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Soul Eater T25 - Par Atsushi Ohkubo - Kurokawa

Par Guillaume Boutet le 11 septembre 2014                      Lien  
Sur la Lune, la bataille contre le Grand Dévoreur entre dans sa phase finale. Nos héros réussiront-ils à vaincre l’incarnation de la démence et empêcher le monde de sombrer dans la folie ? Réponse dans ce tome qui conclut ce shônen manga phare, à l'esthétique toute particulière.

Shônen manga [1] écrit et illustré par Atsushi Ohkubo, et publié au Japon chez Square Enix, Soul Eater a débuté en 2004 et s’est achevé au pays du Soleil Levant l’an dernier, en août 2013. En France, la série est éditée chez Kurokawa depuis mars 2009 et vient de s’achever en juillet dernier avec ce vingt-cinquième et dernier tome.

Série à succès, Soul Eater a eu droit à son incontournable adaptation en série d’animation, diffusée en France sur MCM, ainsi qu’à un spin-off, baptisé Soul Eater Not !, lui aussi édité en France chez Kurokawa et ayant connu, à son tour, une adaptation animée. N’oublions pas, pour compléter ce panorama, la production de quelques jeux vidéo inspirés de la série.

De façon plus précise et plus ciblée sur la France, selon le rapport de l’ACBD, ces dernières années Soul Eater a fait partie des dix plus gros tirages manga [2] et le titre a été le vaisseau amiral de Kurokawa depuis son lancement. Il s’agit donc d’un manga incontournable, aussi bien pour son éditeur que pour le marché du manga en général, qui tire sa révérence. Une locomotive qui sera sans doute difficile à remplacer.

En ce sens, ce tome vingt-cinq, déjà très épais, propose en bonus un extrait du premier chapitre de Red Eyes Sword : Akame ga Kill !, nouveau titre de Kurokawa dont nous parlerons prochainement et qui constitue peut-être une tentative de trouver un successeur au manga de Atsushi Ohkubo... même si les deux titres apparaissent tout de même différents sur de nombreux points, notamment en ce qui concerne la violence.

Quoi qu’il en soit, qu’en est-il de la conclusion de Soul Eater ?

Soul Eater T25 - Par Atsushi Ohkubo - Kurokawa
Crona plus dément que jamais !
© 2004 Atsushi Ohkubo / SQUARE ENIX. CO., LTD.

Rappelons les événements du dernier arc narratif : Après avoir vaincu Noah, le collectionneur compulsif, la troupe du Maître Shinigami [3] a enfin découvert le lieu où se terre le Grand Dévoreur, l’incarnation de la folie du monde, qui fut libéré par la sorcière Médusa, à la fin du premier arc de la série.

La Lune : une figure incontournable de la série !
© 2004 Atsushi Ohkubo / SQUARE ENIX. CO., LTD.

Il se cachait tout simplement... sur la Lune, d’où il répandait sa folie sur la planète entière. Pour l’atteindre, nos héros n’ont eu d’autres choix que de s’allier à leurs ennemies héréditaires, les sorcières [4]. Une grande bataille a donc eu lieu sur la Lune, opposant l’alliance des héros aux clowns déments du Grand Dévoreur, avec comme il se doit certains personnages, en freelance, cherchant à capturer le maître de la folie pour leur propre compte.

Le tome vingt-cinq s’ouvre sur la phase finale de cette bataille : la Lune a été évacuée, bon gré mal gré, et seules les « trois équipes » de héros de la série demeurent pour faire face au Grand Dévoreur : Maka et Soul (sa faux démoniaque), Black☆Star et sa partenaire Tsubaki, qui peut se changer en diverses armes ninja, et Kid, le fils du Maître Shinigami et futur Dieu de la Mort, accompagné comme toujours des sœurs Lily et Patty (se changeant en pistolets) [5]. Sans oublier Crona, qui a sombré dans la folie et a été absorbé par le Grand Dévoreur.

