À l’époque d’Edo, Sabu est un simple agent privé doté d’un sens aigu de la justice et qui a hâte de faire ses preuves auprès du gouverneur de la province. Lors des affaires auxquelles il prend part, son ami Ichi, masseur aveugle d’âge mûr, lui vient régulièrement en aide. En effet, en dépit de son métier et de son handicap, Ichi est en réalité particulièrement redoutable sabre en mains. Ensemble, les deux compères se font donc défenseurs de la veuve et de l’orphelin.
Assistant d’Osamu Tezuka dans ses débuts, Shôtarô Ishinomori garda de cette expérience un trait proche de celui du maître, entre tradition asiatique et cartoons occidentaux. Il hérita également des thématiques qui lui étaient chères : aventure, humour et humanisme. Ce sont bien ces thèmes-là que l’on retrouve tout au long des 1136 pages du premier tome de Sabu & Ichi.
Le jeune agent, tout en bas de l’échelle hiérarchique, maniant la corde et le masseur au sabre camouflé en canne et aux sens décuplés pour compenser celui qui lui fait défaut, mènent donc l’enquête dans de nombreuses affaires, souvent de meurtre. Et là où les différents chapitres auraient pu sembler répétitifs, Ishinomori est parvenu à apporter ce qu’il faut d’originalité, de variété pour que l’on ne s’ennuie jamais. Chaque cas possède ses particularités, brassant une large palette de motifs et de situations. L’auteur en a profité également pour nous faire entrer par moments dans l’intimité des deux protagonistes, notamment pour dévoiler les sentiments d’Ichi et l’accident qui lui fit perdre la vue.
Cette édition condensée est donc une excellente occasion de se plonger dans l’œuvre d’un grand mangaka encore bien méconnu par chez nous. Ça vaut bien les 29 euros que coûte chaque tome.
(par Baptiste Gilleron)
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