Solliès-Ville, on vous en parle chaque année, est un petit festival unique, rien à voir avec un grand barnum givré des Charentes. C’est un petit village charmant, accroché à flanc de colline, proche de Toulon, où vivent moins de 3000 habitants, où l’on peut profiter fin août de la douceur caractéristique de cette région du Var et "où la lumière pleut", comme disait le poète.
La lumière, José Muñoz sait ce que c’est, qu’elle soit aux couleurs vives de la Pampa de Buenos-Aires, ou dans ses contrastes surexposés tels qu’il les élabore pour ses bandes dessinées en noir et blanc, que ce soit sous la plume de Carlos Sampayo ou d’autres. On pourra juger sur pièce des qualités de l’artiste puisqu’une soixantaine d’œuvres originales seront accrochées au musée du Moulin de Solliès-Ville, un bel espace au cœur du village. On pourra aussi juger de sa gentillesse, de sa disponibilité, et de sa vive intelligence. Il faut entendre José Muñoz parler de son travail (ou de celui des autres) : c’est en soi un enchantement.
L’événement de Pascal Orsini a eu quelques difficultés cette année, de sombres coupes dans son budget ayant eu lieu ces derniers temps de la part des autorités culturelles de tutelle. Cela a mené les organisateurs à avoir recours au financement participatif pour boucler leur budget. Avec une certaine réussite d’ailleurs (il faut dire que l’objectif était très modeste), du coup, la campagne qui en a encore pour quelques jours, s’est donnée un nouvel objectif que l’on peut découvrir sur Ulule
Est-il si difficile pour ces autorités de deviner l’importance de ce festival qui est, depuis des années, un véritable festival international où l’on a pu rencontrer naguère aussi bien l’Américain "PulitzerPrized" Art Spiegelman que le Hollandais Joost Swarte ? Cette année encore, Solliès est le rendez-vous des esthètes du dessin mondial. Jugez-en, plus de 40 auteurs internationaux sont attendus et pas n’importe lesquels : Lorenzo Mattotti et Sicomoro (Italie), Cosey, Valp et Marini (Suisse), Batem, Dany et Frank Pé (Belgique), Jose-Luis Munuera (Espagne), Miles Hyman (USA), Thomas Von Kummant (Allemagne), Tony Sandoval (Mexique), Gradimir Smudja (Serbie), Tenzin Norbu (Népal)… et bien sûr l’Argentin du moment, José Muñoz !
Pour leur faire cortège, un grand nombre d’auteurs français se joignent à eux, dont les grands Prix d’Angoulême : Baru, Charles Berberian, François Boucq, Florence Cestac, Jean-C. Denis … Mais aussi quelques-unes des plus belles signatures de la BD française : Arleston, Serge Carrère, Philippe Gauckler, Fabien Lacaf, Emmanuel Lepage, Loustal… dont quelques dessinateurs jeunesse de renom : Amélie Fléchais, Loïc Jouannigot, Antoon Krings, Frédéric Pillot, Nathalie Ragondet, Michel Plessix…
Ce rassemblement permettra le samedi 29, de consacrer une Master Class à l’invité d’honneur, José Muñoz et le dimanche 30, une table ronde sur "le métier d’auteur de BD en 2015" sera donnée sur la place du village. Les après-midi seront consacrées, le samedi, à une "réalisation live" de Tony Sandoval qui sera projetée sur grand écran, sur des musiques qu’il aura choisies et le dimanche, une "lecture en peinture" opérée par Frank, au pinceau, tirées du "Livre de la Jungle" de Rudyard Kipling.
Atelier de lithographie, stage de BD gratuit pour les jeunes complèteront ces animations, tandis que les collectionneurs pourront fouiner dans les stands des libraires et des bouquinistes présents.
Depuis sa création en 1991, l’association A.LI.EN qui organise le festival est coutumière des actions citoyennes : Lutte contre les feux de forêts, protection des animaux de la région Paca, aide au retour du loup dans les alpes, aide aux peuples tibétain et chilien. D’où la présence, cette année encore, de l’artiste népalais Tenzin Norbu dont la vente des œuvres permet de financer des projets dans la région du Dolpo (Hauts plateaux du Népal).
Or, cette année, le terrible tremblement de terre du 25 Avril 2015, a encore endeuillé cette région du monde. Avec un bilan provisoire de 8 500 morts et 15 000 blessés, Katmandou et les villages environnants sont en ruines, des centaines de milliers de personnes sont démunies et sans abri. C’est également un patrimoine culturel exceptionnel qui a disparu mais qui peut encore être sauvé et rénové.
Cinq grands noms du 9e art ont été mobilisés dans cette perspective par le festival et ont généreusement accepté de participer au projet. Cela a produit cinq magnifiques lithographies, numérotées et signées par Enki Bilal, Cosey, Juillard, Tardi et Zep, rien que ça !, au tirage limité à 200 exemplaires sur papier d’art 300g au format 40x60. Prix de vente 40 euros pour les affiches et 100 euros pour les lithos. L’intégralité des bénéfices permettra de venir en aide aux populations les plus touchées suite à cette catastrophe ainsi qu’à la reconstruction d’écoles et de centres médicaux.
Raison supplémentaire pour soutenir ce petit festival extrêmement sympathique.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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