La collection Sensei de Kana, de plus en plus étoffée, recèle d’authentiques trésors pour les lecteurs qui ont soif de classiques. Ce nouveau volume ne déroge pas à cette ligne. « Ma vie manga » débute par une touchante confession, celle d’un jeune garçon binoclard qui a beaucoup souffert des moqueries de ses camarades de classe.
Mais le petit Osamu doit surtout les prémices de sa vocation à sa mère. Dans sa prime enfance, elle lui fait la lecture et lui donne le goût de la bande dessinée. La collection de la famille Tezuka compte jusqu’à 200 volumes, ce qui est rare pour l’époque. Grâce à cette belle bibliothèque, les brimades des autres enfants cessent et Osamu Tezuka devient le centre de l’attention.
En grandissant, Osamu dessine sans arrêt, dévore de la pellicule, engloutit les films, qu’ils soient manga, de Mickey Mouse, de Buster Keaton ou de Charlie Chaplin… À l’école, son maître l’encourage à écrire. Il devient un brillant petit rédacteur qui prend un grand plaisir à inventer des histoires.
Plus tard, il manifeste un attrait pour les sciences, qui le pousse à entreprendre des études de médecine, en parallèle avec sa carrière naissante de mangaka. Là encore, sa mère est derrière lui quand il s’agit de trancher entre la médecine et le manga.
« Ma vie manga » contient également le récit de l’expérience de la guerre, matrice du pacifisme viscéral qui animera Tezuka pendant toute sa carrière (riche de milliers de planches et de dizaines de dessins animés).
Enfin, signalons que Tezuka revient sur son expérience dans le cinéma d’animation. Le volume se conclut par une chronologie succincte de la carrière du maître.
Le texte, rapporté de diverses conférences, est un peu décousu, mais on appréciera d’être au plus près de la mécanique de création d’Osamu Tezuka.
Un petit livre essentiel, qui sera peut-être pour les lecteurs de manga ce que les fameux entretiens de Numa Sadoul [1]ont été pour les lecteurs de bande dessinée : le partage d’une mémoire d’artiste qui donne l’envie gloutonne de se replonger dans son œuvre.
(par Morgan Di Salvia)
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