Salon du Livre de Paris 2011 : Au rendez-vous des bulles

Cette année, la plupart des éditeurs de BD sont présents, sauf Soleil qui ne vient jamais, et Delcourt qui a choisi d’aller fêter ses 25 ans ailleurs. D’autres éditeurs ont fait l’impasse, mais pas Hachette qui, après avoir réduit son espace, revient en catimini.

Bertrand Morisset et Guillaume Pahlawan nous ont préparé un programme BD qui mérite le détour, avec des expos, des conférences, une présence massive d’auteurs, le tout dans un environnement qui fait la fête aux livres, mais pas seulement sur papier : les livres numériques aussi, pour la démonstration duquel la BD a été principalement sollicitée.

La « Duchesse de la mort » comme la surnomme son biographe François Rivière [1] fait l’objet d’une exposition rétrospective autour des BD qu’elles a inspirées et qui sont publiées sous le label Emmanuel Proust. Planches et illustrations originales emmèneront le visiteur dans les filets de la Reine du crime.

N’ayant pas réussi à obtenir une franche collaboration des éditeurs nordiques pour la présence de la BD au salon (voir l’interview de Bertrand Morisset, son directeur) Grzegorz Rosinski, Jean Van Hamme et Le Lombard ont offert de mettre en avant le plus célèbre viking de la BD franco-belge : Thorgal. Dessins et peintures originales viennent ponctuer, sur près de 200 m2, une actualité qui cette année est particulièrement forte pour le personnage.

Autre exposition, à l’initiative de Pika : Le manga français. Cet éditeur a été le premier à publier des mangakas par de jeunes auteurs francophones. En 2010, les auteurs de la série Dreamland plaçaient leur titre parmi les meilleures ventes. Ce sont les cinq ans de la série qui sont célébrés ici par une exposition d’un collectif d’auteurs où l’on compte Reno Lemaire (Dreamland), Miya (Vis-à-Vis), Vald (Catacombes) ou Moonkey (Necromancer).

Car le Manga reste un secteur actif dans la bande dessinée en France et est marqué ici par la présence de Motorô Mase, l’auteur de la série Ikigami (Kazé), dans une grande rencontre animée par Olivier Fallaix (rédacteur en chef d’Animeland, une revue qui fête ses 20 ans cette année).

La BD japonaise donne d‘ailleurs le ton à un débat sur le piratage de la BD numérique, en collaboration avec la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image : « Scantrad or not scantrad ? ». Nous avons déjà parlé de ce phénomène de fans qui traduisent avant publication en France des mangas célèbres, qui les mettent en ligne sans payer un moindre fifrelin de droit et qui récoltent bien entendu une audience record. D’abord toléré par les auteurs, ce phénomène est maintenant combattu avec vigueur, vu les enjeux de la BD numérique. Experts et éditeurs en discuteront dans une table ronde.

Le Cosplay n’est pas absent non plus puisque l’association Sohei organise un défilé le samedi après-midi [2]. Un autre débat avec les principaux éditeurs de mangas parleront de la nouvelle segmentation de ce secteur (sujet d’un de nos prochains articles).

Séances de speed-booking d’éditeurs, évènement France Télévisions autour de Titeuf, le film, la bande à Tchô ayant également droit à un débat, un combat de dessins pour le magazine Zoo, une rencontre avec Grezgorz Rosinski, le dessinateur de Thorgal, un débat sur les 20 ans d’Animeland seront également au rendez-vous, de même qu’un spectacle dessiné avec Fabrice Tarrin, Bastien Vivès, Merwan, Joe G. Pinelli et Christopher, un concert avec un bagad de cornemuses, percussions et bombarde, s’il vous plaît !

Le numérique, récemment mis en vedette par une action de la Communauté Européenne contre les éditeurs français pour « entente » déloyale, alors qu’ils essayaient d’harmoniser leurs positions pour maintenir les effets de la Loi Lang que le commerce électronique, est un des coups de projecteur de cette édition. «  Les observateurs sont unanimes, l’édition du manga au Japon doit sa sortie de crise au numérique qui lui a ouvert de nouveaux débouchés économiques » nous disent les organisateurs. Une table ronde regroupant des spécialistes de la bande dessinée japonaise analysera cette situation et notamment la question de savoir si leur modèle est exportable.

On notera la présence du dessinateur argentin Quino (l’auteur de Mafalda) dans un débat intitulé « Du rire aux larmes ».

Un grand cru 2011 !