Disons-le tout net : ce film est un bon spectacle, porté par un acteur de talent, Andrew Garfield, et un réalisateur habile, Marc Webb. Il est même moins invraisemblable que certaines séquences de la très célébrée trilogie de Sam Raimi. Mais c’est au prix de certaines entorses au mythe de l’homme-araignée.
Les araignées ont du mérite : à chaque bourrasque, leur toile est emportée par le vent. À chaque fois, ils la refont avec application. C’est un peu ce que font les scénaristes de Sony Pictures ici. Ils ont exploité la licence de Spider-Man sur quatre films. Les trois premiers forment la trilogie de Sam Raimi, milliardaire en dollars, qui a relancé complètement la vogue des super-héros Marvel à l’écran.
Mais les lois du marketing sont rigides : au bout d’un cycle de dix ans, le public-cible : les adolescents, se renouvelle et il est nécessaire de rappeler les fondamentaux du mythe fondateur. Le premier film de Sam Raimi racontant les origines de Spider-Man datant de 2002, il était attendu que 10 ans plus tard, le tandem Sony-Marvel procède au reboot, c’est à dire une relance remise à zéro de l’univers.
Exit le niais mais charmant Tobey Maguire, bienvenue le racé Andrew Garfield, pas moins empoté avec les filles, mais globalement plus rebelle et plus affuté que le précédent.
Pour rebooter correctement l’univers, le script commence sur un vrai scénario d’espionnage et se recentre sur les origines familiales de Peter Parker, notamment ses parents, Richard & Mary Parker. Une séquence imaginée en 1968 par Stan Lee dans Amazing Spider-Man Annual #5, dessinée par son propre frère, Larry Lieber et encrée par Mickey Demeo (= Mike Esposito).
On approfondit aussi la relation avec Ben et May, l’oncle et la tante du jeune Parker, l’assassinat de l’oncle Ben, événement fondateur de la vocation de l’arachnidé, tandis que le lien entre Gwen Stacy (Emma Stone) et le chef de la police, le Captain Geroge Stacy (Denis Leary), particulièrement mis en valeur, tient toute l’intrigue.
C’est plutôt habilement fait, même si le "villain", le Dr Connors (Rhys Ifans), a le trait parfois trop forcé. Mais les fans regretteront l’impasse faite sur le Daily Bugle où travaille le jeune Peter Parker et son impitoyable patron J. Jonah Jameson. Ce premier job avait en effet l’avantage de donner plus de réalisme à un personnage qui, dans ce film, reste engoncé dans une adolescence asociale. Le chromo est naïf, certes, mais il apportait une certaine profondeur, réservant parfois quelques morceaux de bravoure, comme dans The Amazing Spider-Man #1 où le jeune Parker espère que les Fantastic Four l’embauchent pour se faire un peu d’argent et aider ainsi la tante May à boucler ses fins de mois... Quelle n’est pas sa déception d’apprendre que les F4 ne se versent ni salaire, ni bonus et que tous leurs gains passent dans leurs recherches scientifiques. "On n’est pas chez General Motors !" lui assène Johnny Storm...
Les amateurs seront aussi irrités -mais Sam Raimi faisait déjà de même- par la propension du héros à enlever son masque à tout moment, ce qui réduit à rien le suspense de sa double identité.
Ce quatrième film produit par Sony sera le dernier ? Walt Disney Group ont racheté entre-temps les éditions Marvel et les licences qui vont avec. Assurera-t-il la continuité de ce reboot ?
Le spectacle est néanmoins assuré, avant le Batman, The Dark Knight Rises, prévu pour le 26 juillet, autrement plus attendu par les fans.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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En salle depuis le 4 juillet 2012
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