Samidare a été publiée dans le magazine Young King Ours dont la ligne éditoriale affichée est de gommer la scission habituelle entre shonen et seinen. Le titre est relativement emblématique de cela et joue très souvent sur des faux-semblants. L’intrigue initiale (protection de la terre contre une menace fantastique – le marteau géant qui plane dans le ciel) était déjà renversée par le souhait de l’héroïne d’être celle qui détruirait la terre, et se trouve à présent compliquée, dans ce quatrième volume, par l’intervention des personnages secondaires. L’impression d’avoir affaire à un simulacre dont la forme et les enjeux véritables demeurent celés n’a jamais été aussi forte qu’à la lecture de ce tome.
Contrairement à d’habitude, l’action y est peu présente. Mais le rythme reste très soutenu, puisque nous découvrons tour à tour les différents chevaliers, leur passé, leurs motivations. La galerie de portraits est très efficace, dynamique malgré le risque engendré par cette pause dans le récit, et certains personnages que l’on attendait pas vraiment a priori s’imposent d’eux-mêmes, comme Hyo, le Chevalier Chat.
Surtout, cette pause dans l’action est l’occasion d’introduire de nouveaux thèmes qui changent le regard sur l’intrigue. Le Temps et le Savoir deviennent explicitement des enjeux, et les mystères liés au Chevalier Espadon et à Animus semblent dépasser le cadre initialement posé à l’action par les deux héros principaux, Yuhi et Samidare. Il va donc leur falloir se réapproprier celle-ci, ce qui relance complètement la logique et la dynamique de la série.
Ce quatrième tome de Samidare joue donc d’un faux rythme très réussi : là où on pouvait s’attendre à un volume statique de présentation nous observons un subtil déplacement du centre de gravité de l’intrigue auquel les personnages principaux devront faire face, ce qui ravive d’autant l’intérêt du lecteur.
(par Aurélien Pigeat)
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