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Sondron & Samuel (caricaturistes belges) : « La mort de nos amis de Charlie Hebdo nous bouleverse ! »

Par Nicolas Anspach le 9 janvier 2015                      Lien  
[Un attentat d'une telle ampleur jamais vu en France depuis près de 40 ans->http://www.actuabd.com/Il-faut-continuer-le-combat-de] ! Du jamais vu, de mémoire de caricaturiste. Cinq d'entre eux, parmi les meilleurs, sont tombés sous les balles. Les dessinateurs belges de presse Jacques Sondron (L’Avenir) et Samuel (Sudpresse) partagent avec leurs impressions.

Comment avez-vous vécu la journée du 7 janvier ?

Sondron : Très mal, bien sûr. J’ai été en contact avec des confrères français tout au long de cette terrible après-midi. Nous étions dans une inquiétude totale ; nous ne savions pas ce qui s’était passé et qui seraient les victimes.
Samuel : … D’une manière négative, forcément ! J’ai appris l’événement via une brève sur le site du journal Le Monde. J’ai immédiatement essayé de téléphoner à mon ami Cabu. …. Et puis, la journée est devenue catastrophique. J’ai encore du mal à m’en remettre.

Sondron & Samuel (caricaturistes belges) : « La mort de nos amis de Charlie Hebdo nous bouleverse ! »
La réaction de Sondron, publiée dans l’Avenir du 8 janvier 2015

N’avez-vous pas l’impression que la presse, le dessin de presse et le monde de la caricature ont vécu à leur échelle, un « 11 septembre » ?

Sondron : Effectivement. Plusieurs personnes ont fait le parallèle dans la presse. J’ai vécu la journée du 7 janvier 2015, de la même manière que le 11 septembre 2001. Même si, c’est vrai, cela me touchait plus profondément. J’avais des amis qui travaillent pour Charlie Hebdo ; et qui sont morts hier. Et puis, il n’y a pas que les cinq dessinateurs. Il y a aussi les collaborateurs du journal, des passants et policiers qui ont été assassinés. De nombreux dessinateurs et caricaturistes sont traumatisés ; qu’ils travaillaient pour le journal, ou non. J’ai une pensée particulière pour Coco, une caricaturiste de Charlie Hebdo, qui a été forcée d’ouvrir la porte d’entrée aux terroristes. Je n’ai pas de nouvelle d’elle. Je crois que, physiquement, cela va ! Mais saura-t-elle reprendre un jour un crayon après ce qu’elle a traversé ? Ce sont des traumatismes de guerre ; qui marqueront beaucoup de dessinateurs.
Charlie Hebdo va renaître de ses cendres ; et nous, dessinateurs et caricaturistes ; nous sommes bien d’accord pour continuer sur la même route …

Dessin de Samuel pour Sudpresse

Samuel : On a clairement vécu un 11 septembre dans le monde du dessin de presse ! La journée d’hier restera dans les mémoires. Il est faux de dire que les dessinateurs de presse vont travailler de la même manière. Nous allons nous poser encore plus de questions avant de réaliser un dessin pour un journal. New-York a été transformé par le 11 septembre. En France et en Belgique, le dessin de presse le sera probablement par « l’attentat de Charlie Hebdo ».
Allez-vous vous autocensurer, vous museler Sondron ?

Sondron : Je ne compte pas me museler. Mais nous n’avons pas de vraie presse satyrique en Belgique. Je suis publié dans l’Avenir, un quotidien belge. Il n’y a pas de raison que j’y dessine des sujets avec la même virulence que Charlie Hebdo. Par contre, je collabore aussi pour Zélium, un journal Français satirique et très à gauche. Là, j’aborde des thématiques sans aucune réserve…

Les dessinateurs de presse belges Jacques Sondron & Samuel

Samuel, quel souvenir gardez-vous de Cabu ?

Samuel : C’était la bonté incarnée. Il était d’une gentillesse exceptionnelle. En 2009, lors de notre première rencontre, il m’expliquait se trouver confronté à des procès d’organisations catholiques ou juives. Il continuait à travailler, sans y penser. Il n’avait pas peur de dessiner.

… Suite à cet attentat, c’est devenu encore plus important, qu’il y ait des journalistes qui n’aient pas peur de dessiner.

Croyez-vous que Cabu aurait imaginé mourir le crayon à la main ?

Samuel : Cécile Bertrand, une caricaturiste belge, me disait qu’il était mort sur les planches. C’est le rêve idiot de beaucoup de dessinateurs… Mais Cabu et ses amis sont morts avec des cartouches … Pas des cartouches d’encre, de vraies cartouches !

Dessin de Samuel pour Sudpresse

(par Nicolas Anspach)

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