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Ségolène Royal, reine de la Cité de la Bande Dessinée !

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 22 juin 2009                      Lien  
Le Musée de la BD d’Angoulême a officiellement ouvert ses portes samedi dernier, en présence de ceux qui ont fait de la bande dessinée le joyau de la cité angoumoisine. Mais les médias et une bonne part du public n’avaient d’yeux que pour… Ségolène.
Ségolène Royal, reine de la Cité de la Bande Dessinée !
Avec Gilles Ciment, directeur de la Cité, et Philippe Lavaud, maire d’Angoulême : Sous le feu des caméras
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Depuis ce moment magique où Hergé offrit une planche de Tintin au Tibet à son musée, dans les mains de sa directrice Monique Bussac, Angoulême a été touchée par la grâce du Neuvième Art.

Le Musée d’Angoulême était un musée provincial pas du tout prévu pour héberger une collection de planches originales de bande dessinée. Ce cadeau fait en 1977, acte fondateur s’il en est, impulsa une dynamique qui aboutit aujourd’hui à l’inauguration d’une Cité Internationale de la bande dessinée comprenant un musée, une bibliothèque patrimoniale associée à la Bibliothèque Nationale de France et destinataire du Dépôt Légal pour la bande dessinée, une bibliothèque publique spécialisée, une résidence internationale d’artistes (la Maison des auteurs), une librairie comportant l’un des plus larges choix de bande dessinée d’Europe, un cinéma de deux salles d’art et d ‘essai et de recherche, un espace de consultation Internet et un restaurant panoramique situé en haut du bâtiment Castro qui surplombe la passerelle qui relie les deux rives de la Charente et les différents bâtiments qui composent cette Cité.

Francis Groux n’est pas peu fier de cet accomplissement. Il est, avec Jean Mardikian et Claude Moliterni, l’un des trois fondateurs emblématiques du Festival d’Angoulême, il y a 37 ans.
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Hergé, le détonateur

« La vision des politiques successives a évolué dans le bon sens, nous raconte Jean Mardikian, l’un des trois fondateurs du Festival d’Angoulême, ancien adjoint au Maire pour la culture, et qui suivit pendant plus de trente ans le projet du Festival et du Musée de la Bande Dessinée jusqu’à aujourd’hui. [1] En crédibilisant notre festival quatre ans après sa création, Hergé a été vraiment le détonateur de l’ambition culturelle qui a abouti au musée que vous avez devant les yeux aujourd’hui. »

Derrière Ségolène Royal (à gauche), Jean Mardikian est à la foi ému et circonspect. Il fut le premier homme politique à croire à l’installation durable de la bande dessinée à Angoulême.
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

David Cameo, élu à Angoulême à l’âge de 24 ans et devenu lui aussi adjoint à la culture en charge de la relation avec le Festival, une mission qu’il a occupée pendant douze ans en explique le développement : « L’idée c’était que l’identité BD d’Angoulême ne soit pas uniquement polarisée sur le Festival. Il fallait absolument qu’il y ait des éléments structurels qui restent, patrimoniaux d’un côté, de création de l’autre, de façon à ce que les Angoumoisins puissent visualiser sur une année l’activité de bande dessinée dans leur ville. Le premier musée est né d’une collection existante, des acquisitions qui ont été opérées par l’état et complétées par des donneurs, mais aussi avec les moyens de la ville. Dans les rapports avec l’État, soyons clairs, la notion même de musée de la BD n’enthousiasmait pas la Direction des Musées de France, l’autorité de tutelle. Mais la qualité de la collection, qui commençait à devenir importante, a convaincu les conservateurs qu’il y avait là quelque chose qui relevait du patrimoine national. Les débuts n’ont pas été si faciles car les responsables en charge du dossier étaient favorables à l’image, aux nouvelles technologies, à l’animation et pas vraiment en faveur du patrimoine, considéré comme quelque chose de passéiste. Cette vision a changé aujourd’hui car ils ont compris que les créateurs étaient au cœur de ces processus de production et qu’il fallait que cette collection patrimoniale puisse être montrée précisément en liaison avec une création vivante, avec les autres activités numériques comme l’animation. Cela aujourd’hui, l’État l’a compris. Le Musée d’Angoulême a le label des Musées de France, ça veut bien dire ce que ça veut dire. »

L’art de la bande dessinée

Représentant la Ministre de la Culture, Marie-Christine Labourdette, directrice des musées de France : "La bande dessinée est un art"
Photo : D. Pasamonik. (L’Agence BD)

