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Rue de Sèvres, une nouvelle adresse pour les amateurs de BD.

Par Patrice Gentilhomme le 17 juillet 2013                      Lien  
Déjà bien implanté sur le créneau de la littérature jeunesse et bénéficiant d’une excellente image auprès des enseignants comme des libraires L’Ecole des Loisirs a choisi d’étendre son activité à la bande dessinée.

Succédant à son père Jean l’un des fondateurs de ce fleuron de l’édition jeunesse, Louis Delas a décidé de développer le groupe en créant un label dédié à la BD « de 7 à 77ans ».

Rue de Sèvres, une nouvelle adresse pour les amateurs de BD.
Prévu pour le 11 septembre le premier album réaliste de Zep constituera vraisemblablement l’événement de la rentrée.

Après avoir débuté chez Vents d’Ouest, puis Glénat, et dirigé les éditions Casterman (notamment le pôle BD/jeunesse jusqu’en Novembre dernier), l’ancien directeur a décidé de rejoindre le giron familial pour y créer Rue de Sèvres en référence à la rue où est situé le siège de L’École des Loisirs. Après un départ fracassant de chez Casterman, Louis Delas a constitué une équipe dans laquelle on retrouve des transfuges de sa précédente maison : Nadia Gilbert et Agathe Jacon, respectivement en charge du secteur ado-adulte et du marketing tandis que Charlotte Moundlic a quitté Flammarion pour suivre la BD jeunesse, de même que Maryline Noppe (suivi éditorial). Comme l’affirme le directeur-adjoint Guillaume Fabre, cette opération entend mettre la puissance de communication de L’École des Loisirs au service de la bande dessinée. Un médium que l’éditeur avait déjà commencé à investir au détour d’actions éditoriales principalement orientées vers le public scolaire, les enseignants ou les bibliothécaires.

D’emblée le catalogue s’autorise toutes les ouvertures aussi bien vers le manga "adulte" de Foscari que...

En créant le label Mille Bulles courant 2010, L’École des Loisirs avait réussi une première incursion dans l’univers de la BD. Reprenant un certain nombre de titres déjà publiés par Bruno Heitz, Pascal Rabaté, David Chauvel ou Lewis Trondheim sous couverture souple et à un prix raisonnable. Ce projet se positionnait sur un registre de qualité auquel les outils mis en ligne sur le site dédié apportaient une caution pédagogique. En trois ans la collection a tenté de réunir « le meilleur de la BD jeunesse », pari gagné si l’on considère la variété et la richesse d’un catalogue qui se résume d’abord à une quarantaine de reprises de succès provenant d’éditeurs du genre comme Delcourt, Dupuis, Dargaud ou Dupuis.

Avec Rue de Sèvres, le projet s’annonce plus ambitieux. L’objectif n’est plus de rééditer des titres publiés ailleurs, mais bien de jouer sur la création et l’achat de droits étrangers avec, pour mots d’ordre, ceux revendiqués par son directeur général : qualité et proximité.

Nouveau venu dans un paysage éditorial passablement encombré, Rue de Sèvres entend miser davantage sur la qualité de ses productions que sur la quantité, une démarche à la fois prudente et une prise de risque mesurée qui s’efforce de prendre en compte un contexte général peu enthousiaste. «  À une époque où tout le monde freine, nous, nous nous développons » annonce Louis Delas.

le "space opéra familial" de l’américain Ben Hatke, Zita, la fille de l’espace.

Pour ce qui est de la proximité, si le projet éditorial se veut centré sur le récit en portant une attention à la qualité de l’histoire, travailler avec les libraires et des médiateurs du livre et établir un lien particulier avec les auteurs apparaissent comme des objectifs majeurs du groupe. Tirant profit de l’expérience d’une maison qui s’apprête à fêter ses cinquante ans d’existence, Rue de Sèvres cherche à inventer une maison d’édition où les auteurs se sentent « chez eux ».

Tout en faisant cohabiter des titres adultes et jeunesse, l’éditeur adoptera un rythme de croisière de 40 à 50 albums par an, 6 étant d’ores et déjà programmés pour la fin de cette année.

Dès septembre, c’est Zep qui ouvrira le catalogue avec un premier album intimiste, « une histoire d’hommes ». Un récit dont le thème et le graphisme annoncent sinon une rupture au moins une évolution dans le style et les thèmes d’un auteur familier des gros titrages depuis plusieurs années. Avec une mise en place annoncée de plus de 100 000 exemplaires, ce premier récit pour adultes s’annonce déjà comme l’un des événements forts de la rentrée.

Une histoire d’hommes, la nouveauté de Zep à paraître chez Rue de Sèvres en septembre 2013

Une manière de marquer les esprits pour Louis Delas qui n’entend visiblement pas en rester là puisque suivront Giacomo Foscari de la japonaise Mari Yamazaki (révélée par Thermae Romae), une réédition d’Hugo Pratt (Fanfulla), Zita la fille de l’espace, nouvelle série pour la jeunesse signée Ben Hatke . Alex Alice, Guillaume Sorel, ou Jacques Ferrandez font partie des auteurs annoncés pour 2014.

Les lectrices de Elle retrouveront la BD de Soledad publiée régulièrement par le magazine.

Soucieux de placer « l’auteur au centre »,le concept éditorial s’articule autour de quatre axes : la bande dessinée « ado-adulte », la jeunesse, la BD « tous publics » et quelques ouvrages d’illustrations. L’École des Loisirs dont le catalogue ne compte pas moins de 5 800 titres envisage aussi l’adaptation de grands auteurs « maison » comme Christophe Donner, Susie Morgenstern ou Grégoire Solotareff ! La filiale BD ne s’interdit rien a priori comme une série déclinée en huit tomes en cas de succès.

Redécouverte d’ouvrages oubliés comme ce Fanfulla d’Hugo Pratt.

Qualité et ambition artistique devraient être au rendez-vous d’un projet qui témoigne du volontarisme d’un éditeur bénéficiant d’une bonne image de marque ainsi que d’une santé financière, sans aucune dette ce qui autorise de mener à des projets d’envergure.

Au-delà du joli coup pub prévisible avec l’arrivée de Zep , un solide plan de communication est d’ores et déjà sur les rails. Des présentations au sein de la revue du groupe : L’École des lettres, un site Internet et une page Facebook sont déjà programmés, sans oublier une présence qui ne passera forcément pas inaperçue en janvier 2014 à Angoulême !

Rien ne semble désormais négligé pour permettre de transformer l’essai dans les mois qui viennent. Coup d’envoi, le 11 septembre 2013 ! Nous vous en reparlerons.

(par Patrice Gentilhomme)

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