et Cosey, et qui donne à ses personnages une dureté parfaitement cohérente.
(par David TAUGIS)
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