Storeyville – Par Frank Santoro – çà et là

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Après [{American Splendor}->http://www.actuabd.com/American-Splendor-enfin-edite-en], les éditions çà et là offrent au public francophone une nouvelle œuvre mythique de la bande dessinée indépendante américaine.

Storeyville, réalisé en 1995 par Frank Santoro en collaboration avec Katie Glicksberg, fut à l’époque diffusé de façon assez confidentielle, à 10.000 exemplaires distribués pour l’essentiel dans les boîtes à lettres de la région de Pittsburgh. Imprimés sur papier journal et en grand format, ils étaient une réponse à The Acme Novelty Library n°2 de Chris Ware, correspondant de Santoro, et poursuivaient le même objectif que l’auteur de Jimmy Corrigan, comme il l’écrit en préface de cette réédition : "un élargissement du champ émotionnel de la bande dessinée". Malgré sa diffusion réduite, ce travail n’en est pas moins considéré comme majeur par de nombreux auteurs et spécialistes de bande dessinée.

Etonnant par son format (28 x 40 cm), l’ouvrage surprendra aussi les amateurs de bande dessinée "classique" par sa forme graphique, souvent proche du croquis, du dessin automatique, cherchant plus à retranscrire les émotions des personnages, l’énergie du premier trait qu’à offrir une représentation réaliste de la vie. Certaines cases, certains passages entiers s’apparentent à du dessin expressioniste, voire abstrait.


Storeyville, par Frank Santoro: (c) çà et là

Entre flash-backs, séquences d’action au rythme haché, autres séquences plus contemplatives ou énigmatiques, on suit en "dessin subjectif" le parcours de Will, un jeune vagabond vivant de rapines à Pittsburgh au début du XXe siècle. Renseigné par un ami, il part pour Montréal sur les traces de son mentor le révérend Rudy, dont un mystérieux drame l’a autrefois séparé, et qui lui manque cruellement. Cette quête du père, qui est aussi une ode à l’amitié, nourrit l’album de mystère et d’énergie, jusqu’à un dénouement bouleversant.

Storeyville offre au lecteur la quintessence de l’acte de lecture : un vagabondage de case en case, dans leurs interstices, leur rythme, leurs résonances, qui appelle à maintes relectures. Un travail à bien des égards novateur, et ce jusqu’à ce jour.

(par Arnaud Claes (L’Agence BD))

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