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Spider-Man refait sa toile

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 5 juillet 2012                      Lien  
Avec "The Amazing Spider-Man", Marc Webb fait un "reboot" des aventures de l'homme-araignée, quitte à décevoir les fans.

Disons-le tout net : ce film est un bon spectacle, porté par un acteur de talent, Andrew Garfield, et un réalisateur habile, Marc Webb. Il est même moins invraisemblable que certaines séquences de la très célébrée trilogie de Sam Raimi. Mais c’est au prix de certaines entorses au mythe de l’homme-araignée.

Les araignées ont du mérite : à chaque bourrasque, leur toile est emportée par le vent. À chaque fois, ils la refont avec application. C’est un peu ce que font les scénaristes de Sony Pictures ici. Ils ont exploité la licence de Spider-Man sur quatre films. Les trois premiers forment la trilogie de Sam Raimi, milliardaire en dollars, qui a relancé complètement la vogue des super-héros Marvel à l’écran.

Mais les lois du marketing sont rigides : au bout d’un cycle de dix ans, le public-cible : les adolescents, se renouvelle et il est nécessaire de rappeler les fondamentaux du mythe fondateur. Le premier film de Sam Raimi racontant les origines de Spider-Man datant de 2002, il était attendu que 10 ans plus tard, le tandem Sony-Marvel procède au reboot, c’est à dire une relance remise à zéro de l’univers.

Exit le niais mais charmant Tobey Maguire, bienvenue le racé Andrew Garfield, pas moins empoté avec les filles, mais globalement plus rebelle et plus affuté que le précédent.

Spider-Man refait sa toile
Andrew Garfield est Spider-Man
© Sony Pictures Releasing France

Pour rebooter correctement l’univers, le script commence sur un vrai scénario d’espionnage et se recentre sur les origines familiales de Peter Parker, notamment ses parents, Richard & Mary Parker. Une séquence imaginée en 1968 par Stan Lee dans Amazing Spider-Man Annual #5, dessinée par son propre frère, Larry Lieber et encrée par Mickey Demeo (= Mike Esposito).

On approfondit aussi la relation avec Ben et May, l’oncle et la tante du jeune Parker, l’assassinat de l’oncle Ben, événement fondateur de la vocation de l’arachnidé, tandis que le lien entre Gwen Stacy (Emma Stone) et le chef de la police, le Captain Geroge Stacy (Denis Leary), particulièrement mis en valeur, tient toute l’intrigue.

C’est plutôt habilement fait, même si le "villain", le Dr Connors (Rhys Ifans), a le trait parfois trop forcé. Mais les fans regretteront l’impasse faite sur le Daily Bugle où travaille le jeune Peter Parker et son impitoyable patron J. Jonah Jameson. Ce premier job avait en effet l’avantage de donner plus de réalisme à un personnage qui, dans ce film, reste engoncé dans une adolescence asociale. Le chromo est naïf, certes, mais il apportait une certaine profondeur, réservant parfois quelques morceaux de bravoure, comme dans The Amazing Spider-Man #1 où le jeune Parker espère que les Fantastic Four l’embauchent pour se faire un peu d’argent et aider ainsi la tante May à boucler ses fins de mois... Quelle n’est pas sa déception d’apprendre que les F4 ne se versent ni salaire, ni bonus et que tous leurs gains passent dans leurs recherches scientifiques. "On n’est pas chez General Motors !" lui assène Johnny Storm...

Les amateurs seront aussi irrités -mais Sam Raimi faisait déjà de même- par la propension du héros à enlever son masque à tout moment, ce qui réduit à rien le suspense de sa double identité.

Ce quatrième film produit par Sony sera le dernier ? Walt Disney Group ont racheté entre-temps les éditions Marvel et les licences qui vont avec. Assurera-t-il la continuité de ce reboot ?

Le spectacle est néanmoins assuré, avant le Batman, The Dark Knight Rises, prévu pour le 26 juillet, autrement plus attendu par les fans.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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7 Messages :
  • Spider-Man refait sa toile
    5 juillet 2012 15:03, par Patrice Buendia

    Didier, ce film n’est pas le dernier "Spider-Man" produit par Sony. Le second film dont la sortie est prévue pour 2014 est en cours de réécriture par Roberto Orci et Alex Kurtzman. Le rachat de Marvel par Disney ne change rien aux contrats déjà passés avec Sony (pour Spider-Man et Ghost Rider) ou Fox (X-Men, Fantastic Four, Daredevil). ces studios restent détenteurs des droits tant qu’ils produisent régulièrement des films exploitant ces personnages.

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  • Spider-Man refait sa toile
    5 juillet 2012 16:29, par yazz83

    petite coquille, ’Dr Connors’ Aka le Lézard.

