Si vous n’avez pas eu la chance de visiter l’exposition Tardi pendant le dernier Festival d’Angoulême, précipitez-vous Place du Colonel Fabien pour en voir une version un peu différente et intéressante à bien des égards. D’abord pour découvrir les lieux que Tardi réinvestit pour une nouvelle fois, sept ans après Le Cri du peuple.
Tout comme l’immeuble en lui-même et la salle auditorium sous la coupole blanche, le sous-sol du bâtiment imaginé par Oscar Niemeyer vaut le coup d’œil. L’espace tout en courbes et en pentes donne un aspect de terrier assez amusant, sauf pour Pierre-Marie Jamet, commissaire de l’exposition, qui a du se creuser la tête pour créer un circuit de visite pas trop labyrinthique, sans la muséographie du FIBD. À travers ce parcours zigzaguant, ce sont donc toutes les planches de Putain de Guerre !, de Jacques Tardi et Jean-Pierre Verney, qui sont présentées (l’exposition du Festival d’Angoulême contenait également les planches de C’était la guerre de tranchées). Le déroulé année après année est respecté, dressant le panorama de la grande boucherie en soulignant les facettes particulièrement absurdes, pathétiques, sordides du conflit.
L’intérêt d’avoir sous les yeux des planches originales est flagrant pour voir la qualité de l’encrage et du travail de la couleur. Comme à Angoulême, les pages encrées sont en vis à vis des pages coloriées et l’on peut examiner à loisir les modifications du dessinateur. À l’aide des couleurs, il recouvre l’encrage pour ici modifier un visage, là changer une attitude, là encore ajouter un détail. Le savoir-faire de l’artiste donne un rendu très propre, sans repentir. Les quelques reproductions grands formats qui ponctuent la visite résistent d’ailleurs parfaitement à l’agrandissement. Enfin, pour ceux qui voudraient s’immerger encore un peu plus dans la période, possibilité est offerte d’acheter le disque Des lendemains qui saignent, dans lequel Dominique Grange chante dix chansons pacifistes ou antimilitaristes de l’époque. Le concert organisé au cours du vernissage, très émouvant, attira sans surprise la foule. Courant juin, est prévue une séance de dédicace de Jacques Tardi qui risque fort de refaire le plein, comme aux grandes heures, place du Colonel Fabien.
(par Thierry Lemaire)
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Photos sans mention : (c) Thierry Lemaire
Espace Niemeyer
2, place du Colonel Fabien, Paris 19e
Du 15 mai au 28 juin 2014.
Entrée libre
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