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Tardi manifeste dans Libération en faveur de Cesare Battisti

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 7 avril 2004                      Lien  
Nous avions rapporté il n'y a pas si longtemps [les réactions->http://www.actuabd.com/breve.php3?id_breve=573] suscitées par l'emprisonnement et la demande d'extradition qui pèse sur l'ancien activiste italien Cesare Battisti, aujourd'hui écrivain réfugié en France en vertu d'une « doctrine Mitterrand » de 1985 accordant le droit d'asile à un certain nombre de réfugiés italiens.

Ces réactions émanaient notamment, ainsi que nous vous l’avions rapporté, d’intellectuels français issus du monde de la BD parmi lesquels figurent des gens comme Bilal, Bruno Heitz, Enrique Abuli, Jeanne Puchol, Les Éditions six Pieds sous Terre, Benoît Peeters, Étienne Davodeau, Morvandiau, Chantal Montellier, Anne Sibran, Jean-Luc Sala, Claude Laverdure, Jacques Ferrandez, Jean Annestay, Frank Giroud, Damour, Frédérique Pelletier, Olivier Delcroix, Boris Beuzelin, Ambre, Edouard Boyer, Didier Cromwell, Doug Headline, Philippe Druillet, Étienne Borgers, Claude Laverdure, José-Louis Bocquet, Yves Frémion, Christian Rullier, Martin Winckler...

C’est aujourd’hui Tardi qui fait un coup d’éclat en publiant dans Libération en date du mercredi 7 avril deux planches de BD dans une carte blanche intitulée : « Battisti se livre à Tardi ». « Le dessinateur Jacques Tardi, écrit Antoine de Gaudemar dans l’introduction de ces deux pages, fait partie de ceux, nombreux parmi les écrivains, artistes et intellectuels, qui s’opposent à la demande d’extradition qui pèse sur Cesare Battisti, et ce au nom de l’engagement pris par la France depuis 1985 d’accorder le droit d’asile à un certain nombre de réfugiés italiens à condition qu’ils rompent avec la logique des « années de plomb ». Tardi souhaitait s’exprimer, mais à sa manière. Au lieu d’un texte classique, c’est une courte bande dessinée qu’il a conçue, née d’un dialogue entamé depuis plusieurs semaines avec l’écrivain italien.  »

Tardi manifeste dans Libération en faveur de Cesare Battisti
Battisti par Tardi
Un manifeste contre la demande d’extradition diligentée par la justice italienne. DR.

La BD décrit un Battisti partagé entre les images que lui renvoient cette affaire -celles où il apparaît comme un monstre et celles où il est considéré comme un héros. Il est montré au milieu de sa famille, de supporters bien intentionnés mais impuissants, en train de dialoguer avec son éditeur italien, lui reprochant une traduction approximative, alors que l’ouvrage a été écrit en italien. Devant ce flot d’incompréhensions, il revient à la cause essentielle dans ce débat : celle d’un état qui revient sur ses promesses. Même si cette amnistie peut être mal comprise par l’opinion italienne, pour beaucoup ici, cette remise en cause de la parole donnée de la République est ressentie par une frange de la société comme la dérive politique d’un gouvernement de droite qui cherche à complaire à son homologue italien.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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5 Messages :
  • > Tardi manifeste dans Libération en faveur de Cesare Battisti
    23 juillet 2005 13:50, par Yvan FABREGUE

    Admirateur de Tardi dessinateur et chroniqueur, je n’en demeure pas moins stupéfait de son soutien à monsieur BATTISTI. Ce dernier est un criminel qui n’a pas hésité à faire tuer un être humain. Au nom de quel anathème ? Monsieur TARDI, malgré mon admiration, ne vous laissez pas aveugler par vos convictions politiques. Défendre une certaine idée de la gauche, c’est bien. Cautionner monsieur BATTISTI, c’est faire montre d’une céssité qui entâche votre jugement. Rien ne justifie jamais un homicide.
    Yvan FABREGUE.

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    • Répondu le 25 juillet 2005 à  20:13 :

      "Rien ne justifie jamais un homicide ?"
      - La Résistance ?
      - La Commune ?

      Allons, actuellement, à chaque seconde, on tue, on étripe, on dépèce, on désosse, partout dans le monde et bien souvent... pour le plaisir de tuer. Ce qui est "marrant", c’est qu’on parle de ce pauvre Battisti, en lui attribuant des tas de qualificatifs, alors que des grands assassins comme les militaires et gouvernants ne sont jamais inquiétés, alors que des crimes, des "homicices", ils en ont un sacré paquet sur la conscience.
      M’enfin !
      Comme chantait Brassens :
      "Mourir pour des idées, l’idée est excellente, moi j’ai failli mourir de ne l’avoir pas eue...
      "Mourir pour des idées, d’accord, mais de mort lente, mais de mort lente..."

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    • Répondu par LO le 25 juillet 2005 à  21:38 :

      Au regard de l’éthique (et de la justice française), rien ne justifie non plus qu’une personne n’ait pas droit à un jugement équitable. Renvoyer Battisti en Italie, c’est le laisser condamner à perpétuité sur des témoignages de repentis (qui grace à cela ont obtenu des remises de peines) et sans nouveau jugement. Difficle de cautionner ce genre de pratiques...

      Pour rester sur ce genre de problème en BD, je conseille la lecture d’Arrivederci Amore par Muuti, Carlotto et Crovi (Vents d’Ouest)

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      • Répondu le 26 juillet 2005 à  23:54 :

        Cesare Battisti a-t’il tenté d’assumer ses responsabilités d’une manière ou d’une autre avant de prendre la fuite ? Je connais très mal ce dossier, mais il me semble qu’il contient quelques incohérences : notamment le fait que Battisti ait été condamné pour avoir perpétré des crimes dans deux villes italiennes différentes, et ce à une heure d’intervalle...

        Fort de ces éléments, il me semble logique qu’il se constitue prisonnier, puis d’entamer une procédure à la cours européenne des droits de l’homme...

        Un procès équitable serait bénéfique pour toutes les parties (Surtout la famille des victimes)

        Ceci dit, c’est vrai qu’une parole donnée est sacrée. Chirac n’aurait pas du revenir sur la parole de Mitterand. Et ce même si Battisti n’a pas été un ange durant sa jeunesse...

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        • Répondu le 15 janvier 2006 à  03:08 :

          Cesare Battisti a toujours clamé son innocence, il a été condamné sur la seule foi de "repentis", qui ont obtenu une remise de peine en échange.
          Du reste, je ne sais pas s’il est coupable ou innocent, mais une chose est sûre, depuis les 20 ans qu’il vit en France, il s’est toujours tenu à carreau : pas de vols, pas de meurtre, rien.
          Ce n’est pas vraiment le portrait du criminel endurci.

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