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Sabordage de "A la découverte de Tintin : la réponse de Moulinsart

Par Patrick Albray le 2 mai 2003                      Lien  
Nicolas Sabourin, le webmaster du principal site consacré à Tintin qui avait décidé de le saborder suite à la demande de Moulinsart de signer une charte aux clauses abusives, fera-t-il entendre raison au gestionnaire des droits hérités de Hergé? En tout cas, une amorce de dialogue s'est engagée - on verra s'il s'agit bien d'un véritable dialogue ou d'une tentative de désamorcer la bombe lancée par Nicolas - et tous les Internautes qui avaient fait part de leur indignation ont reçu une réponse de Moulinsart.

Quelques extraits de cette réponse :

"Nicolas n’a pas pris la peine de me contacter pour le cas échéant discuter des points qui à son avis, auraient pu lui poser problème. Il a préféré opter pour une solution tapageuse et provoqué une réaction qui n’est pas à la mesure de la demande qu’on lui a adressée et qui selon nous, est respectueuse de l’oeuvre d’Hergé.

(...)

Nous reconnaissons la qualité du site de Nicolas. Sachez toutefois qu’il y a plus de 100.000 pages sur Tintin qui sont dans l’illégalité totale et dont la qualité est très discutable et critiquable. Cet état de chose nous a forcé à établir une charte qui est la même pour tout le monde.

L’objectif poursuivi par la Charte (et le webring) est justement de favoriser un espace libre (pas de censure du contenu sous réserve de respecter les usages de la netétiquette et les règles applicables à tous) et de renforcer sa visibilité par un lien de tintin.com vers cette communauté !"

A cela, Nicolas Sabourin répond :

"Je partage avec Moulinsart S.A. le désir de favoriser la présence de sites web de qualité sur Tintin et d’éliminer ceux qui violent le droit d’auteur et la loi. Je reconnais à Moulinsart S.A. le droit de déterminer quelle utilisation de l’oeuvre d’Hergé est acceptable et d’encadrer son utilisation sur le web, en autant que le droit de citation des auteurs soit aussi respecté. Moulinsart S.A. m’avait annoncé en 2000 qu’elle préparait cette charte et je me suis montré ouvert à l’époque à une telle idée. Malheureusement, je n’ai pas été consulté sur le sujet au cours des trois années qui ont suivi. Ce manque de concertation avec la communauté du web fait en sorte que la charte, si elle est appliquée à la lettre, ne tient pas compte des réalités propres au web."

Et le webmaster, tout en notant que Moulinsart tente d’imposer au reste du monde des éléments de la jurisprudence belge, commente sur le peu qu’il reste de son site les clauses de la charte, tout en prévenant : "En premier lieu, je crois qu’il serait plus approprié de rédiger une charte "pour le grand public" qui expose les grands principes à respecter plutôt que de le perdre dans un langage pseudo-juridique(...). Moulinsart S.A. avait lancé il y a quelques années un campagne "Gardons l’esprit Tintin". Il serait important que la charte ait ce même esprit".

Malheureusement, ce n’est pas Moulinsart qui avait initié cette campagne, mais Casterman. Un éditeur. Pas une caisse enregistreuse sur un nid de juristes.

(par Patrick Albray)

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7 Messages :
  • > Commentaire
    3 mai 2003 15:00, par Albray

    A force de vivre dans un monde de juristes, on en perd le contact avec la réalité. A force de ne communiquer que par des contrats aux clauses absconses, on devient incapable de s’exprimer autrement que par des injonctions, clauses d’interdiction et lettres de menaces.

    Moulinsart vient de le démontrer une fois de plus en tentant d’imposer une charte abusive aux sites Internet parlant de Tintin.

    Pour se justifier, le gestionnaire de l’héritage d’Hergé avance qu’"il y a plus de 100.000 pages sur Tintin qui sont dans l’illégalité totale et dont la qualité est très discutable et critiquable."

    Qu’il y ait un travail pédagogique vis à vis des créateurs de sites amateurs est évident, mais est-ce une méthode adaptée. Ces sites sont faits bénévolement, par simple passion, par des gens comme vous et moi et par des enfants, pas par des studios d’infographistes au budget conséquent. Ils ne connaissent donc pas les limites de ce qu’il est tolérable de faire et n’ont sans doute pas les moyens de faire mieux.

