Hou là, c’est « Règlement de compte à OK Corral » dans Charlie Hebdo cette semaine. On sait que Joann Sfar y tient sa chronique « Mon Cahier d’éveil » depuis l’été dernier. Un billet souvent tendre où il aborde d’une semaine à l’autre divers sujets d’actualité sans véritable lien entre eux. Une tribune libre, en quelque sorte. Dans le même journal, un autre éditorialiste, le dessinateur Siné, l’un des piliers historiques du journal, a lui aussi sa colonne (comme Wolinski), bien plus corrosive, intitulée « Siné sème sa zone ».
Cette semaine, le vieil anar jadis condamné pour avoir offensé le Général De Gaulle s’en prend à l’auteur du Chat du Rabbin. Il n’a pas apprécié que dans le numéro précédent Sfar critique un dessin de Willem également collaborateur du journal et pilier de Libération. Siné n’a pas aimé en particulier une histoire où Sfar dessine deux poissons emballés dans un Charlie Hebdo, lesquels devisent sur un dessin de Willem représentant Sharon ordonnant à Abbas, caricaturé en chien, d’attaquer des terroristes ceinturés de bombes.
Dans son édito, Siné commence d’abord par une citation de Sfar : "Moi, j’aime beaucoup les dessins de Willem, surtout quand je ne les comprends pas".
Puis il décrit son dessin : « C’est un poisson allongé sur le dos, en train, mais je n’en jurerais pas, de se faire sauter par un autre, tous deux enveloppés dans un vieux « Charlie Hebdo » -par pudeur, j’imagine- qui annonce ça à son copain. Puis évoquant un excellent et récent dessin de Willem qu’il a cru comprendre [Siné reproduit le dessin]et qui donc ne lui a pas plu et qui l’a même fait « frissonner », il pose à son pote, vautré sur lui, cette venimeuse et très perfide question : « Tu crois qu’il est content quand il dessine ça ? ». Et Siné de conclure : « A lire ces propos la semaine dernière dans « Charlie » sous la signature d’un certain Joann Sfar, c’est exactement la question que je me posais, mais à son sujet ! »
Force est de constater que, chez Charlie Hebdo, ça ne rigole plus. La vieille garde flingue la jeune avec vigueur. C’est nouveau. Comme disait l’autre, « Ne dites pas à ma mère que je travaille dans une feuille satirique : elle me croit rédacteur au « Journal des Débats. »
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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