Deux amérindiens se rencontrent dans une plaine colorée. Deux pages plus loin, ils rencontrent à nouveau, mais cette rencontre n’a rien de commun avec la première. Plus loin, encore, ils se retrouvent, des détails ont changé, leurs rôles aussi, c’est une nouvelle première rencontre. Plus loin, toujours, ils sont face à face, mais leurs visages sont comme des masques avec des attributs totémiques. Bientôt, le lecteur ne sait plus qui est qui, ni où se dirige le récit. C’est normal, ce monde a changé depuis qu’il a entamé la lecture de cette bande dessinée...
Vertigineux est certainement le premier mot qui vient à l’esprit lorsque l’on referme ce nouveau livre de Thomas Gosselin. Difficile de savoir si l’on a bien compris ce que l’auteur voulait exprimer dans ce labyrinthe, où la philosophie joue les miroirs déformants, où le statut de personnage de fiction est sans cesse remis en question, où chaque page n’est qu’une interrogation de la précédente. Livre habité, dans le sillon des « Philémon » de Fred et des expérimentations de Moebius, « Sept milliards de chasseurs-cueilleurs » est un album fou, avec une logique toute particulière. Si l’on accepte cette convention de l’absurde, l’expérience de lecture est fascinante. Si on la rejette, autant passer son chemin.
(par Morgan Di Salvia)
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