C’est surtout l’ambiance hystérique de l’après-11 Septembre qui irrite le plus notre grand dessinateur. La logique de guerre affectant jusqu’au journal qui l’hégerge, il lui adressa une démission cinglante pour mieux se consacrer à une BD en réaction à la mascarade du gouvernement américain. Le Courrier ne reproduit que deux épisodes de cette BD qui est publiée en exclusivité en Allemagne dans l’hebdomadaire Die Zeit de Hambourg.
Pour l’occasion, il peuple à nouveau ses cases des souris de Maus, ces petits rongeurs effrayés qui personnalisaient l’angoisse et la persécution des Juifs pris au piège dans l’enfer nazi. Il les montre accablés non pas par les bombes de musulmans fanatiques, mais par les bottes de cow-boys de Georges Bush. C’est donc bien d’une bande dessinée politique qu’il s’agit, une denrée rare, qui stigmatise ce que l’opposition américaine identifie de plus en plus comme un « gentle fascism », un fascisme gentil consacrant l’alliance des pétroliers texans avec les monarques du Golfe. La bande dessinée peut-être fière de disposer, avec Art Spiegelman, d’une personnalité à l’avant-garde de la conscience politique contemporaine.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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