Sismic Festival, onde de choc de la bande dessinée en Suisse

Nous vous en avions déjà parlé, le Sismic Festival a repris le flambeau de feu le festival international de Sierre, disparu en 2005 suite à une rupture entre l’équipe organisatrice et la ville valaisanne accueillant la manifestation. Depuis, une petite équipe de passionnés du neuvième art s’est battue pour garder le patrimoine que la ville avait récolté au cours des années. Mais malgré ce passé, lancer un nouveau festival correspondait à un véritable retour à zéro, c’est ce que nous a confirmé Christophe Ehrwein, son actuel directeur artistique : « au bout de quatre ans on a fini par parvenir à redévelopper un réseau. On est parti de deux-trois contacts qui nous en ont amené d’autres et ainsi de suite, ce qui permet qu’aujourd’hui on peut plus facilement proposer ce que l’on a envie de faire. »

Retour sur la quatrième édition

Nous ne reviendrons pas sur tout ce qu’a pu proposer Sismic pour sa quatrième édition tant l’offre était importante pour une manifestation de cette taille, mais sur certains points qui nous ont marqués durant ce premier week-end du mois de juin. Nous vous avions déjà parlé de la venue de L’Association et du fait qu’elle allait profiter de cette occasion pour fêter ses vingt années d’existence. Toute l’originalité de cette exposition résidait dans le travail qu’ont fait les auteurs sur eux-mêmes en redessinant une planche originale liée à leur passage à L’Association.

Les auteurs de Charlie hebdo étaient aussi présents à Sierre et ne se sont pas retenus de jeter un regard critique, parfois acerbe sur la Suisse et sa récente votation anti-minarets. Cabu, Willem, Tignous, Riad Sattouf, Riss, Luz, Kamagurka, Jul, Honoré, Charb, Catherine et Wolinski se sont attaqués avec bonheur à cette polémique porteuse. Thématiquement proche, Luz y a monté l’exposition Burqualembours. Inspiré par ses dessins, le public devait s’amuser à découvrir les jeux de mots imaginés par l’auteur autour de cet objet de “mode féminine“ source de tant de controverses.

Première partie de l’exposition de Ruppert et Mulot

L’exposition la plus marquante proposée par Sismic, fut selon nous le travail de Florent Ruppert et Jérôme Mulot. Elle remet en question l’approche de la bande dessinée avec un support 3D et un lien au mouvement proche du cinéma. Comme le précise le site du festival : « Le petit théâtre de l’ébriété est une série de machines optiques farfelues conçues par les deux auteurs. »

L’envie des organisateurs

Ajouté à cette partie plus classique d’expositions, le festival offrait une programmation musicale presque aussi large et dont le but avoué était de mettre un peu d’ambiance dans les soirées, mais il proposait aussi de nombreux ateliers et animations liés à la bande dessinée : « On avait vraiment envie de donner les outils au public pour comprendre la bande dessinée, de savoir que c’est de la ligne claire, de la gravure etc, de comprendre au final que faire une bande dessinée c’est dur » rappelle Christophe Ehrwein. La plupart des expositions montées autour de la bande dessinée suivaient d’ailleurs cet objectif d’établir une véritable interaction entre le public et les dessinateurs.

Gazette réunissant chaque jour les dessins des auteurs et imprimée durant le festival

Avec des expositions comme Genèse d’une œuvre centrée sur le travail de Sébastien Delaloye qui signe et autoédite les aventures d’Albert Mesnardin ou comme Les Bonhommes de Cécile présentant une série de portraits un peu étranges illustrés par la Valaisanne Cécile Giovaninni, les organisateurs ont aussi eu le souci de défendre et promouvoir le travail d’artistes locaux.

Au final, Sismic Festival a rempli cette année une nouvelle fois sa mission de secouer et bouleverser un peu le monde du neuvième art en Suisse. C’est l’esprit apaisé et le sentiment du travail accompli que Christophe Ehrwein et son équipe ont donc mis un terme à cette quatrième édition. La prochaine est d’ores et déjà programmée entre le 22 et le 26 juin 2011. Avis aux amateurs !