Teddy Ted était "le" western de Pif, à une époque où tout magazine des jeunes qui se respecte, devait alterner une histoire de cow boy, un récit historique vaguement pédagogique, une saga de SF et des pages d’humour.
Producteur de comics au long cours et petit-fils de Louis Forton, le créateur des Pieds Nickelés, Gérald Forton est passé en permanence de la vieille Europe, où il vécut en Belgique dans les années cinquante, animant quelques-unes des grandes figures de l’Olympe de la BD belge classique d’aventure (Bob Morane, Kim Devil, Tiger Joe..) au nouveau monde où il dessina des comic-books pour les Majors (Spider-Man, Hulk, Captain America...)
Son attachement aux États-Unis, où il résida une grande partie de sa vie et où ce cavalier vit désormais au milieu de ses chevaux dans un ranch en Californie, n’a d’égal que son affection pour le Sud-Ouest où il monta naguère un ranch, organisant des randonnées équestres de monte "western" tout en livrant à Vaillant/Pif les pages de Teddy Ted, une série créée par Jacques Kamb (sc.) et Francisco Hidalgo (Dessins), puis reprise au scénario par Roger Lécureux, le fameux scénariste de Rahan, tandis que Gérald Forton lâche la reprise de Jacques Flash, pour dessiner ce western qui l’occupera onze ans durant (de 1964 à 1975).
Teddy Ted n’est pas un western crépusculaire à effets comme on en connut depuis l’apparition du western spaghetti, mais plutôt une aventure classique à la John Ford. On y retrouve tout le savoir-faire de Lécureux avec ses voix-off un peu sentencieuses et ses récits habilement menés à hauteur d’homme.
Si le tome 7, Quand les coyotes hurleront, évoque des sudistes factieux surnommés "les coyotes bleus" chez lesquels Teddy Ted jouera un brillant double jeu, avec le tome 8, Un Train pour l’enfer, nous sommes dans une "histoire ferroviaire" où le cow-boy crotté est confronté à un élégant bourgeois dans une confrontation qui tourne à la Lutte des classes.
En supplément, un hors-série de Teddy Ted, publiant un court récit, Solène, s’agrémente d’un copieux dossier sur Gérald Forton avec, à la clé, une intéressante interview menée par le timonier du plus ancien fanzine français encore en activité, Hop ! : Louis Cance (qu’il soit ici salué !) et un certain Bertrand Pissavy-Yvernault que nous avions retrouvé ces derniers jours sur une passionnante Histoire de Spirou.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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