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  • Spider-Man refait sa toile
    6 juillet 2012 07:36, par Didier Pasamonik (L’Agence BD)

    Vous avez raison, j’ai corrigé ces erreurs factuelle. Concernant Sony, la question reste posée : comme c’est le cas pour Warner, Disney est susceptible de reprendre la donne, ne fut-ce que dans le contrôle de la distribution. Après, il y a la mecano financière et juridique propre à Hollywood...

    Cela dit, Sony a encore une belle licence en magasin : Les Schtroumpfs.

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    • Répondu par la plume occulte le 6 juillet 2012 à  12:37 :

      Quelques infos en complément pour se faire une idée plus précise des enjeux et de ce qui pourrait bien être un cataclysme pour les grosses compagnies latimesblogs.latimes.com/entertainmentnewsbuzz/2009/09comics-artist-jack-kirbys-childrens-move-to-reclaim

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  • Spider-Man refait sa toile
    6 juillet 2012 12:24, par la plume occulte

    Le costume est particulièrement réussi dans l’adaptation de cette licence ;complètement fidèle et cependant crédible:c’était pas gagné !La gestuelle,la dynamique,les jeux de physionomie du personnage sont tout aussi bluffant,certainement la grande réussite du genre !Ce costume de Spiderman, volontier reconnu pour un des plus beau esthétiquement jamais conçu,est pour beaucoup dans le succès du personnage.Il doit de toute évidence beaucoup à la séduction visuelle particulière de Steve Ditko,même si la légende court qu’il aurait été fait à partir d’un mystérieux dessin de Jack Kirby.Difficile de croire que la gracile silhouette du tisseur de toile doive quelque chose à la patte toute en puissance et démesure du king Kirby.

    Après ,ce nouvel opus est l’éternel reboot qui s’avère nécessaire tout les dix ans désormais ,avec une vision adaptée au moment,si on veut garder une visibilité,être dans le coup et rester un produit (s)phare...

    A 90 ans bien couru Stan Lee lui est toujours dans les starting-blocks .Il vient de créer un nouveau super-héros chinois ,sorte de Tony Stark moderne, qui aura droit à son film coproduit par la chine.Parce qu’il parait que désormais c’est la-bas que ça se passe...www.beyondhollywood.com/real-steel-writer-tackling-stan-lees-the-annihilator/ La preuve Iron Man 3 sera aussi une coproduction avec la chine.

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    • Répondu par Michel Dartay le 6 juillet 2012 à  23:33 :

      Pour ma part, j’ai passé un excellent moment, meileur qu’attendu avec ce film.

      J’appréhendais un reboot pénible. J’ai eu droit à un bon film, avec de l’humour (surtout pendant la première heure !) et de l’action.

      L’histoire est connue, Marvel doit la raconter en moyenne tous les trois ans, sous forme de réédition ou de nouvelle version. Le réalisateur a pris certaines libertés par rapport aux débuts de la BD, réalisée par Steve Ditko et Stan Lee sur ses trois premières années.

      Ici, la tante May est moins agée que celle de Ditko, et Peter Parker n’a pas l’air du fayot binoclard de la classe ! A se demander pourquoi il se heurte à l’hostilité du butor de la classe, Flash Thomson. Gwen Stacy est tout de suite sensible à son charme, elle qui n’était qu’une fan de Flash sous Lee-Ditko.

      Pour la plume occulte : ASM semble provenir d’un projet de Joe Simon et Jack Kirby. SL qui a l’oeil à tout décida de le récupérer quand JK vint travailler à la Marvel-Atlas. Mais SL trouva le rendu du personage par JK trop musclé et viril, donc il préfèra confier les crayonnés à Steve Ditko. Celui-ci y introduit la souplesse de son trait pendant les trois premières années, même si l’on peut imaginer qu’il imagina lui-même de nombreux vilains et intrigues.

      Dans tous les cas, et même en modernisant ou modifiant certains aspects du personnage, ce film lui rend un bel hommage, même s’il est clair que Sony pense surtout à vendre des jeux-vidéos.

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      • Répondu le 8 juillet 2012 à  15:48 :

        On sait la place que laissait Stan Lee aux dessinateurs dans la conception des histoires, dans le cadre de la" Marvel way".Débordé,il n’était souvent lui-même que co-scénariste des récits ;plus"inséminateur/finisseur/embellisseur"que réel acteur.Il découvrait une multitude de détails, de rebondissements ,de personnages une fois les planches devant lui.Il dialoguait ces planches alors,"s’appropriant " l’ensemble ,avec une grosse tendance à tirer la couverture à lui ensuite.Steve Ditko est donc partie prenante dans "l’atmosphère "particulière de Spiderman:la série lui doit énormément.Le côté arachnéen du personnage,ses jeux de physionomie si identifiables sont du Ditko,comme toute une partie du cadre de la série.Ditko s’y était investi humainement.De toute évidence,si Kirby s’y été attelé avec sa patte,sa personnalité,sa vision du monde:Spiderman serait un tout autre personnage ! Sans que ce soit une question de muscle ou de virilité.

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