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Stan Lee reste speedé !

Par Florian Rubis le 28 juin 2011                      Lien  
Stan Lee, co-créateur de Spider-Man et de certains des plus charismatiques super-héros américains, donnait une visioconférence à l’espace de la galerie Arludik du cinéma MK2 Bibliothèque (Paris), le jeudi 16 juin 2011. Cet encore très actif « jeune homme », né en 1922, vient de prêter son nom à une nouvelle aventure éditoriale. Va-t-elle apporter du sang neuf à un genre difficile à renouveler ?

En cette occasion rare, suscitée pour des raisons de promotion, Stanley Martin Lieber, alias Stan Lee, le papa de Spidey très en verve et plein d’humour, a répondu aux questions des journalistes. Derrière le scintillement de ses lunettes en or, fleurant bon les royalties bien gagnées, il a ainsi évoqué sa glorieuse carrière au service de la quintessence de la BD de genre américaine, le comic-book, et parlé des autoproclamés trois Nouveaux Super-Héros.

Stan Lee reste speedé !
Stan Lee, par écran interposé, devant un parterre de journalistes ravis de l’aubaine
© 2011 Florian Rubis

Le cousin de la patronne devenu le « roi » des créateurs de super-héros…

Comme le rappelle Jean-Paul Gabilliet dans Des Comics et des hommes (Éditions du Temps, 2005), le jeune Stan Lee incorpore en 1945 les rangs du futur éditeur Marvel, publiant des comic-books depuis quelques années. Il n’est autre que le cousin de l’épouse de Martin Goodman, son fondateur. Celui-ci est à la recherche d’un jeune homme capable pour l’épauler dans sa direction éditoriale plutôt déficiente. Ce « piston » se révéla bénéfique à long terme pour l’une des deux majors (avec DC Comics) qui ont longtemps dominé le marché des super-héros aux États-Unis.

En 1957, Stan Lee, cherchant à revivifier le catalogue de son employeur, rencontre Jack Kirby. Ensemble, ils vont donner un second souffle à la veine du héros costumé, avec Les Quatre Fantastiques ou les X-Men. Après le Golden Age de la fin des années 1930, elle va ensuite connaître son Silver Age au début des années 1950, notamment sous son impulsion, jusqu’aux années 1970. Face à l’archétype « monobloc » quasiment dépourvu de faille à la Superman, il popularisa une nouvelle espèce de personnage masqué, comme Spider-Man, conçu avec Steve Ditko.

Son profil comporte des faiblesses, en particulier psychologiques, et sa double identité lui pose de graves problèmes qui le rendent plus proche de ses lecteurs. Les protagonistes de Stan Lee provoquent ainsi « une empathie qui les rend plus humains ». Depuis, il a fait prospérer la recette. Même s’il ne se prétend « pas assez intelligent pour avoir différents styles »…

Sur un des tirages signés Stan Lee des Nouveaux Super-Héros, placés sous son égide éditoriale : Starborn, écrivain de SF devenue réalité pour lui
© 2011 Stan Lee, Chris Roberson & Khary Randolph

Hollywood lui a fait un boulevard

Chez son complice Jack Kirby, il met en avant le fait d’avoir trouvé en lui un collaborateur « très doué sur le plan narratif, qui savait raconter des histoires, […] un fantastique réalisateur hollywoodien ». Comme pour mieux désamorcer les insinuations de certains, car d’aucuns soulignent le caractère parfois sommaire de ses indications scénaristiques de responsable éditorial très occupé, qui aurait laissé une grande latitude créatrice à ses partenaires dessinateurs.

Toutefois, même les plus anciens admirateurs du génie graphique de l’auteur du Quatrième Monde savent bien que sa rigueur narrative laissait parfois à désirer. Sa capacité d’invention pâtissait d’une maîtrise moins évidente des mécanismes rodés dans l’art de raconter sur lesquels il pouvait s’appuyer lors de ses années de travail avec Stan Lee.

En outre, ce dernier n’a pas manqué de mentionner ses apparitions cabotines, proprement hitchkockiennes, dans les films plus récents inspirés de ses personnages aux super-pouvoirs. Mais nous retiendrons surtout que le vieux faiseur d’histoires se félicite que ses « contes de fées » modernes aient été rattrapés par la technologie. Celle-ci les ayant fait « grandir », grâce aux effets spéciaux de cinéma, et conféré de la crédibilité à leur adaptation à l’écran. Ce « retraité » de Los Angeles qui ne peut vraiment "décrocher", a même été récompensé d’une étoile sur Hollywood Boulevard !

