Sebring 70, La 12e heure - Par Christian Papazoglakis & Youssef Daoudi - Glénat

1970, alors que les États-Unis s’enlisent dans la guerre du Vietnam et que, partout, des voix contestataires se font entendre, une partie de la population a les yeux rivés sur un autre événement : la 20e édition des 12 heures de Sebring.

Cette année, toutes les plus grandes stars de l’époque sont sur la ligne de départ de cette célèbre course d’endurance automobile : Jacky Ickx, Jo Siffert, Pedro Rodriguez et même l’acteur Steve McQueen ! Moins clinquante, la modeste écurie familiale McCoy, portée par le jeune Julian, vit peut-être ses derniers instants. À cours de moyens, c’est la course de la dernière chance pour elle...

Dans la foulée de la collection Calandre de Paquet, Glénat avait inauguré sa collection Plein Gaz, qui totalise déjà seize albums. Youssef Daoudi & Christian Papazoglakis ne sont d’ailleurs pas novices en la matière ! En effet, si Papazoglakis a fait partie du Studio Graton, participant tant aux derniers titres de Michel Vaillant qu’aux Dossiers de la série, il a co-réalisé les trois Chapman, 24h du Mans, Ayrton Senna et Alpine pour Plein Gaz. Quant à Daoudi, il est l’auteur de Ring (coscénario d’Ilias), ce qui amène les deux auteurs à avoir participé à près de la moitié des albums de la collection.

C’est pourtant la première fois que les deux auteurs collaborent... et que Daoudi réalise le scénario d’un album qu’il ne dessine pas ! Ce qui n’empêche pas l’auteur de Mayday ou Tripoli de signer un excellent récit : il parvient à maintenir un savant équilibre entre sport mécanique, passions humaines, et préoccupations de société. Si les albums de courses automobiles ont souvent du mal à aligner autre chose que de belles carrosserie, Sebring 70 multiplie les points d’intérêt (comme la participation de Steve McQueen) afin de mieux comprendre la force de la course, sans négliger un suspense intense qui dépasse largement le classement à l’arrivée.

Les tensions se ressentent sur la piste, mais également dans les paddocks, où les deux frères réglent leur compte

Derrière une approche documentaire, il faut effectivement souligner la rivalité sociale qui tend les Américains à propos de la Guerre du Vietnam, superbemment illustrée par les dissensions entre les deux frères de l’écurie McCoy. Les schémas psychologiques de cette famille dévouée à la passion automobile passionnent, quitte à reléguer les vrais vainqueurs de la course au second rang. Le coup de théâtre final éclipse d’ailleurs finalement l’aspect historique : on aurait même pu apprécier que les détails authentiques laissent plus de place à la fiction.

Christian Papazoglakis participe à cette réussite. Bien entendu, son expérience lui fait réussir ses voitures et ses effets de course, mais ses personnages laissent transparaître une large palette de sentiments, ce qui permet de frémir avec les pilotes et de vivre pleinement l’intrigue.

Sebring 70 prouve qu’on peut réussir un excellent one-shot autour des passions automobiles sans sacrifier la dimension psychologique !

Dans la passion de la course, Vietnam et difficultés familiales ressurgissent...