Objectif Lune, c’est une vieille rengaine pour Zorglub. Le savant mégalomane avait déjà nourri le projet d’y installer le plus grand panneau publicitaire du monde (c’était dans l’album Z comme Zorglub, en 1959). Aujourd’hui, Zorglub, qui a repris du poil de la bête depuis l’affaire des Zorkons, cherche les partenaires adéquats pour sa prochaine conquête : le cosmos (oui, les rêves de grandeur ont toujours été son péché mignon).
Mais autres temps, autres mœurs, la Zorglonde ne suffit plus aux plans machiavéliques, de nos jours même les génies du mal doivent trouver des capitaux privés pour mener à bien leurs vils desseins. Fort de cette assise financière, le savant extravagant a construit un poste avancé pour sa future conquête spatiale. Sauf qu’il y a un revers à la médaille, plus exactement : il y a désormais sur la face cachée de la Lune un parc d’attractions pour milliardaires (pas le vulgus pecum : des traders sympas, des nouveaux riches sympas, des stars hollywoodiennes sympas et des mercenaires pas si sympas).
Dans ce temple de la débauche d’argent, Zorglub serre les dents. Tout dictateur qu’il soit, ce gaffeur maléfique est tout de même attaché à une certaine noblesse d’action. Pour s’assurer de la justesse de son projet, Zorglub embarque Spirou, Fantasio et Pacôme sur la Lune pour leur faire découvrir ses plans et d’une certaine manière obtenir leur aval...
Avec l’argument du loisir ultra-luxe indécent (bien vu en ces temps d’austérité) et le retour du meilleur ennemi (extrêmement populaire auprès du public), Yoann et Vehlmann déroulent et continuent à installer petit à petit leur patte dans l’univers de la série.
Il y a dans « La Face cachée du Z » d’authentiques points forts : d’excellents seconds rôles (ce délicieux crétin tout en muscles de Poppy Bronco mérite un come-back), un design léché (Zorglub n’est pas du genre à meubler sa base spatiale chez Ikéa) et un petit côté iconoclaste (Spirou ne sort pas complètement indemne de l’aventure).
On pointera une petite faiblesse : une conclusion d’album rapide qui comme dans « Alerte aux Zorkons » ouvre la porte sur la prochaine aventure, mais laisse un léger goût de trop peu [1].
Il ne manque plus grand chose pour que Yoann & Vehlmann s’imposent définitivement comme les fils spirituels de Tome & Janry dans le registre de la comédie d’aventure grand public.
C’est en bonne voie.
(par Morgan Di Salvia)
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Lire l’entretien qu’a accordé Yoann à ActuaBD, à l’occasion de la parution de "La Face cachée du Z"
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A propos de Yoann & Vehlmann, sur ActuaBD :
> "Nous voulions revenir aux fondamentaux, car Spirou a été notre guide, notre repère !" (Entretien en septembre 2010)
[1] La faute à une pagination réduite de 56 à 48 pages ?
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