The Traveler, voyageur du temps, et Soldier Zero, ancien soldat en Afghanistan handicapé qui partage une relation plus ou moins symbiotique avec une entité guerrière extraterrestre, faisant repenser un peu trop au lien Spider-Man-Venom…
© 2011 Stan Lee, Mark Waid & Chad Hardin, ainsi que Paul Cornell, Javier Pina & Sergio Arigño

L’alliance d’une jeunesse ambitieuse et d’une expérience éprouvée

Stan Lee est flatté que l’on fasse appel à lui aujourd’hui pour relancer la machine qui a fait son succès, en parrainant trois nouveaux super-héros, dont il a supervisé la conception éditoriale. Même si les initiateurs en sont les Studios Boom ! et le plus jeune mais également expérimenté Mark Waid.

Lors de cette intervention du scénariste de légende au MK2 Bibliothèque, par écran interposé, on pouvait en revanche rencontrer physiquement Javier Pina. L’Espagnol y a dédicacé Soldier Zero les deux jours suivants. Le dessinateur aurait été choisi par le maître lui-même, suite à ses collaborations avec DC Comics, pour illustrer des aventures développées avec le scénariste Paul Cornell (qui travailla sur la série télévisée Docteur Who). Emmanuel Proust Éditions est l’heureux éditeur de ces trois nouveautés en français.

Javier Pina
© 2011 Florian Rubis

L’espace MK2-Arludik était décoré de tirages numériques signés Stan Lee et de planches originales vendues au public. On pouvait y détecter les influences graphiques diverses dans lesquelles ces trois titres puisent pour tenter de faire oublier le caractère un peu trop systématique du recours aux vieilles « ficelles » de leur promoteur de renom.

Le manga notamment est mis à contribution. Si Javier Pina assume parfaitement l’intérêt de ce prestigieux travail de commande, il avoue néanmoins ne pas renier pour autant ses influences initiales qui prennent source chez Jean Giraud/Moebius et dans al bande dessinée franco-belge. Il souhaite y revenir dès que possible bien qu’il soit difficile pour un auteur espagnol de trouver des débouchés dans son propre pays.

Ce fut également le cas pour Riccardo Burchielli qui prit son envol grâce à DMZ (avec Brian Wood, DC Comics, Vertigo, 2006), une création plus bien plus marquante.

(par Florian Rubis)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN :

En médaillon : couverture de Soldier Zero T1 © 2011 Stan Lee, Paul Cornell, Javier Pina, Sergio Ariño & Emmanuel Proust Éditions

Soldier Zero T1 – Par Stan Lee, Paul Cornell, Javier Pina & Sergio Ariño – Emmanuel Proust Éditions – 104 pages, 14,95 euros

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4 Messages :
  • Stan Lee reste speedé !
    28 juin 2011 22:30, par Michel Dartay

    Bonsoir Florian.

    Quelques imprécisions et erreurs dans ton article. Stan Lee est en fait le neveu de Goodman.

    Il a du rejoindre l’ancétre de Marvel trés jeune vers 1939-1940. Là il n’est que stagiaire et assistant, mais il y rencontre le tandem Simon et Kirby.

    On peut noter que Stan Lee arrétera quasiment d’écrire quand Kirby et Ditko eurent quitté Marvel, vers 1970. Son comic-strip Spider-Man n’est qu’une mise au format des dailies des exploits du tisseur de toile.

    Répondre à ce message

    • Répondu par florian rubis le 29 juin 2011 à  13:08 :

      Merci pour cette intervention.

      J’avoue humblement être plus attentif lecteur des titres publiés par Marvel sous l’égide de Stan Lee à sa plus glorieuse époque que fin généalogiste, spécialement concernant Goodman (fondateur du futur Marvel).

      Pour cette raison et à propos des précisions apportées, n’ignorant pas, par exemple, qu’il y avait lien de parenté, j’avais préféré suivre le livre de Gabilliet, en particulier p. 85 ("cousin"), donc cité dans l’article, comme il se doit.

      D’éventuelles imprécisions de cette nature n’entachent pas la qualité et la pertinence de l’ouvrage, l’intérêt du sujet traité se situant, me semble-t-il, fondamentalement ailleurs.

      Cordialement, Florian Rubis

      Répondre à ce message

  • Stan Lee reste speedé !
    2 juillet 2011 13:16, par Jean-Paul Gabilliet

    Si je puis me permettre de me citer, la phrase écrite précisément dans Des Comics et des hommes est : “Goodman, qui publiait toutes sortes de périodiques, avait confié depuis 1945 la direction éditoriale de ses comic books à Stan Lee, un cousin de sa femme qui travaillait pour lui depuis 1939.” (p. 85)
    Nous pouvons ainsi rendre à César ce qui est à César...
    Et qu’on ne me fasse pas dire que je me prends pour César !
    Cordialement,
    JP Gabilliet

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