Étape importante du voyage de nos héros vers les terres natales de la louve sage : la ville de Ghelbe adopte les traits d’une cité moderne et dynamique mais cache en arrière-cour une situation explosive.
Coupée en deux, le nord de la ville abrite les vieilles familles de propriétaires terriens lourdement endettés tandis que, dans le sud, vivent les marchands installés il y a quelques dizaines d’années, créditeurs des familles du nord.
La pêche miraculeuse d’un narval va attiser toutes les convoitises et mettre le feu aux poudres… du moins en coulisses car, en façade et sur la place publique va se jouer une représentation où les négociations vont se draper des oripeaux de la maîtrise et de la banalité.
Engagé comme messager pour les négociations secrètes entre le nord et le sud, Lawrence va rapidement se trouver piégé en pleine lutte d’influences, aux premières loges lorsque ces négociations vont tourner court... En effet, un tiers marchand va soudain entrer en scène de façon inattendue et proposer d’acheter cash le narval, enjeu des négociations !
Ce volume s’intéresse donc au dernier acte de ces longues tractations entre Eve, représentante du nord, et Keeman, mandaté par le sud, discussions qui s’enveniment en raison de l’intervention de ce marchand dont la surface financière étonne tout le monde, car bien évidemment un tel animal se négocie une fortune. Si bien que Keeman le soupçonne d’être financé en sous-main par Ève et ses alliés !
Ce qui frappe dans cet épisode, c’est la rapidité d’évolution quelque peu incohérente des situations et leur violence (toute relative car Spice & Wolf reste une œuvre grand public) : Keeman apparaît aussi prompte à enlever et torturer Ève, qu’à s’allier ensuite avec elle pour défaire leur ennemi commun.
Autre faiblesse : la facilité avec laquelle Lawrence découvre le secret de la fortune du tiers marchand et rétablit la confiance entre Ève et Keeman, amenant une happy end un peu trop brutal… surtout qu’Ève se change de son côté, sans crier gare, en demoiselle en détresse qui ne peut être que secourue par Lawrence. Disparue ainsi la redoutable manipulatrice que nous avions suivie dans les tomes précédents… Dommage.
L’intrigue, à base de magouilles d’importation et d’exportation de pièces, roulant les douanes pour échapper aux taxes, est plaisante et efficace à la lecture, jouant parfaitement son rôle. Le souci demeure bel et bien sa résolution, sans doute trop ramassée, où les personnages se trouvent réduits à des pantins animés par des situations peu inspirées.
Nous pouvons également ajouter au lot des insuffisances de cet épisode l’absence d’Holo, réduite au rôle de spectatrice -Lawrence se débrouillant seul dans cette affaire. Il apparaît évident que, sans la présence active de la louve sage, la saga perdrait une partie non-négligeable de sa saveur et de son attrait.
Une conclusion d’arc narratif qui, sans être mauvaise, déçoit par un manque de finesse à tous les niveaux, en dépit d’un dessin de Keito Koume toujours très agréable et convaincant qui sait donner corps aux sentiments de ses héros.
La fin ouvre sur un nouvel arc narratif consacré à la recherche du village natal d’Holo. Les premiers développements donnent déjà très envie d’en lire la suite, en dépit de cette première impression mitigée.
(par Guillaume Boutet)
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Spice & Wolf T11. Par Keito Koume (dessin), Isuna Hasekura (histoire originale) & Jyuu Ayakura (character design). Traduction Nicolas Pujol. Ototo, Collection "Seinen". Sortie le 22 mai 2015. 160 pages. 7,99 euros.
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