Yuri n’y comprend rien. L’instant d’avant, elle était en cours, et la voilà à présent dans un lieu inconnu, en train d’assister à une scène d’horreur : un individu affublé d’un masque ridicule vient, sous ses yeux, de fracasser le crâne d’un homme d’un coup de hache. Seule option : la fuite. Mais les escaliers bouchés la conduisent toujours plus haut dans les étages pour découvrir, parvenue sur les toits, un univers composé de gratte-ciels reliés entre eux par de fragiles passerelles.
Le cadre est posé et les règles, simples, rapidement découvertes : les gens perdus dans ce lieu n’ont comme point de repère qu’une tour gigantesque et comme espoir qu’un hélicoptère qui effectue des rotations entre certains immeubles. Et ils se trouvent devenus les proies des "masqués", personnes dont le rôle est de pousser les autres, par la terreur, à se jeter dans le vide.
Kana en avait fait l’attraction première de son stand lors de la dernière édition de Japan Expo. Pour un résultat franchement ludique. Autant dire que le titre partait avec un certain capital sympathie. Malheureusement la chute n’en est que plus rude : malgré une idée de base titillant la curiosité, la magie ne prend pas et Sky-High Survival ne parvient pas à éviter nombres d’écueils et de clichés du genre.
Il y a ainsi une forme de gratuité qui transparaît de certains développements. On pense d’abord aux chutes, assez gores et répétitives, même si elles apparaissent bien entendu comme un rappel de la particularité du titre. Mais aussi à l’utilisation de l’héroïne à des fins de fan service [1] pas toujours très heureux...
Mais le principal souci réside dans le fait que l’on s’ennuie plutôt en lisant les deux premiers volumes de Sky-High Survival. S’il y a bien des rebondissements surprenants et bien ficelés, notamment dans la façon de gérer les personnages que Yuri rencontre, l’intrigue de fond ne progresse que très peu. On demeure pour le moment dans une suite d’affrontements de l’ordre de la variation (avec quel arme le "masqué" attaquera-t-il ?) sur motif constant (comment le vide se rappellera-t-il à notre bon souvenir ?).
L’ensemble apparaît donc un peu vain, peinant à exploiter la bonne idée initiale, à en tirer partie pour raconter une histoire. D’autant que les personnages, à commencer par l’héroïne, se cantonnent au statut d’archétype. La fin du tome 2 ouvre justement la perspective à un approfondissement de Yuri et de certains compagnons de route, mais cela reste encore à faire...
(par Aurélien Pigeat)
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Sky-High Survival T1 & T2. Par Tsuina Miura (scénario) et Takahiro Oba (dessin). Traduction Thibaud Desbief. Kana, collection Dark Kana. Sortie le 8 juillet 2016.192 pages. 5,95 euros pour le tome 1 (prix de lancement pour les 20 ans de Kana) et 7,45 euros pour le tome 2.
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[1] Fan service ici entendu au sens de représentation à connotation sexuelle du corps du personnage féminin.