La directrice des Musées de France, Marie-Christine Labourdette, représentante de la Ministre de la Culture retenue par l’inauguration du Parthénon en Grèce ce jour-là, ne dit pas autre chose : « Ce Musée est là pour insister sur le fait que la bande dessinée est un art et qu’à côté des arts classiques, elle méritait aussi que l’on s’interroge sur sa mémoire et sur sa technique. C’est à cela que sert un musée : apporter une vision à la fois rétrospective et en profondeur de cet art spécifique. En visitant ce Musée, on se rend bien compte que la bande dessinée est finalement l’articulation de deux modes d’expression très spontanés qui sont l’image qui est immédiate et qui disparaît et la parole qui se trouve pérennisée pour l’éternité par la mise sur le papier. On peut faire dans ce Musée à la fois une promenade historique, mais aussi géographique, à travers les différents continents qui ont marqué la bande dessinée, que ce soit l’Europe, l’Amérique ou l’Asie. »

Un long serpent de vitrines-tables

Installé dans d’anciens chais à vin, le musée frappe par sa structure, relativement basse, et son éclairage tamisé. Un long serpent de vitrines-tables arpente les 1330 m² de l’édifice dans des formes douces aux couleurs pastel (Voir l’article de Thierry Lemaire sur ActuaBD : "Musée de la BD d’Angoulême : les premières images) . Comme nous le dit l’architecte du musée, Jean-François Bodin qui a travaillé sur une quinzaine de musées, du Centre Georges Pompidou, au Musée de l’architecture et du patrimoine, du Musée Matisse à Nice au Château des ducs de Bretagne à Nantes, mais aussi sur une centaine d’expositions : « Ce Musée n’est pas pour moi un cénotaphe. Il est destiné, selon la formule consacrée, à « conserver, étudier et donner les œuvres à la délectation du public. » La partie de conservation et d’étude, avec le Dépôt Légal, est une part importante et contraignante du projet. Après, vient la délectation. La bande dessinée présente la même difficulté de présentation que les calligraphies ou les livres anciens. Il y a des conditions climatiques et de lumière très importantes si on veut passer ces collections aux générations futures. L’éclairage doit être de 50 lux maximum, ce qui est très peu. C’est aussi une collection fragile qui, pour des raisons de conservation, doit être complètement renouvelée tous les trois mois. Nous ne pouvions pas non plus privilégier une présentation à la verticale qui apporterait des risques quant à la conservation. Nous n’avons pas l’intention non plus créer des zones allusives au mode d’expression de la bande dessinée, avec des marsupilamis qui bondiraient partout, ou en référence à une période historique donnée. Nous voulions un lieu qui aurait la simplicité, pour ne pas dire la neutralité, d’un musée d’art contemporain. La délectation s’associe assez bien avec la sérénité. J’ai vu de jeunes enfants qui étaient installés dans les banquettes que nous avons systématiquement installées tout au long du parcours et qui sont des lieux de lecture. Ce musée associe en effet le fait de montrer des oeuvres avec la possibilité de s’en saisir et de les consommer : On vous guide dans une chronologie, dans une écriture, dans une technique et on vous donne le résultat de ce processus. C’est un peu comme si le visiteur organisait sa propre visite.  »

Ambroise Lassalle, conservateur du musée, fait la visite à Ségolène Royal et à Philippe Lavaud. Derrière eux, dans l’ombre, Gilles Ciment, directeur de la Cité Internationle des Images
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)
Le conservateur du musée dans le "Trésor" des archives nous montre l’une des trois planches d’Hergé appartenant à la collection : "Oui, vous pouvez photographier..."
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Une inauguration… Royal

Les Charentais n’ont peut-être pas, comme les Belges, de monarque, mais ils ont Ségolène. Elle a été la super-star de la folle journée qui a ouvert le Musée de la Bande Dessinée d’Angoulême. La présidente de Poitou-Charentes fit la visite avec application, écoutant les explications du jeune conservateur du Musée, Ambroise Lassalle. Mais elle dut, pour des raisons protocolaires, accélérer sur la fin, sautant sans le vouloir l’étape des planches remarquables, ou encore celle des mangas…

Bah, cela lui donnera l’occasion de revenir.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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Code EAN :

Musée d’Angoulême
Cité Internatonale de la Bande Dessinée et de l’Image
Toutes les infos sur le site de la Cité

Lire l’interview de Philippe Lavaud, maire d’Angoulême, à propos de cette inauguration

 
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