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Soleil s’implante sérieusement sur le marché du manga

Par Laurent Boileau le 12 février 2006                      Lien  
Soleil vient d'annoncer des prises de participation chez SEEBD (Akiko, Kabuto, Saphira et Tokebi) et chez DAIPEN (Asuka). Par ce biais, l'éditeur toulonnais souhaite devenir un acteur majeur du secteur manga.

Soleil s'implante sérieusement sur le marché du manga
Après la prise de contrôle de Tonkam par Delcourt en novembre dernier, c’est au tour des éditions Soleil d’afficher clairement leur ambition : grâce à leur prise de participation (majoritaire) chez DAIPEN et (de 50%) chez SEEBD, Mourad Boudjellal et son équipe comptent bien rejoindre les leaders de l’édition manga que sont Dargaud (Kana), Glénat et Delcourt (Tonkam et Akata).


Le marché de la BD asiatique est en pleine expansion. Dans son rapport annuel, Gilles Ratier [1] mentionne que "1.142 BD asiatiques ont envahi les librairies francophones et elles représentent 42,28 % du secteur" [2]. Didier Pasamonik explique dans nos pages pourquoi le succès des mangas ne s’arrêtera pas. Une telle croissance ne pouvait laisser indifférentes les maisons d’édition francophones.

Laurent Duvault
© L. Boileau

"Soleil manga représente 10 % de notre chiffre d’affaires", nous explique Laurent Duvault, directeur général du développement chez Soleil. "120 nouveautés mangas paraissent chaque mois. C’est 4 fois plus qu’il y a deux ans. Actuellement, nous publions chaque mois 6 mangas et 4 Manhwas. En additionnant Tokebi et Asuka nous atteindrons 35 parutions par mois. Nous aurons donc une visibilité et un espace commercial plus importants."

Conséquences immédiates pour les 3 maisons d’édition : d’une part, la promotion et le planning des sorties seront harmonisés et d’autre part l’unité de production sera centralisée, ce qui permettra de réaliser au passage quelques économies d’échelle. Mais l’éditorial ne sera, pour le moment, pas touché par ces restructurations. "Chacun a sa ligne, son identité, ses partenaires privilégiés au Japon et en Corée. Nous allons plutôt jouer la carte de la complémentarité", rassure Laurent Duvault. "Asuka publie Tezuka, Soleil aussi. Il s’agit juste maintenant de le faire en bonne intelligence."

L’irruption de Soleil dans le secteur manga date de 2003. Mais les débuts ont été un peu cafouilleux. L’arrivée de Laurent Duvault a contribué à mettre de l’ordre dans ce secteur et 2005 a été la phase de reconstruction du catalogue. Les ouvrages mal traduits ou mal imprimés sont partis impitoyablement au pilon. Impact de l’opération dans les comptes : 15.000 euros. C’était le prix à payer pour refaire surface et tenter d’émerger.

un des titres phares de Soleil Manga
© Takami&Taguchi/Akitashoten

Laurent Duvault : "Depuis 6 mois, nous avons énormément travaillé. Avant, vous ne trouviez dans notre catalogue que des "Seinen" comme Battle Royale et des "shôjo" comme Urukyu. Désormais, notre catalogue est plus généraliste. Nous publions aussi des mangas tirés de jeux vidéos comme Warcraft ou Suikoden III. Tous ces titres sont très proches du lectorat soleil traditionnel."

D’autant plus que le marché européen n’est pas aussi segmenté qu’en Asie. Le catalogue de Soleil manga se rapproche de celui de jeunes éditeurs japonais comme Unter Brain, Gentosha ou la branche Akki de Shogakukan. Malgré la différence de cultures, il y a des similitudes dans les démarches éditoriales.

Gothic Sports de l’allemande Anike Hage
© Hage/Tokyopop GmbH

Laurent Duvault : "Nous faisons du manga parce que cela intéresse une partie de nos lecteurs et parce que l’on sait que dans quelques années, cela intéressera une partie de nos auteurs. Nous achetons des droits, mais nous travaillons aussi en direct avec des dessinateurs coréens, japonais et chinois. Il y a une vraie démarche éditoriale. Et quand nous publions "Gothic sports" et "Yonen buzz" par des auteurs allemands, ce n’est pas faire du manga sur commande mais être capable d’ouvrir et avoir un nouveau support éditorial pour ces auteurs qui ne sont pas à l’aise dans les 48 pages couleurs. Nous pensons déjà à la génération suivante."

D’autant plus que le manga n’est plus une poule aux œufs d’or. On achète plus une licence comme on veut. Il faut désormais concevoir un plan marketing, avoir une vision claire du catalogue pour convaincre les éditeurs asiatiques qui ont désormais l’embarras du choix.

Laurent Duvault :"L’amour du livre, c’est aussi savoir le vendre et l’accompagner sur les points de vente. La structure DELSOL, qui distribue Tonkam, Delcourt, Soleil, Tokebi, donne une présence commerciale aux catalogues. Nous devenons un acteur majeur du marché même si nous n’en avons pas encore les parts ! Sur un marché submergé de nouveautés, la distribution fait aussi la différence."

Surtout que le temps de latence est de plus en plus important pour savoir si un titre sera un succès ou pas. Et pour un éditeur, avoir l’indépendance sur le plan éditorial, c’est bien mais l’avoir sur le plan financier, c’est mieux !

Mourad Boudjellal
© Soleil

Laurent Duvault : "C’est quand on partage avec les auteurs les droits des personnages que l’on peut penser à d’autres développements comme les dessins animés ou les ventes à l’étranger. Quand on est seulement en position d’achat de droit, le boulot d’éditeur est diminué de moitié car vous n’aurez jamais la satisfaction d’amener l’univers de l’auteur vers d’autres horizons, c’est-à-dire vers d’autres pays ou d’autres supports."

La maison d’édition dirigée par Mourad Boudjellal n’a cessé de se développer ces dernières années. L’enjeu pour Soleil Manga est donc d’aller au-delà de l’activité éditoriale pour, en fait, mieux l’accompagner. D’ailleurs, l’éditeur toulonnais nous prépare d’autres surprises dont nous reparlerons dans les prochains mois...

(par Laurent Boileau)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

[1Secrétaire général de l’ACBD (Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée).

[2Il s’agit du pourcentage des nouveautés et non pas de celui des ventes qui serait plutôt de l’ordre de 30 %

 
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