Ed Brubaker est l’un des scénaristes de comics les plus excitants outre-Atlantique.
Spécialisé dans les séries noires avec des titres comme Criminal ou Gotham Central, il impose également son style à des personnages phares comme Captain America (qu’il a tué et qu‘il tente de ressusciter en ce moment), Iron Fist, Daredevil ou Batman.
Mais c’est peut être avec Sleeper qu’il convainc le plus. Cette histoire ultra-complète qui se lit à différents niveaux est une merveille de polar. Intelligent et acéré, on y retrouve tous les thèmes de prédilection de l’auteur. La notion de bien et de mal y est totalement balayée au nom de la survie des personnages.
Holden Carver ancien agent de terrain des black-ops est infiltré contre son gré dans la bande de Tao où il participe à des actions terroristes de grande ampleur en compagnie d’autres super-humains. Tout se passerait sans trop de problèmes si le maître espion Lynch, la seule personne au courant de sa mission, n’avait pas eu la bonne idée de tomber dans le coma.
Seul contre tous et la haine au ventre, Carver ne voit plus vraiment de raison de ne pas épouser la cause de Tao finalement pas si éloignée de son ancien employeur, le gouvernement américain.
On aurait pu alors retrouver un certain équilibre. Mais non. Brubaker n’est pas prêt à accorder du repos aux lecteurs ou à son héros. Et le retour de Lynch, annoncé au volume précédent, promet de nouvelles sueurs froides à tout le monde.
Aux prises avec deux maîtres de la manipulation, Carver pour ne pas trop payer les frais va devoir jouer au même jeu qu’eux et la tension qu’on croyait redescendue remonte en flèche.
Une nouvelle dimension apparaît dans ce tome qui se concentre plus sur Lynch et Tao, leur guerre, et les ficelles de leurs plans.
On découvre alors une vision d’ensemble de ces deux génies. Brubaker nous ouvre petit à petit les yeux sur la grande partie d’échec qu’ils semblent disputer où les personnages sont des pions à utiliser avant de les jeter.
(par Mathieu Drouot)
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