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Ruptures - Andi Watson - çà et là

Par François Peneaud le 7 juillet 2006                      Lien  
Andi Watson revient avec une courte histoire d'amour et de désamours. De la dentelle sous la pluie.

En deux albums publiés en français (Breakfast after Noon et Slow News Day), Andi Watson s’est déjà fait une réputation de chroniqueur des amours contemporaines. Son nouvel album, Ruptures, s’inscrit dans cette lignée.

Binny est un jeune homme à la bibliophilie assez extrémiste : il collectionne tout et n’importe quel bouquin d’occasion, de préférence marqué par l’utilisation qu’en a faite son précédent propriétaire ; Debby est propriétaire d’une boutique de fringues usagées, et ses amours sont assez compliquées. Leur rencontre inopinée lors d’une soirée chez des amis communs se finit au lit, sans qu’ils se soient donné leur nom.
Évidemment, ce n’est que le début de l’histoire : Binny retrouve la jeune femme et commence alors une relation orageuse et instable, chacun faisant preuve à son tour d’une certaine indécision, pour ne pas dire d’immaturité.

Ruptures - Andi Watson - çà et là

Chez Andi Watson, le ton est léger, mais l’observation est souvent fine. Le scénariste-dessinateur travaille au plus près de ses personnages, exposant sans morale ni condescendance leurs failles, dans une ambiance très moderne.

Le trait est simple et les personnages sont comme dans ses précédents albums croqués en quelques coups de crayon, ici relevés d’un apport de gris créateur d’atmosphère.

Il pleut beaucoup dans cette histoire - Watson n’est pas britannique pour rien. Le ton général n’est pas à l’humour débridé, mais il n’est pas non plus au mélodrame.

Cette tranche de vie est agréable à déguster, et le titre, bien trouvé, réservera quelques surprises au lecteur. Du joli travail, en attendant en septembre la sortie de Little Star, un album plus conséquent.

(par François Peneaud)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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3 Messages :
  • Je ne sais pas, mais j’ai du mal à voir en quoi ce titre est si "bien trouvé".

    Le titre original est Dumped. Au sens propre, c’est un objet que l’on a balancé, rejeté, mis au rebut ; au sens figuré, c’est un petit ami qui a été largué, rejeté, mis au rebut. Nos deux personnages sont entichés d’objets rejetés, fringues pour l’une et bouquins pour l’autre ; et leur relation en dents de scie fait se demander lequel va rejeter l’autre.

    La polysémie du titre original aurait donc été bien rendue par Rejets ou Rebuts. En quoi donc ces Ruptures seraient-elles mieux trouvées ? En essayant de ne pas gâcher la lecture : en allusion à une rupture amoureuse, et une rupture avec le passé ? Est-ce si bien trouvé par rapport à la polysémie d’origine, qui était plus centrée sur la nature des personnages, et qui pouvait se rendre en français ?

    La désinvolture ou la médiocrité de la plupart des traductions françaises de comics, et pas que de leurs titres, ne semble pas avoir cessé de progresser depuis que Manchette a largement massacré l’immense Watchmen d’Alan Moore, ce qui fait que je ne lis plus guère que les originaux en anglais.

    Certes, la situation est souvent bien pire pour les BD "traduites" (réécrites) aux USA, mais il n’en reste pas moins qu’en matière de traduction, la BD reste implicitement considérée comme une sous-littérature indigne de la traduction sérieuse dont bénéficient "les vrais livres".

    Juste pour rire, le texte original de la planche qui illustre cet article :

    (B-DUM, B-DUM, B-DUM)

    — I don’t even know whose party it is.

    — Someone Rob knows. Does it matter, Binny ?

    — Doesn’t look like the sort of do where I’ll find the girl of my dreams.

    — Looks just like the place to find a pissed slapper with low standards.

    — Har har.

    C’est amusant, même les onomatopées de la première case de la première page ont été mal rendues : en français, on dirait des explosions (comme la voiture des Dupondt), ou au moins qu’on est en train de démolir un mur (comme Tintin et son bélier suspendu). Une modeste interprétation de la même partition, un peu plus littérale mais plus respectueuse de l’understatement et de l’argot britanniques :

    (BO-DOM, BO-DOM, BO-DOM)

    — Je sais même pas chez qui on est.

    — Quelqu’un que connaît Rob. Quelle importance, Binny ?

    — Ç’a pas l’air du genre de teuf où je vais trouver la fille de mes rêves.

    — Ç’a tout l’air du bon coin pour trouver une pouffe bourrée et peu exigeante.

    — Ha. Ha.

    Bon, cela dit, sur le fond, c’est tout de même un bon petit livre (environ 50 pages). Il est plus proche de Breakfast After Noon que de Slow News Day, car l’essentiel se concentre sur la relation, sans détours par les aléas professionnels. Mais gageons qu’il était meilleur en anglais. (Et pour être mesquin, il ne coûte en France que 6 euros dans un magasin de comics, au lieu des 10 euros de la traduction.)

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    • Répondu par François Peneaud le 9 juillet 2006 à  02:09 :

      Je pense que ce titre est bien trouvé parce qu’il a plusieurs sens : il parle de rupture amoureuse, certes, mais aussi de rupture avec les habitudes qui empêchent d’évoluer, de mûrir.
      Je pense que le plus important était de rendre d’abord le sens lié aux relations amoureuses. "Rejet", et encore moins "Rebut", me semble ne pas vraiment convenir, vu comme cela.
      Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y aurait pas d’autres solutions, je suppose. La traduction n’est pas une science, après tout.

      Au fait, j’ai laissé passer ce message parce que je voulais y répondre, mais la prochaine fois, mettez votre nom si vous voulez que je fasse de même.

      Quant à la traduction de comics, ce n’est pas moi qui vais vous dire que je la trouve toujours satisfaisante, certains de mes articles en témoignent - celle de cette planche ne me semble pas mauvaise, même si j’aurais fait d’autres choix.
      En tout cas, je critique le travail des autres sous mon vrai nom.

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      • Répondu par LO le 9 juillet 2006 à  19:14 :

        Sky, un intégriste du vocabulaire !

        "Being dumped", est une expression imagée qu’on traduirait par "se faire jeter". Dans ce cas adapter "dumped" par "ruptures" ne me paraît pas scandaleux. En tout cas nettement moins que "déchets" qui pour le coup aurait été carrément crétin. A trop vouloir coller au vocabulaire d’origine, on se prend les pieds dans le tapis, on traduit maladroitement sans respect ni pour l’original, ni pour le lecteur francophone.

        Comme François, je ne vois pas quelles maladresses se glissent dans la page prise en exemple. Perhaps, can you light our lantern ? ;-)

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