Évidemment, on pense au B.C. de Johnny Hart (d’ailleurs lui aussi publié par Dargaud), un auteur américain de cartoon qui avait commencé par une assez brillante parodie de l’âge de la pierre très teintée d’actualité contemporaine, pour finir dans une dérive créationniste impulsée par sa conversion au mouvement des Born Against Christians.
On ne souhaite évidemment pas le même parcours à Jul, le seul caricaturiste de Charlie Hebdo bardé de diplômes (Normal Sup, puis agrégation, ayant brièvement enseigné l’histoire chinoise…) et qui s’est fait connaître par les hilarants Il faut tuer José Bové, portrait décapant des mouvements écologiques et alter-mondialistes, et La croisade s’amuse, un précipité humoristique de la gouvernance de l’administration Bush.
Dans Silex and The City, il tente une chronique contemporaine transposée 40.000 ans avant notre ère avec une famille d’Homo Sapiens tellement évoluée qu’elle a déjà des patronymes très parlants : Blog, prof de chasse dans le civil, Spam, maman prof d’histoire-géo, et leurs deux insupportables mômes, Url, le cadet, militant anti-darwiniste radical, anti-chasse, anti-fourrure évidemment et violemment opposé aux nouvelles technologies polluantes comme le feu par exemple. Sa sœur, Web, s’entiche d’un gars des beaux quartiers, Rahan de la Pétaudière, qui ne sort jamais sans son crocodile apprivoisé qui répond au doux nom de Lacoste.
On voit bien quel retour en arrière Jul veut nous faire vivre, celui d’une déconstruction ravageuse, finalement plus efficace qu’une opposition un peu stérile, notamment dans cette figure imposée où le chef de l’état est systématiquement le gendarme rossé par guignol.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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