    Qu’ils soient faits dans l’illégalité si l’on s’en tient aux termes stricts de la loi, c’est indéniable aussi. Mais causent-ils pour autant un préjudice à Moulinsart ? Pour la vision étroite des juristes, trop enclins à restreindre le plus possible l’interprétation de cette loi, peut-être. Pour les gens normaux, ils participent plutôt à la vitalité de l’oeuvre d’Hergé.

    "L’objectif poursuivi par la Charte (et le webring) est justement de favoriser un espace libre (pas de censure du contenu sous réserve de respecter les usages de la netétiquette et les règles applicables à tous) et de renforcer sa visibilité par un lien de tintin.com vers cette communauté !" continue le juriste. Qui lui expliquera qu’une communauté ne s’impose pas par des règlements ?

    Une communauté, c’est un ensemble de gens qui se réunissent à un endroit et se lient parce qu’ils s’y sentent bien. Or, comment se sentir bien dans un endroit où l’on commence par vous asséner une vingtaine de lignes en jargon juridique pour dire qui est le Grand Maître avant de revenir à la langue française pour bien vous faire comprendre tout ce qui est interdit et tout ce qui nécessite une autorisation écrite de sa part ? Ce n’est plus une charte mais un serment d’allégeance !

    Moulinsart tente de traiter Internet différemment des autres medias. Il ne parle pas (oh ! quelle étrange distraction dans un texte dont il nous dit qu’il a fallu trois années pour le rédiger !) du droit de citation, qui autorise la reprise d’extraits dans certaines conditions.

    Il n’aurait jamais osé une telle démarche vis-à-vis des chroniqueurs BD et des journalistes du "Soir", de "Libération", ou de n’importe quel autre support de presse car il sait qu’ils lui auraient ri au nez : ils sont parfaitement conscients qu’ils sont autorisés à publier des extraits sans l’accord des ayants droit, dans des conditions inscrites dans la loi, et que l’usage a élargies. C’était bien entendu avant le juridisme malsain à l’américaine que Moulinsart semble vouloir importer en Europe.

    Les diverses clauses abusives de cette charte lui ôtent toute valeur. Un avertissement envoyé par e-mail n’est pas plus légal. Nous invitons donc tous les créateurs de sites qui le recevraient à l’ignorer et à ne se plier en aucun cas au texte qui se trouve sur le site "officiel" (un site "officiel" qui n’est pourtant actuellement qu’une rubrique des sites de France 2 et France 3).

    Moulinsart pourra toujours envoyer des lettres recommandées de menaces aux quatre coins du monde aux centaines d’auteurs des 100.000 pages qu’il a recensées. Ou à faire un exemple. Mais on a déjà vu ce que cela donnait avec la première salve : aucun site sérieux ne signera un tel texte ! Trois ans de travail pour en arriver à un document inutilisable... Est-ce vraiment gérer l’héritage d’Hergé en bon père de famille ?

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  • Je ne "réponds" pas à cet article, qui fait remaquablement le point. Je profite seulement lâchement de l’occasion pour saluer ici le travail de Patrick Albray. Une bonne fois pour toutes.
    Encore merci !...

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  • Une fois de plus les héritiers de la manne financière Tintin ne voient pas plus loin que leur porte-monnaie.
    Il y a déjà quelque temps, ils avaient déjà fait fermer certains sites Tintin (surtout des sites de pastiches). Maintenant ils s’attaquent aux sites de passionnés, ceux qui remplissent les caisses de Moulinsart en achetant et en faisant acheter du Tintin.
    Ces financiers ne sont pas dignes de gérer le patrimoine Tintin.
    Un boycott général de albums de Tintin et de leurs dérivés les toucherait peut-être.
    Peut-être faudrait-il considérer Tintin comme un patrimoine de l’humanité et le faire gérer par une ONG à but non lucratif ?
    En tout cas, ces histoires ne font que porter ombrage à l’oeuvre créee par Hergé.