Classique dans son déroulement, cette ultime bataille n’en est pas moins efficace et épique. Chaque héros y tient parfaitement son rôle dans le cadre du nekketsu  [6] : Maka et Soul sont au centre du motif de l’amitié en tentant de sauver Crona ; Black☆Star y développe le dépassement physique et moral, passant outre les limites humaines pour se rapprocher du « divin » ; quant à Kid, il se trouve au cœur même du motif du « divin », et du rapport à la nature du monde, en achevant sa métamorphose en Dieu de la Mort, prenant ainsi la succession de son père, en tant que gardien de l’équilibre universel.

Le Maître Shinigami laissant sa place à la nouvelle génération
© 2004 Atsushi Ohkubo / SQUARE ENIX. CO., LTD.

La suite du casting n’est pas en reste et participe de diverses façons à ce combat final relativement haletant qui occupe tout le tome. Le manga s’achève sur un épilogue lui-aussi simple et direct, mêlant comme toujours humour et un brin de mélancolie. Une jolie fin pour un manga qui a su développer un univers et un récit riches et colorés.

Concernant la bilan général, la folie et la démence auront été les thèmes directeurs du récit, offrant des personnages et des situations hauts en couleur mais également inquiétants. Graphiquement cela s’est traduit par des mises en scènes et des découpages acérés, qui sont devenus avec le temps la marque de fabrique du manga.

À partir d’une ambiance lorgnant du côté de Tim Burton et du conte macabre à ses débuts, Atsushi Okubo a peu à peu développé son style propre, à base d’expressions et corps déformés, de poses cool et décalées, et de contrastes noir et blanc – le duel de Black☆Star contre Mifune, dans le tome quatorze, est d’ailleurs à ce titre une petite merveille d’esthétisme.

Passage incontournable : Maka et Soul revêtent une forme ultime face au Grand Dévoreur
© 2004 Atsushi Ohkubo / SQUARE ENIX. CO., LTD.

Notons tout de même que le thème de la folie a conduit à doter la plus grande menace de la série d’une nature intangible et abstraite : le plus grand ennemi de nos héros se révéla en fin de compte être eux-mêmes. La plupart des antagonistes furent ainsi des jouets de la folie, sans forcément dégager une très grande présence en hors de quelques exceptions (comme Médusa ou Mifune). Même le Grand Dévoreur peine à s’imposer en tant que « personnalité » et apothéose de la série, en dépit de certaines révélations ultimes. Au final, les antagonistes furent fréquemment relégués au second plan dans le récit, occupant souvent le rôle de faire-valoir des héros.

Ce dernier point n’enlève rien aux très grandes qualités de la série. Mais en refermant ce tome, il reste ce regret : le peu d’antagonistes qui furent réellement à la mesure du charisme et de la personnalité des héros.

Dans tous les cas, Soul Eater demeure une lecture shônen de qualité, qui aura marqué une décennie. Ce n’est donc pas sans un peu d’émotion que nous disons adieu à ce titre, désormais classique, au sens noble du terme.

L’avènement d’une ère nouvelle en guise de conclusion
© 2004 Atsushi Ohkubo / SQUARE ENIX. CO., LTD.

(par Guillaume Boutet)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

Soul Eater T25. Par Atsushi Ohkubo. Traduction Fabien Vautrin & Maiko_O. Kurokawa. Sortie le 3 juillet 2014. 304 pages. 7,99 euros.

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Soul Eater sur ActuaBD :
- Lire la chronique des tomes 1 et 2

[1Shônen : désigne un type de manga ayant pour cible éditoriale les garçons adolescents.

[2Le tirage moyen d’un tome de Soul Eater est de 35 000 exemplaires, ce qui place la série à la dixième position.

[3Littéralement « Dieu de la Mort » en japonais, c’est le dieu du monde de Soul Eater, dont la mission est de maintenir l’ordre universel.

[4Si le Maître Shinigami représente le principe d’ordre du monde, les sorcières en sont l’autre versant, symbolisant le chaos et la transgression des lois naturelles.

[5Les combats du manga se basent sur le principe de duo : un manieur d’arme démoniaque et une personne ayant la capacité de se changer en arme démoniaque. La force de l’équipe repose sur la capacité du duo à synchroniser leur (longueur d’)âme.

[6Littéralement « sang bouillant ».

 
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