Bienvenue à Boboland, le dernier livre du tandem Dupuy-Berberian, manquait singulièrement de souffle, et si l’élégance graphique était comme toujours de mise, on se demandait vraiment ce que voulait raconter la célèbre entité bicéphale dans cette autoparodie.
Pour faire suite, Berberian publie ce pavé orange, qui est sa véritable première bande dessinée en solo. Il y avait bien eu Playlist [1], un livre de dessins sur la musique paru il y a quelques années, mais on ne pouvait pas à proprement parler de bande dessinée.
Avec Sacha, Berberian fait ce qu’il sait le mieux faire : de l’observation. Il dresse le portrait de divers personnages que rien ne relie à priori. Mais au fil du récit, leurs destins vont se croiser, et chaque personnage dans son rapport aux sons, à la musique et au bruit montrera une facette de cet instantané de vie. Les cinéphiles penseront à Robert Altman ou Paul Thomas Anderson en refermant ce livre.
Le découpage est d’une grande finesse, le noir et blanc met en valeur le trait élégant. Récit mélancolique et drôle sur le tourbillon de la vie, Sacha nous interroge sur notre perception du bruit quotidien.
Après la séparation des Beatles, Paul Mc Cartney avait enregistré Ram, l’un de ses plus beaux disques. Charles Berberian vient d’en faire autant, sans même avoir à se séparer de son complice…
(par Morgan Di Salvia)
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[1] Chez Naïve en 2004.
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