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    • Répondu par J Dahmer le 29 août 2003 à  15:27 :

      Tintin ne serait il lu que par des bolchéviques ?
      Je rappelle que nous vivons dans une société libérale où les personnes ont droit de gagner leur vie .
      Si monsieur et madame Roswell désirent exploiter l’oeuvre agonisante qu’Hergé a lui même voué à la disparition en refusant (comme je l’ai déjà expliqué)la reprise et la perpétuation des aventures de Tintin par de nouveaux artistes ; avant que celle-ci ne sombre complètement dans l’oubli général ; que peut-on vraiment leur reprocher ?
      D’être encore en vie et de fait de subir les conséquences du véto scélérat du "Maitre" ?
      Tintin est mort de la volonté d’Hergé , ses ayants droits s’occupent seulement de survivre au naufrage ; inutile de les accabler.
      Le seul coupable c’est Hergé.

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  • Bravo pour la réaction de Nicolas, qui montre la voie à tous ceux que les lubies de Monsieur R. exaspèrent. C’est en effet simple : en 2003, et depuis pas mal de temps déjà, Tintin et son univers ne sont plus indispensables. Cette évidence, seul Monsieur R. ne l’a pas comprise. Il s’emploie donc consciencieusement à scier la branche sur laquelle il est assis. Ce sont les passionnés, les bédéphiles, qui maintiennent de la vie dans ce qui ne serait que poussière à l’ombre de Moulinsart SA.

    Professionnel du marketing, je suis atterré par l’amateurisme total avec lequel le marketing de Tintin est fait depuis nombre d’années au nom de Moulinsart SA. Les gens de Casterman doivent s’en arracher les cheveux...
    Dans cette politique du n’importe quoi, Moulinsart SA est sur la défensive. Alors, faute d’idées on cherche querelle, on ressasse, on croit protéger à coup de textes. Dans le commerce international, cela s’appelle une attitude protectionniste, qui - l’Histoire le montre à l’envi - se retourne toujours contre ses auteurs. Il serait amusant que le "Not approved by Moulinsart" ait autant de succès que le "Made in Germany" (inventé rappelons-le au XIX° siècle par les Anglais pour bloquer l’expansion commerciale des Allemands et qui l’a au contraire accélérée).
    Mais bon, il est un peu tard pour s’énerver. Depuis 30 ans, les générations grandissent sans Tintin et à la place, il y a Titeuf, les mangas et les jeux vidéo.
    Et ce n’est pas de la prose plus ou moins juridique qui va ramener de nouvaux lecteurs...

    P. Morard

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  • Pauvre Nicolas,
    C’était la pure volonté d’Herge d’emporter Tintin avec lui dans la tombe en interdisant toute reprise de ses personnages.
    Hergé s’est maintes fois exprimé defaçon sans équivoque sur ce sujet.
    De fait ; ça fait longtemps que le "Titanic" Tintin a sombré, alors pourquoi s’acharner sur quelques pieuvres égarées dans la cave à vin ?
    Tintin est mort , paix à ses cendres et passons à autres choses.

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    • Répondu par J Dahmer le 4 septembre 2003 à  14:21 :

      Je dirais même plus:de Roger Leloup (avec Yoko Tsuno) à J Martin (Alix) en passant par Greg les principaux collaborateurs d’Hergé ont senti le vent venir et se sont débrouillés pour quitter le Tintintanic avant l’iceberg ( "Plus de Tintin après ma mort")et ont émigrés vers d’autres horizons.
      Les déboires de Moulinsart inc dans lesquels les Rodwelleirs se débattent actuellement tiennent principalement à ce diktat imbécile du "Maitre" qui sabote toute création et perspective d’avenir :combien de temps les lecteurs se satisferont-ils de rééditions bancales de vieux machins irregardables ?
      Pourquoi avoir frustré Bob de Moor de la finalisation de l’Alph-art si c’était pour nous imposer "triomphalement" vingt ans après cette flaque de "Tintin au Pays des Soviets" ?
      Ils tournent en ronds , ils ne savent plus quoi faire.
      Que vont-ils nous offrir pour le prochain anniversaire de Tintin ?
      Une réédition couleur des premiers langes du "génie" Hergé ?.

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