John Michael Straczynski, célèbre scénariste de la série télévisée Babylon 5, est arrivé aux manettes de la série The Amazing Spider-Man au début de l’année 2001. Associé au non moins célèbre dessinateur John Romita Jr., il va dès ses premiers épisodes emmener l’homme-araignée vers de nouvelles orientations.
Avec ce nouveau de point de départ, nous retrouvons Spider-Man aux prises avec deux mystérieux inconnus très intéressés par sa condition surhumaine et arachnéenne. Le premier, Ezekiel, est un homme d’âge mûr qui a les mêmes pouvoirs que Spider-Man et qui connaît tout de son identité secrète. Le second, Morlun, est un être invincible qui chasse les puissants hommes-totems comme Spider-Man de par le monde afin de pouvoir continuer à mener une vie éternelle. Est-ce que le monte-en-l’air pourra surmonter l’intérêt morbide qu’on lui porte ?
À l’issue de cette histoire, Straczynski met un coup de canif à un tabou de la série : Tante May découvrir la double identité de son neveu. Choquée par cette découverte et des révélations qui l’accompagnent, elle va devoir apprendre à vivre avec cette nouvelle donne. Elle va aussi devoir apprendre à soutenir son super-héros de neveu : que peut bien faire une dame âgée comme elle pour le plus fidèle protecteur des New-yorkais ?
En tant que New-yorkais justement, Spider-Man et sa série ne font pas l’impasse sur les attentats du 11 septembre 2001. Cet épisode, très prenant et révélateur de l’état d’esprit qui pouvait être celui d’une partie des Américains face à ces attentats, est un moment très fort de ce recueil. Comment peut se situer le super-héros et ses collègues face à l’innommable horreur ? Une lecture incontournable en soi.
Straczynski parvient aussi à faire vivre les différentes facettes de l’identité de Peter Parker dans ses histoires. Super-héros, certes, mais un jeune homme New-yorkais avant tout. C’est avec intérêt que l’on suit ainsi le héros en tant que nettoyeur des rues dans sa chasse des petites frappes ou dans le soutien qu’il apporte aux enfants sans domicile fixe. Loin des enjeux titanesques auxquels le héros est habitué, ces objectifs revêtent quand même un caractère essentiel à ses yeux. De même, l’auteur fait désormais de Peter Parker un professeur de sciences dans un lycée désormais mal famé de la ville, celui qui était le sien à l’époque. Comment le citoyen Peter Parker peut-il redonner à la ville ce qu’elle lui a donné ?
À ce programme déjà chargé, on ajoutera une nouvelle opposition contre l’éternel ennemi de l’homme-araignée qu’est le Docteur Octopus mais aussi la tentative de reconquête du cœur de Mary-Jane (les deux sont encore mariés mais séparés). De quoi s’occuper avec des histoires plaisantes et de qualité.
Ce premier tome des aventures de Spider-Man sous la direction de Straczynski et Romita Jr. est une référence qui mérite que l’on s’y attarde. Le trait dynamique et précis de Romita Jr. met bien en valeur l’homme-araignée ainsi que ses aventures imaginées par Straczynski. Une lecture que l’on peut qualifier d’incontournable si l’on souhaite découvrir l’ambiance des années 2000 en ce qui concerne l’univers de Spider-Man.
(par Romuald LEFEBVRE)
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